Franchement, combien de fois vous êtes-vous retrouvé devant le rayon biscuits ou charcuterie en vous disant : « Mais qu’est-ce que c’est que ce truc en E-machin-chose ? » Moi, presque à chaque course. Et plus les fêtes approchent, plus la panique monte : on veut régaler tout le monde sans empoisonner personne. Alors j’ai décidé de faire le point, vraiment, sur ce qu’il faut regarder quand on achète à manger.
On n’est plus en 1990 : notre assiette est devenue un champ de mines chimique
Entre les alertes sur les PFAS que l’on retrouve même dans les œufs de poules élevées en plein air, les nitrites dans le jambon qui font toujours débat, et les résidus de pesticides qui s’accrochent aux pommes comme des koalas, on a de quoi devenir parano. Et pourtant, pas besoin de tout acheter en magasin bio hors de prix pour limiter la casse. Il suffit de savoir lire entre les lignes… et parfois carrément retourner le paquet.
Les additifs : tous les E ne se valent pas
Premier réflexe quand je prends un produit transformé : je regarde la liste d’ingrédients. Si elle fait plus de dix lignes et ressemble à une recette de potion magique, je repose. Les additifs commencent tous par « E » suivi d’un numéro, mais certains sont inoffensifs, d’autres franchement suspects.
Par exemple, le E300 c’est juste de la vitamine C. Rien à signaler. Par contre, dès qu’on tombe sur des E621 (glutamate), E250 (nitrite de sodium) ou E320 (BHA, antioxydant controversé), je passe mon chemin. Et je ne parle même pas des colorants type E102, E104, E110… que certains pays ont déjà interdits pour les enfants.
- À fuir absolument : E250, E251, E252 (nitrites/nitrates dans la charcuterie)
- À limiter : E621, E635 (exhausteurs de goût)
- À surveiller : E407 (carraghénanes), E433-E436 (polyoxyéthylènes sorbitanes)
- Inoffensifs la plupart du temps : E300, E306-E309 (vitamine E), E330 (acide citrique)
Petite astuce qui m’a changé la vie : l’application Yuka ou Open Food Facts. Vous scannez, et en deux secondes vous savez si le paquet est rouge vif ou vert pomme. Oui, c’est pratique, mais apprendre à lire soi-même reste le Graal.
Pesticides : le bio n’est plus une garantie absolue, mais ça reste le meilleur pari
On nous a vendu le bio comme le saint Graal il y a vingt ans. Aujourd’hui, on découvre que même certains produits bio contiennent des traces de pesticides (transport, voisinage de champs conventionnels, fraude…). Déprimant ? Un peu. Inquiétant ? Pas tant que ça.
En réalité, les seuils autorisés en bio sont jusqu’à 50 fois plus bas qu’en conventionnel. Et surtout, les substances les plus toxiques (genre glyphosate dans certains pays) sont interdites. Donc oui, le logo AB ou feuille européenne reste votre meilleur ami.
« Le bio réduit en moyenne de 80 à 90 % l’exposition aux pesticides de synthèse. Ce n’est pas parfait, mais c’est énorme. »
– Toxicologue spécialisé en alimentation
Mon combo gagnant perso : produits bio + de saison + locaux quand c’est possible. Parce qu’une tomate bio espagnole cultivée sous serre chauffée en hiver, c’est bien… mais une tomate de plein champ d’un maraîcher à 30 km, c’est encore mieux.
Les polluants éternels (PFAS) : le nouveau cauchemar dont personne ne parle assez
Si vous n’avez jamais entendu parler des PFAS, préparez-vous. Ces composés perfluorés sont utilisés partout : poêles antiadhésives, emballages alimentaires, vêtements imperméables… et ils finissent dans l’eau, le sol, puis dans nos assiettes. Le pire ? Ils ne se dégradent jamais. D’où le surnom « polluants éternels ».
Récemment, on les a retrouvés dans les œufs, le poisson, les fruits et légumes irrigués avec de l’eau contaminée… Même en bio. La seule solution pour l’instant : diversifier les sources et privilégier les produits les moins transformés possible.
- Poisson sauvage plutôt que d’élevage (moins de PFAS accumulés)
- Œufs de poules élevées en plein air chez un petit producteur (moins de risque que les gros élevages)
- Légumes lavés soigneusement + épluchés quand c’est possible
- Exit les emballages carton « anti-graisse » (type boîte de pizza)
Métaux lourds : le chocolat, les céréales et le riz sous surveillance
Autre sujet qui m’a fait tomber de ma chaise : le cadmium dans le cacao. Une barre de chocolat noir de 100 g peut contenir jusqu’à la dose hebdomadaire maximale recommandée pour un enfant. Pareil pour le plomb dans certains cacaos d’Amérique latine.
Du coup, je varie les plaisirs : une fois chocolat noir intense, une fois au lait, une fois une poignée de noisettes. Et je choisis des marques qui communiquent sur leurs tests (il y en a de plus en plus).
| Aliment | Métal lourd principal | Astuce pratique |
| Chocolat noir >70% | Cadmium | Alterner avec chocolat au lait ou blanc |
| Riz (surtout basmati) | Arsenic inorganique | Rincer abondamment + cuire à l’étuvée |
| Poissons prédateurs (thon, espadon) | Mercure | Max 1 fois/semaine, privilégier sardine/maquereau |
| Algues (spiruline, chlorella) | Plomb, cadmium | Choisir marques analysées (certificat d’analyse) |
Les labels : lesquels valent vraiment le coup ?
Entre « élevé sans antibiotique », « sans nitrite ajouté », « alimentation sans OGM », on s’y perd. Voici mon classement perso, du plus fiable au plus marketing :
- AB + Eurofeuille (bio européen) → le top
- Label Rouge → souvent excellent (surtout volaille, charcuterie)
- Nature & Progrès → plus exigeant que le bio officiel
- Demeter/Bio Cohérence → biodynamie, très strict
- Bleu Blanc Cœur → intéressant pour les oméga-3
- « Sans nitrite ajouté » → attention, parfois remplacé par des céleris concentrés (même effet)
Et le « fabriqué en France » ? Sympa, mais ça ne dit rien sur la qualité des ingrédients. Un biscuit « made in France » peut très bien contenir de l’huile de palme indonésienne.
Courses de Noël : mes stratégies anti-cadeau empoisonné
À un mois de Noël, on va tous craquer sur le saumon fumé, le foie gras, les chocolats, les biscuits apéro… Voici comment limiter les dégâts sans jouer les rabat-joie :
- Saumon fumé → sauvage ou label ASC (pas d’antibio)
- Foie gras → IGP Sud-Ouest ou Label Rouge, jamais premier prix
- Chocolats → marques qui affichent leurs analyses métaux lourds
- Bûche glacée → vérifier qu’il n’y a pas 15 additifs dans la crème anglaise
- Champagne → peu de sulfites si c’est un bon vigneron
Et surtout, on se lâche sur la qualité plutôt que la quantité. Mieux vaut une petite tranche de vrai bon jambon ibérique que 500 g de jambon premier prix bourré de nitrites.
Le mot de la fin : on ne sera jamais à 100 % safe, mais à 80 % c’est déjà énorme
Je ne vais pas vous mentir : on ne pourra jamais tout contrôler. Il y aura toujours un polluant surprise, une étude qui sort du chapeau, une fraude. Mais en appliquant ces quelques réflexes, on diminue déjà très fortement l’exposition. Et surtout, on reprend la main.
Moi, depuis que je fais attention (sans devenir orthorexique non plus), je me sens mieux, mes enfants aussi, et même mon porte-monnaie ne s’en sort pas si mal. Parce qu’acheter moins mais mieux, au final, ça revient souvent au même prix.
Alors la prochaine fois que vous serez devant les rayons, prenez trente secondes de plus. Retournez le paquet. Lisez. Et choisissez en connaissance de cause. Votre corps vous dira merci. Et vos proches aussi.
