Imaginez-vous en train de siroter votre cappuccino sur une terrasse vénitienne, et d’un seul coup… l’eau du Grand Canal devient vert fluo, comme dans un film de science-fiction un peu kitsch. C’est exactement ce qui est arrivé samedi dernier. Et au milieu de cette soupe fluorescente ? Greta Thunberg et une trentaine de militants déterminés.
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Franchement, on commence à être habitués aux coups d’éclat des activistes climatiques. Mais là, teindre l’un des plus beaux sites du patrimoine mondial, ça fait quand même réagir. Entre ceux qui crient au génie et ceux qui parlent de vandalisme, l’histoire a fait le tour du monde en quelques heures.
Un week-end qui a viré au vert vénitien
Tout part d’un sentiment partagé par beaucoup à la sortie de la COP30 au Brésil : une immense déception. L’accord final ? Pas de calendrier clair pour sortir des énergies fossiles. Autant dire que pour les militants, c’était la goutte d’eau (verte) qui a fait déborder le vase.
Du coup, opération coordonnée dans dix villes italiennes. Rome, Turin, Bologne, et évidemment Venise. Le produit utilisé ? De la fluorescéine, un colorant parfaitement inoffensif déjà employé par les spéléologues et les secours en mer. En quelques minutes, les canaux deviennent phosphorescents. Effet garanti.
À Venise, le spectacle est total. Une banderole géante « Stop à l’écocide » déployée sur le pont du Rialto, trente-sept personnes habillées en rouge sang, visages maquillés en blanc. Les touristes sortent leurs téléphones, les gondoliers pestent, les forces de l’ordre arrivent en nombre.
Ils disent vouloir protéger l’environnement, mais ils salissent nos villes et leur histoire.
Le président de la région Vénétie, très remonté sur les réseaux
Les sanctions n’ont pas traîné
48 heures d’interdiction de séjour à Venise pour tous les participants identifiés, dont Greta Thunberg elle-même, plus une amende symbolique de 150 euros. Autant dire une claque sur les doigts comparée à l’impact médiatique.
Mais soyons honnêtes : est-ce que quelqu’un pense vraiment que Greta va payer ces 150 euros en pleurant ? Non. L’objectif était atteint dès la première photo du canal vert publiée sur les réseaux. Mission accomplie.
La fluorescéine, vraiment inoffensive ?
On nous répète que oui. Utilisée depuis des décennies pour retrouver des grottes ou des naufragés, biodégradable, non toxique pour la faune et la flore. Scientifiquement, c’est vrai.
Mais il y a un « mais ». Quand tu déverses n’importe quoi – même de l’eau de Javel bio – dans un écosystème aussi fragile que la lagune vénitienne, tu joues à la roulette russe. Les autorités locales parlent de « geste irresponsable ». Et franchement, on peut les comprendre.
- La lagune est déjà en stress permanent (acqua alta, tourisme de masse, pollution)
- Les fonds sont souvent remués par les bateaux → remise en suspension possible de polluants
- Image désastreuse pour une ville qui vit à 90 % du tourisme
Après, entre nous, comparer ça à l’impact quotidien de milliers de paquebots de croisière qui vider leurs cuves dans l’Adriatique… il y a comme un léger deux poids, deux mesures.
L’histoire se répète… encore et encore
Ce n’est pas la première fois. En 2023, déjà, le Grand Canal avait pris une teinte fluo mystérieuse (on n’a jamais vraiment su qui). Et après la COP28, même scénario dans cinq villes italiennes.
On sent une escalade. Plus les sommets climatiques déçoivent, plus les actions deviennent spectaculaires. Soupe sur la vitre de La Joconde, peinture sur les vitrines de luxe, et maintenant les canaux historiques. Jusqu’où ira-t-on ?
J’ai personnellement un avis partagé. D’un côté, je comprends la rage. Quand tu vois que le monde reste à 80 % dépendant des fossiles en 2025… tu as envie de tout casser quelque chose. De l’autre, abîmer (même temporairement) le patrimoine commun pour faire passer un message, ça me met mal à l’aise.
Et la COP30 dans tout ça ?
Parce que c’est bien là le cœur du problème. L’action vénitienne n’est qu’un symptôme. La COP30 a accouché d’un texte que beaucoup qualifient de « trahison historique ». Pas d’engagement ferme de phase-out des pétrole, gaz et charbon. Juste des « on va essayer de faire mieux ».
Résultat ? Les petits États insulaires parlent de « sentence de mort ». Les ONG crient au sabotage. Et pendant ce temps, les grands pays émergents et les pétro-États se frottent les mains.
On nous vend un accord historique, mais on sort avec un texte plein de trous plus gros que les icebergs qui fondent.
Un négociateur d’un pays vulnérable, dépité
Venise, symbole parfait… ou pire choix possible ?
Choisir Venise, c’est à la fois malin et complètement contre-productif.
Malin, parce que la ville est l’emblème même de la vulnérabilité climatique : elle coule doucement mais sûrement avec la montée des eaux. Le parallèle est évident.
Contre-productif, parce que les Vénitiens en ont marre qu’on utilise leur ville comme décor de manifestation. Entre les paquebots bannis (trop tard), les barrières anti-touristes, et maintenant les canaux verts, ils ont l’impression d’être pris en otage par le reste du monde.
Un habitant m’a confié un jour : « On veut bien sauver la planète, mais laissez-nous vivre chez nous. » Difficile de lui donner tort.
Et maintenant ?
Greta et ses amis vont continuer. C’est certain. Les actions spectaculaires vont se multiplier tant que les gouvernements traîneront les pieds. La question est : est-ce que ça marche vraiment ?
Les études sont contradictoires. Certains disent que ces images choquent et font bouger l’opinion publique. D’autres affirment que ça radicalise les positions et fait passer les écolos pour des extrémistes.
Ce qui est sûr, c’est que le Grand Canal redeviendra bleu d’ici quelques jours. La fluorescéine se dilue vite. Mais l’image, elle, restera gravée longtemps. Et peut-être que c’est exactement ce qu’ils voulaient.
Alors, coup de génie ou pétard mouillé ? À vous de juger. Moi, je crois que le vrai scandale n’est pas dans l’eau verte de Venise. Il est dans les salles climatisées des COP où on continue à repousser l’inévitable.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Une action nécessaire pour réveiller les consciences ou un cap franchi de trop ? Dites-le moi en commentaire, je suis curieux de connaître votre avis.
