Vous êtes déjà monté dans le métro à l’heure de pointe, avec cette sensation que tout peut basculer en une seconde ? Moi oui. Et chaque fois que je lis une histoire comme celle qui s’est passée ce samedi 22 novembre dans le Queens, j’ai un frisson. Parce que là, on touche au plus banal et au plus terrifiant à la fois : un type qui demande simplement à un autre de baisser d’un ton au téléphone… et qui finit à l’hôpital avec une lame dans le bœuf.
C’est le genre d’histoire qui te fait te demander si la politesse est devenue un sport extrême dans certaines grandes villes. Allez, on plonge dans le détail, parce que derrière le fait divers brut, il y a tout un tas de questions qui nous concernent tous.
Quand une remarque anodine devient une question de vie ou de mort
Il est un peu plus de 11 heures du matin. Rien d’exceptionnel : une rame ordinaire, des gens fatigués qui rentrent du boulot ou font leurs courses du week-end. Un passager de 54 ans est assis. À côté, un autre homme parle fort au téléphone. Très fort. Le genre de conversation qui impose sa vie privée à tout le wagon.
Le quinquagénaire, agacé mais poli, se tourne vers lui et lâche un simple : « Tu pourrais parler moins fort, s’il te plaît ? »
Ce qui suit tient en quelques secondes : dispute, coups de poing au visage, puis l’agresseur sort un couteau et plante la lame dans l’abdomen de la victime. La porte s’ouvre à la station suivante. Il saute sur le quai et disparaît dans la foule. Fin de l’histoire ? Non. Début d’un sentiment d’insécurité qui colle à la peau.
Une violence qui ne surprend plus personne… et c’est bien ça le problème
La victime a été transportée d’urgence à l’hôpital. Son état est stable, c’est déjà ça. Mais franchement, quand on lit « état stable » après un coup de couteau pour une remarque de rien du tout, on se dit que quelque chose cloche sérieusement.
« Malheureusement, j’ai l’impression que ça arrive si souvent qu’on finit par s’y habituer »
– une adolescente interrogée sur place
Et c’est là que ça fait mal. Une gamine qui trouve ça presque normal. Un autre témoin, la trentaine, qui dit : « C’est complètement dingue, je n’aurais jamais imaginé ça possible. » Deux réactions, une même sidération… ou résignation.
J’ai vécu plusieurs années à New York. Je sais que le métro, c’est un monde à part. Il y a de la vie, de la musique, des prédicateurs, des danseurs, des gens qui dorment sur trois sièges… et parfois, oui, des éclats de violence totalement imprévisibles. Mais là, on atteint un niveau où même demander le calme devient risqué.
Le téléphone, nouveau détonateur social ?
On va être honnête deux minutes : qui n’a jamais pesté intérieurement contre le voisin qui hurle sa vie dans le bus ou le train ? Moi la première. Mais entre pester et sortir un couteau, il y a un océan.
Cet événement remet sur la table un phénomène qu’on observe partout : le téléphone portable est devenu une extension de nous-mêmes, et certains refusent catégoriquement qu’on leur dise quoi que ce soit à ce sujet. C’est leur bulle, leur espace, et malheur à celui qui la perce.
- Conversations intimes imposées à tout un wagon
- Musique sans écouteurs à fond
- Vidéos TikTok en boucle à 7h du matin
- Et maintenant… menace physique si on ose une remarque
On en rit jaune, mais le rire s’arrête net quand on réalise que c’est devenu un facteur réel d’agression.
Le métro new-yorkais, miroir d’une société sous tension
Le subway, c’est 472 stations, 5 millions de passagers par jour en moyenne. C’est aussi l’endroit où toutes les classes sociales, toutes les origines, toutes les fatigues et toutes les colères se croisent obligatoirement. Un formidable melting-pot… qui peut parfois exploser.
Ces dernières années, les chiffres de la criminalité dans le métro font régulièrement la une :
- Hausse des agressions physiques
- Présence accrue de personnes en grande détresse psychologique
- Sentiment d’impunité chez certains délinquants
- Effectifs policiers parfois jugés insuffisants
Et là, on ne parle même pas des grandes poussées de violence très médiatisées (je pense à certaines affaires qui ont choqué le pays entier). On parle d’un samedi matin banal qui tourne au cauchemar.
Et nous, en France, on est à l’abri ?
Soyons clairs : non. Qui n’a pas entendu parler des bagarres qui éclatent dans le RER pour un regard de trop ? Des coups de cutter dans le métro parisien pour une place assise ? On a nos propres histoires, et elles font tout aussi froid dans le dos.
La différence, peut-être, c’est qu’aux États-Unis, l’accès aux armes blanches est totalement libre et que la réponse pénale peut sembler plus aléatoire. Mais le mécanisme est le même : une goutte d’eau (un mot, un geste, un regard) qui fait déborder un vase déjà plein de frustrations accumulées.
Que faire quand la simple politesse devient dangereuse ?
La question est brutale, mais on est obligés de se la poser. Est-ce qu’on doit désormais se taire systématiquement ? Baisser les yeux ? Mettre des écouteurs antibruit et faire comme si tout allait bien ?
Certains diront qu’il vaut mieux éviter les ennuis. D’autres estiment qu’on ne doit pas céder un pouce de terrain aux comportements antisociaux. Moi, je n’ai pas de réponse toute faite. Juste une immense tristesse en pensant que demander un peu de calme puisse coûter la vie.
« Rien que d’entendre ça, c’est fou. »
– un passant d’une trentaine d’années
Et pourtant, c’est la réalité d’un nombre croissant de grandes villes. Pas seulement New York. Pas seulement les États-Unis.
Vers une banalisation de l’extrême ?
Ce qui me glace le plus, c’est cette phrase de l’adolescente : « On y est devenus insensibles. » Quand une gamine de 16 ou 17 ans dit ça, on a perdu quelque chose d’essentiel.
On s’habitue aux images choquantes, aux vidéos d’agression qui tournent en boucle, aux alertes sur les réseaux sociaux. On scroll, on secoue la tête, on passe à autre chose. Sauf que là, c’est un père de famille, un collègue, un voisin qui aurait pu être n’importe qui.
Et demain ? Demain, ce sera peut-être toi ou moi, juste parce qu’on aura osé dire « chut ».
En attendant que les autorités renforcent la présence policière, que les caméras soient plus efficaces, que les peines soient dissuasives… on fait quoi ? On continue à vivre, évidemment. Mais avec cette petite boule au ventre en plus quand la rame freine brutalement ou quand quelqu’un élève un peu trop la voix.
Prenez soin de vous dans les transports. Et si quelqu’un parle trop fort… peut-être que, finalement, le silence est la meilleure des réponses.
Triste, non ?
