Imaginez-vous un instant. Vous avez 43 ans, vous êtes pilote d’essai d’hélicoptères, ingénieure, et un matin de février 2026, vous allez quitter la Terre pour six mois. Direction la Station Spatiale Internationale. Et surtout, vous allez devenir la 84e femme seulement à franchir ce cap symbolique dans toute l’histoire de l’humanité. C’est l’histoire vraie de Sophie Adenot, et franchement, elle donne des frissons.
Dans un domaine où les hommes représentent encore près de 88 % des voyageurs de l’espace, chaque nouvelle femme qui décolle est un petit séisme. Pas parce qu’elle est une femme, non. Mais parce qu’elle rappelle que oui, c’est possible. Et que ça l’a toujours été. Il manquait juste qu’on leur laisse vraiment la place.
Une Parité Qui Patine Encore dans les Étoiles
560 hommes. 83 femmes. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Quand on les pose côte à côte, on a presque l’impression de regarder une statistique des années 60. Pourtant, on est en 2025 et la conquête spatiale reste l’un des derniers bastions où l’écart reste aussi brutal.
Pourquoi ? La réponse est multiple, et souvent plus subtile qu’on ne le croit.
Les candidatures féminines : toujours minoritaires
Quand l’Agence Spatiale Européenne a ouvert sa dernière campagne de recrutement en 2022, ils ont reçu plus de 22 000 dossiers. Devinez la proportion de femmes ? À peine 20 %. Le vivier est déjà déséquilibré dès le départ.
Et pourtant, parmi celles qui postulent, le taux de réussite est souvent supérieur à celui des hommes. Preuve que le problème n’est pas la compétence, loin de là.
« Les femmes se censurent encore beaucoup. Elles attendent d’avoir 120 % des critères avant de postuler, là où certains hommes tentent leur chance avec 60 %. »
– Une responsable de recrutement spatial européen
Cette phrase, je l’ai entendue plusieurs fois. Elle revient comme un refrain. Et elle explique beaucoup de choses.
Un parcours taillé sur mesure (ou presque)
Sophie Adenot, elle, n’a pas attendu. Polytechnicienne, pilote d’hélicoptère dans l’armée de l’air, puis pilote d’essai. Un CV en béton armé. Le genre de profil qui fait rêver n’importe quelle agence spatiale.
- Ingénieure X (Polytechnique)
- Pilote d’hélicoptère de combat et de sauvetage
- Pilote d’essai (l’une des très rares femmes en Europe à ce poste)
- Plus de 3 000 heures de vol
- Parle couramment anglais, russe en cours intensif
Quand on regarde ça, on se dit : évidemment qu’elle a été prise. Mais derrière ce CV parfait, il y a une femme qui a choisi, très tôt, de ne jamais se mettre de barrières.
Et c’est peut-être là le plus inspirant.
Un monde qui change… lentement
Ces dernières années, les choses bougent. La NASA vise 50 % de femmes dans ses prochaines promotions d’astronautes. L’Europe suit le mouvement. En 2022, la classe ESA comptait déjà 5 femmes sur 17 sélectionnés (dont Sophie Adenot et une réserviste).
Mais il reste du chemin. Beaucoup de chemin.
Parce que même quand elles sont sélectionnées, les femmes doivent souvent prouver deux fois plus. On leur pose encore la question de la maternité (« Et vos enfants, vous en ferez comment dans l’espace ? »), alors qu’on ne la pose jamais aux pères.
Le syndrome de l’imposteur version spatiale
Il y a aussi cette petite voix intérieure. Celle qui dit aux femmes : « Es-tu vraiment légitime ? » Sophie Adenot, elle l’a eue aussi. Elle l’a dit récemment : « J’ai longtemps pensé que ce métier n’était pas pour moi. Trop extrême, trop masculin. »
Puis un jour, elle a décidé que non. Que si elle avait les compétences, elle avait sa place. Point.
« Je n’ai pas attendu qu’on m’autorise à rêver. J’ai juste foncé. »
Et ça change tout.
L’effet rôle modèle : déjà en marche
Depuis son élection, Sophie Adenot reçoit des centaines de messages. De jeunes filles, surtout. « Grâce à vous, je sais que c’est possible. »
Et c’est peut-être le plus beau cadeau. Parce que quand une petite fille voit une femme française décoller vers l’ISS, elle se dit que oui, elle aussi, un jour, pourra peut-être.
Et ça, ça vaut tous les discours sur l’égalité.
Et après ? Vers la Lune et au-delà
Sophie Adenot ne s’arrêtera pas à l’ISS. Comme Thomas Pesquet avant elle, elle fait partie de cette génération qui se prépare déjà aux missions lunaires. Artemis, le programme qui doit ramener l’humanité sur la Lune, a promis qu’une femme marcherait sur le sol sélène d’ici la fin de la décennie.
Et si c’était elle ? Ou une autre Européenne ? En tout cas, la voie est ouverte.
Ce qui est sûr, c’est que chaque femme qui vole aujourd’hui pave la route pour celles de demain.
Ce qu’on peut tous en retenir
Au-delà de l’exploit technique, l’histoire de Sophie Adenot est une leçon de vie.
- Ne pas attendre d’être « prête à 200 % » pour tenter sa chance
- Refuser les étiquettes qu’on veut nous coller
- Accepter que le chemin soit plus dur, mais avancer quand même
- Et surtout, ouvrir la porte derrière soi pour les suivantes
Dans quelques mois, quand on verra cette fusée s’élever dans le ciel de Floride ou de Kourou, on ne verra pas seulement une astronaute.
On verra la preuve vivante que les plafonds de verre, même les plus hauts, finissent toujours par se briser.
Et ça, ça fait un bien fou.
Le 15 février 2026, regardez le ciel. Une femme française y montera. Et avec elle, des milliers de petites filles rêveront plus grand.
Parce que oui, l’espace n’a pas de genre.
Il a juste besoin qu’on lui donne enfin la chance de le prouver.
