Vous êtes-vous déjà demandé jusqu’où pouvait aller l’art de voyager « trop » confortablement ? Moi oui, surtout quand je vois des familles entières débarquer en survêtement intégral, chaussons fourrés compris, comme s’ils partaient pour une soirée Netflix plutôt que pour un vol de six heures.
Cette semaine, aux États-Unis, la question a pris une tournure officielle, presque comique si elle n’était pas aussi sérieuse. Le secrétaire aux Transports a carrément lancé une campagne pour demander aux voyageurs de « s’habiller avec respect » dans les avions. Et devinez quoi ? Les pyjamas sont dans le collimateur.
Quand le gouvernement américain s’invite dans votre valise
Imaginez la scène. Nous sommes à quelques jours de Thanksgiving, le week-end le plus chargé de l’année dans les aéroports américains. Des millions de personnes prennent l’avion pour rejoindre leur famille. Et là, au milieu du chaos habituel, une vidéo officielle sort : « L’âge d’or du voyage commence avec vous ».
Le message ? Soyez gentils, aidez les personnes âgées à ranger leurs bagages, souriez… et surtout, ne venez pas en pyjama. Oui, vous avez bien lu. Le département des Transports a jugé bon de rappeler qu’un aéroport n’est pas un dortoir.
Franchement, sur le moment, j’ai cru à une blague. Puis j’ai vu la tête sérieuse du secrétaire, et j’ai compris que non, c’était bien réel.
Pourquoi maintenant ? Le timing est… discutable
Reprenons un peu de contexte, parce que là, c’est important.
Le pays sort à peine d’un shutdown gouvernemental qui a duré quarante-trois jours. Pendant cette période, des milliers de contrôleurs aériens n’ont pas été payés. Résultat ? Des vols annulés en cascade, des compagnies au bord de la crise de nerfs, des passagers bloqués parfois pendant des jours.
Et c’est précisément à ce moment-là que le ministère choisit de lancer sa grande croisade contre… les chaussons.
« Habillez-vous de manière respectueuse. Utilisez “s’il vous plaît” et “merci”. Portez des pantalons. »
– Le message officiel, en substance
Autant dire que la réaction ne s’est pas fait attendre. Sur les réseaux, c’est l’explosion. Entre ceux qui hurlent au retour du puritanisme et ceux qui applaudissent enfin quelqu’un qui ose le dire, le débat est lancé.
Le pyjama : nouveau symbole de décadence ou simple quête de confort ?
Avouons-le : porter un pyjama en avion, c’est devenu banal. Surtout sur les longs-courriers. Qui n’a jamais envié ce passager qui s’endort paisiblement en pilou-pilou pendant que vous essayez de trouver une position à peu près humaine en jean slim ? Moi la première.
Mais il y a une différence entre un jogging discret et un ensemble « Bisounours » avec chaussons à pompons. C’est là que le bât blesse.
- Le jogging gris anonyme → acceptable pour beaucoup
- Le pyjama à carreaux avec bonnet de nuit → là, on franchit une ligne
- Les chaussons peluche qui font « pouet pouet » dans l’allée → le summum du débat
Le fond du problème, ce n’est pas tant le confort. C’est la perception collective. Quand on partage un espace confiné pendant des heures, notre apparence envoie un message. Volontaire ou non.
Et la liberté individuelle dans tout ça ?
Évidemment, la grande question qui revient sans cesse : est-ce que l’État a vraiment son mot à dire sur ma tenue dans un avion ?
D’un côté, les compagnies aériennes ont bien des dress codes dans leurs conditions générales – souvent oubliés, rarement appliqués. De l’autre, on parle d’un service public (les aéroports) et d’un espace semi-public (la cabine). Le débat est loin d’être tranché.
Ce qui est sûr, c’est que cette sortie arrive dans un contexte où les tensions sont déjà à vif. Entre retards, annulations et prix exorbitants, les voyageurs n’avaient peut-être pas besoin d’un sermon sur leur garde-robe.
Ce que ça dit vraiment de la société américaine
Derrière l’anecdote vestimentaire, il y a quelque chose de plus profond. Une forme de nostalgie d’un âge d’or du voyage aérien qui n’a peut-être jamais vraiment existé tel qu’on l’imagine.
Dans les années 50-60, prendre l’avion était un événement. On sortait le costume, la robe, les gants. Aujourd’hui, c’est devenu un bus avec des ailes. Plus accessible, certes. Mais aussi plus… débraillé.
Cette campagne, même si elle prête à rire, tente de remettre un peu de sacré dans une expérience qui s’est banalisée. Quitte à passer pour ringard.
Et nous, en Europe ? On en pense quoi ?
Chez nous, on voit aussi de plus en plus de tenues ultra-décontractées dans les avions. Mais la réaction serait probablement différente. En France, on aurait plutôt tendance à se moquer gentiment qu’à sortir une vidéo officielle.
Cela dit, je me souviens d’un vol Paris-New York où une dame en peignoir et bigoudis (si, si) s’est fait refuser l’embarquement en business. La scène avait fait le tour de la cabine. Preuve que même sans campagne gouvernementale, il existe des limites implicites.
Vers un vrai dress code aérien mondial ? Peu probable
Soyons réalistes : interdire formellement les pyjamas, c’est mission impossible. Trop de variables culturelles, trop de situations (vol de nuit, enfants en bas âge, etc.).
Par contre, cette polémique a au moins le mérite de relancer le débat sur le vivre-ensemble dans les espaces confinés. Et ça, ce n’est pas rien.
Parce qu’au fond, est-ce qu’on demande vraiment la lune en espérant un minimum de considération mutuelle quand on voyage à plusieurs centaines dans une boîte en aluminium à 10 000 mètres d’altitude ?
Conclusion : entre ridicule et nécessité
Cette histoire de pyjama en avion, aussi farfelue qu’elle puisse paraître, révèle une fatigue plus large. Celle d’une société qui cherche à retrouver des repères de civilité dans un monde où tout va vite, trop vite.
Alors oui, on peut rire. Moi le premier.
Mais la prochaine fois que vous prendrez l’avion, peut-être que vous hésiterez une seconde avant d’enfiler votre combinaison licorne. Ou pas. Après tout, le confort reste roi.
Et vous, vous en pensez quoi ? Pyjama assumé ou retour du costume-cravate en classe éco ? Le débat est ouvert.
(Et quelque part, je parie que dans dix ans, on regardera cette polémique avec la même tendresse qu’on regarde aujourd’hui les pubs pour fumeurs dans les avions des années 70.)
