Il y a des moments où l’on sent que quelque chose est en train de changer vraiment. Pas juste un discours de rentrée, pas une simple communication bien rodée. Non, une vraie bascule. Hier, au Campus PSG, à l’occasion des 50 ans du centre de formation, on a assisté à ça : une forme de déclaration d’amour aux gamins du cru, portée par l’homme qui décide vraiment dans l’ombre depuis trois ans.
Luis Campos ne parle jamais pour ne rien dire. Quand il prend la parole, c’est pesé. Et là, devant soixante journalistes et influenceurs, il a lâché l’idée qui trotte dans sa tête depuis longtemps : construire, petit à petit, une équipe plus parisienne. Pas demain matin, bien sûr. Mais dans la durée.
Le rêve d’un PSG enfin ancré dans son terroir
On a tellement vu le club de la capitale dépenser sans compter qu’on avait presque oublié qu’un autre chemin existait. Depuis l’arrivée de QSI, le PSG a souvent fonctionné comme un supermarché de luxe : on prend les plus beaux produits du rayon stars, on paye cash, et on recommence l’année suivante. Résultat ? Des effectifs parfois brillants, mais rarement cohérents sur la longueur. Et surtout, une identité qui restait à trouver.
Campos, lui, arrive avec une philosophie différente. Le Portugais a vu trop de clubs exploser après avoir trop dépensé. Il sait que le fair-play financier n’est plus une menace en l’air. Et surtout, il croit dur comme fer que les meilleurs joueurs ne sont pas toujours ceux qui coûtent le plus cher.
« Ce n’est pas parce qu’on va beaucoup au supermarché qu’on est un bon cuisinier. »
Luis Campos, avec son accent chantant et son sourire en coin
Cette phrase, il l’a répétée plusieurs fois. Et franchement, elle résume tout. Le PSG va continuer à regarder les grandes opportunités – personne n’est naïf – mais l’idée est claire : moins de risques fous, plus de confiance aux gamins formés au club.
Les chiffres qui donnent le sourire
Regardez déjà ce qui se passe cette saison. Côté garçons, cinq joueurs issus du centre trustent régulièrement le groupe pro :
- Warren Zaïre-Emery (18 ans, déjà incontournable)
- Senny Mayulu (18 ans, titulaire surprise à plusieurs reprises)
- Elyaz Kamara, Ibrahim Mbaye, Mahamadou Ndjantou…
Côté féminines, c’est encore plus impressionnant : huit joueuses du cru dans le groupe élite. Huit. Quand on sait le niveau de la D1 Arkema et de la Ligue des champions féminine, c’est énorme.
Et le plus beau, c’est que ça ne date pas d’hier. L’an dernier déjà, Zaïre-Emery explosait. Cette année, Mayulu et les autres prennent le relais. La passerelle entre le centre et l’équipe première n’a jamais été aussi solide.
Luis Enrique, le meilleur allié des Titis
On ne va pas se mentir : sans Luis Enrique, cette dynamique n’aurait jamais pris une telle ampleur. L’Espagnol est obsédé par l’intensité, le pressing, le jeu rapide. Et qui mieux que les jeunes, élevés dans ces principes depuis l’âge de 12 ans, pour répondre à ces exigences ?
Campos a raconté une anecdote savoureuse. En décembre 2024, il a organisé une réunion entre Luis Enrique et tous les éducateurs du centre. Trois heures d’échange. Le coach a expliqué son football, avec et sans ballon. Les éducateurs ont bu les paroles. Résultat ? Les gamins qui montent sont déjà formatés pour le très haut niveau.
Et la suite est déjà programmée : bientôt, ce seront les éducateurs qui viendront expliquer leur vision aux pros. Un vrai dialogue. Ça, c’est du jamais-vu au PSG.
L’histoire de Ndjantou, symbole de la nouvelle politique
Prenez Quentin Ndjantou. Le gamin a 18 ans, il sort d’une saison pourrie avec une grosse blessure. Fin 2024, certains au club se posaient la question : on garde ou pas ? C’est Yohan Cabaye, directeur du centre, qui a tapé du poing sur la table. « Attendez, regardez ce qu’il faisait il y a deux ans. Donnons-lui sa chance. »
Contrat pro signé. Quelques mois plus tard, il fait ses débuts en Ligue 1 contre Auxerre. Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire qu’il a un potentiel énorme. Cette histoire, Campos l’adore. Parce qu’elle résume tout : confiance, patience, et un peu de culot.
Et maintenant, comment faire grandir ces jeunes ?
Le gros sujet, c’est la post-formation. Depuis la suppression de l’équipe réserve en 2019, les gamins qui ne sont pas encore prêts pour la Ligue 1 se retrouvent souvent coincés. Prêt dans un club de National ? Pas toujours idéal. Rester à s’entraîner avec les U19 ? Pas assez compétitif.
Campos a été clair : la réserve ne reviendra pas. En revanche, l’idée d’un club satellite est bel et bien sur la table. Un club partenaire, possédé en partie ou totalement par le PSG, où les jeunes de 19-22 ans pourraient jouer chaque week-end à un niveau pro. Braga pour Benfica, Manchester City avec le Girona… les exemples existent.
Rien n’est acté, mais l’idée fait son chemin. Et franchement, ça changerait tout.
Vers un modèle plus durable (et plus français ?)
On en arrive au cœur du projet : oui, Luis Campos rêve d’un jour aligner une équipe où une majorité de joueurs seront issus de la région parisienne, ou au moins français. Pas par chauvinisme bête, mais parce que ça crée du lien, de la fierté, une identité que les supporters peuvent toucher du doigt.
On est encore loin du compte, soyons honnêtes. Mais le mouvement est lancé. Et avec les nouvelles règles UEFA sur les joueurs formés localement pour la liste Ligue des champions, ça devient presque une obligation.
Alors oui, le PSG continuera à recruter des stars. Kvaratskhelia, João Neves, les noms qui circulent font rêver. Mais l’ossature, elle, pourrait bien venir de Poissy. Et ça, mine de rien, c’est une petite révolution.
« Avec le temps et un projet à long terme, je pense que ce sera possible d’avoir une équipe plus parisienne, plus française, sans qu’on ait besoin de payer de gros montants. »
Luis Campos, hier au Campus PSG
Quand on entend ça, on se dit que le PSG version 2030 pourrait ressembler à quelque chose qu’on n’a jamais vu sous l’ère QSI. Un club puissant, ambitieux, mais aussi ancré dans son territoire. Un club qui fait rêver les gamins de banlieue autant que ceux de Neuilly.
Et ça, franchement, ça fait du bien.
Alors bien sûr, il reste mille obstacles. Les exigences de résultat immédiat. La pression des supporters. Les sirènes des agents. Mais pour la première fois depuis longtemps, on a l’impression que le PSG regarde dans la bonne direction.
Hier, au Campus, il n’y avait pas que des discours. Il y avait de l’émotion. Des gamins qui réalisent leur rêve. Des éducateurs fiers. Et un dirigeant qui croit vraiment à ce qu’il dit.
Le PSG plus parisien ? Ce n’est plus un slogan. C’est un projet. Et il est déjà en marche.
