Vous arrive-t-il parfois de vous dire que certains enfants naissent avec une bonne étoile vissée au-dessus de la tête ? Moi, oui. Et puis il y a des histoires qui vous font douter de tout, même de la chance.
Dimanche 23 novembre 2025, vers la fin d’après-midi, les habitants de l’allée Georges-Courteline à Orly entendent un bruit sourd. Un bébé de 11 mois vient de tomber du troisième étage. Il respire encore. Il hurle même. Les pompiers l’emmènent en urgence. Pronostic vital engagé, mais il est vivant. Déjà, c’est un miracle.
Mais ce qui transforme ce fait divers en quelque chose d’encore plus troublant, c’est ce que l’on apprend dans les heures qui suivent.
Un bébé déjà sauvé une première fois
Remontons le temps de neuf mois.
Le petit garçon n’a alors qu’un mois et demi. Un soir de mars, il fait brutalement un arrêt cardiorespiratoire à la maison. Les parents paniquent, le prennent dans leurs bras et foncent vers l’hôpital le plus proche. Sur la route, ils croisent une patrouille de police. Les agents prennent immédiatement le relais, pratiquent un massage cardiaque sur le siège arrière et parviennent à le ranimer. Le bébé est sauvé in extremis.
À l’époque, l’histoire fait le tour du quartier. On parle de réflexe incroyable des policiers, de parents chanceux, d’un petit guerrier. Personne n’imagine que ce même enfant sera, moins d’un an plus tard, au cœur d’un second drame.
Deux fois en onze mois, frôler la mort et s’en sortir… Statistiquement, c’est presque impossible.
Que s’est-il passé ce dimanche ?
Revenons à la chute.
D’après les premiers éléments, l’enfant se trouvait dans l’appartement familial avec sa mère et sa tante. La fenêtre du salon était ouverte – on est fin novembre, mais la journée était douce. Le bébé, qui commence à se déplacer à quatre pattes très activement, aurait grimpé sur le rebord ou sur un meuble proche de la fenêtre. Quelques secondes d’inattention, et le drame.
Il tombe de près de dix mètres. Atterrit sur le bitume. Les voisins accourent, certains en larmes, d’autres tétanisés. Pourtant, quand les secours arrivent, l’enfant est conscient. Il a de multiples fractures, un traumatisme crânien, mais il pleure. Il vit.
Transporté à l’hôpital Necker à Paris, son état reste sérieux mais stabilisé dès le lendemain. Les médecins parlent d’un « miracle médical ».
L’enquête qui change tout
Mais très vite, l’affaire prend une tournure judiciaire.
La mère, 24 ans, et la tante, qui gardait également l’enfant, sont placées en garde à vue dès le dimanche soir pour « soustraction à obligations parentales » et « mise en danger de la vie d’autrui ». Les enquêteurs veulent comprendre comment un bébé de cet âge a pu accéder seul à une fenêtre ouverte au troisième étage.
- Y avait-il une protection ou un système de sécurité sur la fenêtre ?
- L’enfant était-il laissé sans surveillance ?
- Pourquoi la fenêtre était-elle grande ouverte en plein mois de novembre ?
- Et surtout : le premier arrêt cardiaque de mars était-il vraiment accidentel ?
Cette dernière question, même si elle n’est pas officiellement posée, flotte dans toutes les conversations du quartier.
Parce que deux événements aussi graves sur le même enfant en moins d’un an, ça commence à faire beaucoup pour une simple « malchance ».
Les accidents domestiques chez les tout-petits : des chiffres qui font froid dans le dos
Chaque année en France, plus de 250 enfants de moins de 5 ans meurent d’un accident de la vie courante. Les chutes par la fenêtre représentent une part non négligeable, surtout l’été quand les fenêtres restent ouvertes.
Mais en novembre ? Avec un bébé qui ne marche même pas encore ? C’est beaucoup plus rare.
Les spécialistes de la petite enfance le répètent pourtant : à partir de 6-7 mois, un enfant devient capable de grimper partout. Un canapé trop près d’une fenêtre, un rebord bas, une chaise… et c’est la catastrophe.
Un bébé de 10-11 mois explore à une vitesse folle. En trois secondes, il peut être passé du sol au rebord d’une fenêtre si on lui en laisse la possibilité.
– Pédiatre urgentiste interrogé récemment
Le syndrome du bébé secoué en toile de fond ?
Ce qui rend l’histoire encore plus pesante, c’est que l’arrêt cardiaque de mars pourrait, avec du recul, poser question.
Chez un nourrisson, un arrêt cardiorespiratoire « inexpliqué » est souvent le signal d’alarme d’un possible syndrome du bébé secoué. Les secousses violentes peuvent provoquer des hémorragies cérébrales et un arrêt brutal du cœur ou de la respiration.
À l’époque, l’enquête médicale n’avait semble-t-il pas retenu cette hypothèse. Mais aujourd’hui, les policiers rouvrent forcément ce dossier. Tout va être réexaminé à la lumière des deux événements récents.
Un quartier sous le choc
Dans l’immeuble, on parle à voix basse. Certains voisins connaissaient la famille. « La maman est jeune, elle galère un peu, mais elle adore son fils », confie une dame âgée. D’autres sont plus durs : « Deux fois, c’est pas possible, il y a quelque chose qui cloche. »
Les rumeurs vont bon train. On parle de dépression post-partum, de disputes conjugales, de précarité. Rien n’est vérifié, mais le doute est installé.
Ce que l’on sait, c’est que les services sociaux étaient déjà intervenus après l’épisode de mars. Une mesure d’accompagnement avait été mise en place. Était-elle suffisante ? L’enquête le dira.
Et maintenant ?
Au moment où j’écris ces lignes, le petit garçon est toujours hospitalisé. Son état s’améliore doucement. Il a échappé deux fois à la mort. Peut-être la troisième sera-t-elle la bonne… dans le sens positif cette fois : celle d’une vie enfin protégée.
La mère et la tante sont toujours en garde à vue. La qualification pénale pourrait évoluer vers des faits beaucoup plus graves si l’enquête révèle des éléments de maltraitance ou de négligence caractérisée.
Ce qui est sûr, c’est que cette histoire nous renvoie tous à nos responsabilités. Une fenêtre ouverte, une seconde d’inattention, un passé médical trouble… Tout peut basculer en un instant.
Et parfois, la chance ne suffit plus à expliquer l’inexplicable.
Je ne sais pas vous, mais moi cette affaire me hante. Parce qu’au-delà du sensationnel, il y a un petit garçon qui se bat. Et deux événements qui, mis bout à bout, font froid dans le dos.
Prenez soin de vos enfants. Vraiment.
