Il y a des nouvelles qu’on préférerait ne jamais lire. Des nouvelles qui vous prennent à la gorge dès le premier mot et qui, même des heures après, continuent de peser sur la poitrine. Ce lundi 24 novembre 2025, dans une petite école maternelle de Poissy, dans les Yvelines, un enfant de trois ans est décédé des suites d’une crise d’asthme. Un drame aussi brutal qu’incompréhensible pour tout le monde.
Je ne sais pas vous, mais moi, quand j’entends parler d’asthme chez un si petit, j’ai toujours cette image d’une maladie qu’on “contrôle”. Un peu de Ventoline, un plan d’action, et ça va. Sauf que parfois, non. Parfois, ça ne va pas du tout. Et ce jour-là, à l’école Foch du quartier de la Charmille, ça n’est vraiment pas allé.
Un matin qui bascule en quelques minutes
Il était à peine 9 h 30. Les tout-petits étaient en pleine séance de motricité, ce moment joyeux où on court, on saute, on rit. Le petit garçon jouait avec les autres quand, soudain, il s’est effondré. Les adultes présents ont immédiatement réagi – alerte, appel aux pompiers, gestes de premiers secours. Le Samu est arrivé très vite. Trop tard, malheureusement.
Le décès a été prononcé peu après 11 heures. Un arrêt cardiorespiratoire consécutif à une crise d’asthme sévère. Le genre de phrase qu’on lit dans les rapports médicaux, mais qui, quand elle concerne un enfant de trois ans, devient tout simplement insoutenable.
L’école sous le choc, une cellule psychologique déployée
Dès l’annonce, une cellule d’urgence médico-psychologique a été ouverte dans l’établissement. Une centaine d’enfants, des enseignants bouleversés, des Atsem en larmes… Il a fallu tout gérer en même temps : protéger les petits qui, à cet âge, ne comprennent pas vraiment la mort, et accompagner les adultes qui, eux, comprennent trop bien.
« Tout le monde est sous le choc. Vraiment, je ne comprends pas… Je les ai vus ce matin, je leur ai dit bonjour comme d’habitude. C’était un jour normal. »
– Une maman du quartier, encore incrédule à la sortie d’école
Ce témoignage, comme tant d’autres recueillis ce jour-là, dit tout de la violence de l’événement. On connaît les enfants, on connaît les parents, on se croise tous les matins. Et d’un seul coup, plus rien n’est normal.
Une ville entière en deuil
La maire de Poissy s’est rendue sur place dès les premières heures. Dans un communiqué, elle a parlé d’une « profonde tristesse » et d’une ville « en deuil ». Des mots forts, mais justes. Quand un enfant meurt dans une école, c’est toute une communauté qui vacille.
« Nos pensées accompagnent en premier lieu la famille et les proches de l’enfant, qui peuvent compter sur le soutien entier de la collectivité. »
Le député de la circonscription a lui aussi exprimé sa douleur, parlant d’un « petit ange » et d’une « tristesse indicible ». Au-delà des étiquettes politiques, il y a parfois des moments où plus rien ne compte que l’humain.
L’asthme infantile, une maladie qu’on croit toujours “sous contrôle”
On le répète souvent : l’asthme est la maladie chronique la plus fréquente chez l’enfant. En France, on estime qu’un enfant sur dix est concerné. La plupart du temps, ça se gère. Mais il existe ce qu’on appelle les crises fatales ou near-fatal asthma, extrêmement rares, mais réelles.
Dans ces cas-là, tout peut basculer en quelques minutes. L’inflammation des bronches devient massive, l’air ne passe plus, l’oxygénation chute brutalement. Même avec une prise en charge ultra-rapide, le pronostic peut être engagé. C’est ce qui semble s’être produit ce jour-là.
- Une crise qui survient souvent sans signe avant-coureur très marqué
- Une réponse parfois insuffisante aux traitements habituels
- Un risque multiplié en cas d’exposition à un déclencheur (effort, froid, infection virale…)
- Une fenêtre d’intervention très courte pour les secours
Et pourtant, dans 99,9 % des cas, ça se passe bien. Mais ce 0,1 % existe. Et quand il frappe, il frappe là où on protège le plus : à l’école maternelle, entouré d’adultes formés, à quelques minutes d’un centre hospitalier.
Comment protéger nos enfants quand le danger est invisible ?
La question qui revient sans cesse depuis ce drame : aurait-on pu faire quelque chose ? Était-ce évitable ? La réponse honnête : on ne le saura probablement jamais complètement. Une enquête est en cours, comme toujours dans ce genre de situation.
Mais au-delà du cas particulier, cet événement remet sur la table des sujets cruciaux :
- La formation des personnels scolaires aux urgences vitales (beaucoup sont formés, mais est-ce suffisant ?)
- La gestion des PAI (projets d’accueil individualisés) pour les enfants à risque
- La présence systématique d’adrénaline ou d’équipements spécifiques dans les écoles ?
- La communication entre parents, médecins et équipe éducative
Je ne suis pas là pour juger – Dieu sait que les enseignants et les Atsem font déjà un travail colossal – mais pour poser la question : fait-on vraiment tout ce qu’il faudrait ?
Et les autres enfants dans tout ça ?
Ce qui m’a particulièrement touché, ce sont les témoignages sur la façon dont les petits camarades ont été protégés. À trois ans, on ne comprend pas la mort. On voit juste que les adultes pleurent et que quelque chose ne va pas.
Les enseignants ont fait un travail remarquable : activités maintenues, enfants tenus à l’écart du drame, explication prévue le lendemain « avec des mots d’enfants ». Parce qu’à cet âge, il faut préserver l’innocence le plus longtemps possible.
« Ils ne sont pas au courant, ils ont été ultra épargnés. Les professeurs sont magnifiques ici, ils font tout ce qu’ils peuvent. »
– Une autre maman, émue par le professionnalisme de l’équipe
Un drame qui nous concerne tous
Ce qui s’est passé à Poissy aurait pu arriver n’importe où. Dans n’importe quelle école maternelle de France. C’est ça le plus terrifiant. On envoie nos enfants le matin en leur disant « amuse-toi bien », et on ne sait jamais vraiment ce qui peut se passer.
Aujourd’hui, une famille est brisée. Une école est en deuil. Une ville entière retient son souffle. Et quelque part, des milliers de parents se demandent, le cœur serré : « Et si c’était le mien ? »
Il n’y a pas de conclusion heureuse à ce genre d’histoire. Juste l’espoir que ce drame, aussi insupportable soit-il, puisse permettre d’améliorer un peu les choses. Pour que plus jamais une crise d’asthme n’emporte un enfant de trois ans un matin de novembre.
Repose en paix, petit ange.
Cet article a été rédigé avec le plus grand respect pour la famille et la communauté touchée par ce drame. Toutes mes pensées les accompagnent.
