Il y a des nouvelles qui vous tombent dessus comme une douche froide, même quand on habite à des milliers de kilomètres. Samedi dernier, en pleine nuit californienne, une jeune femme de 22 ans a été fauchée en quelques secondes. Elle s’appelait Maria De La Rosa, mais tout le monde la connaissait sous son nom de scène : Delarosa. Une voix, un visage, une énergie qui commençait à faire sérieusement parler d’elle dans le milieu de la musique latine urbaine. Et puis plus rien.
Je scrollais tranquillement mes réseaux quand la notification est arrivée. Un nom que je suivais vaguement, des stories pleines de soleil et de beats entraînants, et soudain des captures d’écran de communiqués de police. Ça fait bizarre. Vraiment bizarre.
Une nuit qui bascule à Northridge
Il était un peu plus d’une heure du matin, dans le quartier de Northridge, au nord-ouest de Los Angeles. Une zone résidentielle plutôt calme, loin des clichés de South Central qu’on nous ressert tout le temps. Une voiture stationnée, trois personnes à l’intérieur. Deux silhouettes s’approchent. Et puis le bruit. Sec, répétitif, implacable.
Les témoins ont d’abord cru à des pétards. Ensuite, les cris. Quand les secours arrivent, c’est déjà le chaos. Delarosa est touchée à plusieurs reprises. Ses deux accompagnateurs aussi. Direction l’hôpital en urgence. Mais pour elle, il est déjà trop tard.
« Une embuscade ciblée », ont rapidement conclu les enquêteurs. Deux hommes, armes automatiques, aucune hésitation.
Les deux autres victimes, elles, luttent encore entre la vie et la mort. On ne connaît pas leur identité pour l’instant, la police reste discrète. Et c’est peut-être ce silence qui rend l’affaire encore plus lourde.
Qui était vraiment Delarosa ?
Derrière le pseudo, il y avait Maria. 22 ans à peine, un sourire qui remplissait l’écran, une voix rauque et sensuelle qui collait parfaitement aux prods trap-latino du moment. Son titre No Me Llames, sorti en août dernier, tournait en boucle sur pas mal de playlists. Pas encore un carton planétaire, mais clairement le début de quelque chose.
Sur ses réseaux, près de 50 000 abonnés la suivaient dans ses voyages : Miami, Mexico, Dubaï parfois. Tenues impeccables, voitures de location hors de prix, hôtels avec vue sur l’océan. Le rêve américain version 2.0, celui qu’on vend aux gamins qui grandissent dans des quartiers où sortir du lot relève souvent du miracle.
Elle parlait peu de son passé, mais on sentait la détermination. Ces filles-là, on les reconnait. Elles ont grandi avec la musique comme bouée de sauvetage et les réseaux comme tremplin. Delarosa incarnait ça à la perfection.
Une violence qui ne prend jamais de pause
Los Angeles, c’est la ville des rêves, oui. Mais c’est aussi une ville où la violence reste terriblement banale dans certains cercles. On pense immédiatement aux règlements de comptes, aux histoires de territoires, d’argent, de jalousie. Quand on commence à percer dans la musique urbaine, surtout quand on vient de certains milieux, les vieux démons ont parfois du mal à lâcher prise.
Est-ce que c’était ciblé ? Probablement. Est-ce que ça concerne son succès naissant, ses fréquentations, une histoire plus ancienne ? L’enquête le dira. Ou pas. Trop souvent, ces affaires finissent dans les cartons sans suite. Et c’est ça qui révolte.
- Deux suspects en fuite
- Aucune arrestation à ce jour
- Mobile officiellement inconnu
- Armes semi-automatiques utilisées
- Trois victimes au total
Des éléments qui rappellent malheureusement d’autres drames récents dans le milieu du rap et de la trap latine. On se souvient de tous ces jeunes talents fauchés avant même d’avoir atteint le sommet.
Le choc sur les réseaux et dans la communauté
Dès l’annonce, les hommages ont déferlé. Stories noir et blanc, bougies, extraits de No Me Llames en boucle. Des collègues artistes, des fans, des inconnus. Tout le monde y allait de son message. « Repose en paix reine », « Trop jeune », « Le monde est injuste ».
« Elle représentait l’espoir pour toute une génération de nanas qui veulent percer sans vendre leur âme. »
– Une influenceuse proche du milieu musical latino
Et puis il y a les questions qui dérangent. Celles qu’on n’ose pas toujours poser publiquement. Le train de vie affiché, les cercles fréquentés, la frontière parfois floue entre image et réalité quand on grimpe vite. Je ne juge pas. Je constate simplement que le succès, surtout quand il arrive brutalement, attire aussi son lot de parasites.
Une génération sous pression
Ce qui frappe, c’est l’âge. 22 ans. À cet âge-là, on devrait être en train de préparer son premier album, pas son enterrement. On parle beaucoup de la pression psychologique des réseaux sociaux, du harcèlement, de la santé mentale. Mais il y a aussi cette violence bien réelle qui rôde autour de certains parcours.
Delarosa n’est pas la première, et malheureusement pas la dernière. On pense à XXXTentacion, à PnB Rock, à tous ces noms qui ont marqué une génération avant de partir beaucoup trop tôt. La musique comme échappatoire, et parfois comme piège.
Ce drame remet sur la table une question qu’on évite souvent : jusqu’où le succès dans certains milieux expose-t-il à des risques mortels ? Et surtout, que fait-on pour protéger ces jeunes qui représentent l’avenir de toute une culture ?
Et maintenant ?
L’enquête continue. Les policiers lancent des appels à témoins. Les caméras de vidéosurveillance sont analysées. Peut-être qu’un jour on saura exactement ce qui s’est passé cette nuit-là à Northridge. Peut-être pas.
En attendant, il reste une voix qui ne chantera plus, une famille brisée, des amis sous le choc. Et des milliers de jeunes qui regardent ça et se demandent si leur rêve vaut vraiment le prix.
Delarosa voulait conquérir le monde avec sa musique. Elle avait commencé. Elle n’ira pas plus loin. Et quelque part, c’est toute une génération qui prend une claque en pleine figure.
Repose en paix, Maria.
(Article mis à jour le 25 novembre 2025 – l’enquête est toujours en cours)
