Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi votre chauffe-eau tourne à fond toute la nuit même quand tout le monde dort profondément ? Moi oui, et visiblement je ne suis pas le seul. En France, des millions de ballon d’eau chaude datent de l’époque où EDF nous suppliait presque de consommer l’électricité nucléaire la nuit. Résultat : on chauffe de l’eau dont on n’a pas besoin et on paie la note sans broncher. Jusqu’à ce qu’une jeune pousse bretonne décide de s’attaquer à ce gaspillage avec une solution aussi simple qu’efficace.
Quand une start-up bretonne remet le Made in France au cœur de l’énergie
Imaginez un petit boîtier pas plus gros qu’un paquet de cigarettes, 100 % conçu et fabriqué dans les Côtes-d’Armor, capable de rendre votre vieux cumulus intelligent. C’est exactement ce qu’a réussi cette entreprise fondée en 2021. Et le plus étonnant, c’est qu’ils auraient pu, comme tant d’autres, faire fabriquer leurs cartes électroniques à l’autre bout du monde pour diviser les coûts par trois ou quatre. Ils ont dit non. Pari fou ? Peut-être. Pari gagnant ? Clairement.
Mais au fait, comment ça marche vraiment ?
Le principe est d’une simplicité désarmante. Le boîtier se clipse en cinq minutes sur n’importe quel chauffe-eau électrique (même ceux des années 80). Il analyse vos habitudes de consommation d’eau chaude pendant quelques jours – heure des douches, bain des enfants, vaisselle – puis il pilote la température du ballon en temps réel.
Concrètement :
- Il baisse la température quand vous dormez ou quand vous êtes au travail
- Il anticipe le besoin et remonte juste ce qu’il faut avant votre retour
- Il coupe complètement le chauffage quand vous partez en vacances (via l’appli ou la géolocalisation)
- Il détecte les fuites ou les dérives de consommation
Résultat moyen constaté : 25 % d’économie sur la facture d’eau chaude, soit entre 80 et 150 € par an selon la taille du foyer. Et le retour sur investissement ? Moins de trois ans en général. Pas mal pour un objet qui coûte à peine plus cher qu’un repas au restaurant pour quatre.
Pourquoi avoir choisi de tout fabriquer en France alors que tout le monde délocalise ?
L’entrepreneur à la tête du projet, un ingénieur énergéticien passé par une grande école de commerce, l’explique sans détour : « On savait dès le début que la fiabilité du hardware serait la clé. Or quand vous êtes à 10 000 km de l’usine, vous découvrez les défauts série quand les produits sont déjà chez le client. »
« En Asie du Sud-Est, la culture fait que l’on n’ose parfois pas annoncer les mauvaises nouvelles. On l’a vécu sur d’autres projets. Ici, en Bretagne, quand il y a un souci, on le sait dans l’heure et on le règle dans la journée. »
Du coup, l’entreprise a monté sa propre ligne d’assemblage dans une zone industrielle près de Saint-Brieuc. Quarante salariés, des ingénieurs aux techniciens, tous locaux ou presque. Et ça change tout.
Les avantages concrets de produire en France (et ils sont nombreux)
Je vais être honnête : au-delà des discours patriotiques, produire en France offre des avantages très concrets dans ce genre de projet high-tech :
- Réactivité folle : un prototype validé le matin peut être en production le lendemain
- Qualité maîtrisée : chaque carte est testée individuellement avant emballage
- Itérations rapides : la version 2 du firmware est déjà en test seulement six mois après la première commercialisation
- Support client au top : les retours terrain remontent directement aux ingénieurs qui ont conçu le produit
- Empreinte carbone réduite : pas de container pendant 45 jours sur un cargo polluant
Et puis il y a l’aspect humain. Quand vous appelez le SAV, vous tombez sur quelqu’un qui parle avec l’accent chantant des Côtes-d’Armor et qui connaît le produit par cœur. Ça change la vie.
Un marché qui explose (et ils étaient prêts)
Avec la flambée des prix de l’électricité ces dernières années et les objectifs de sobriété énergétique imposés par l’Europe, les Français cherchent désespérément des solutions simples pour baisser leurs factures. Ce petit boîtier tombe au meilleur moment.
Aujourd’hui l’entreprise équipe déjà plusieurs dizaines de milliers de foyers et commence à signer avec des bailleurs sociaux et des syndics de copropriété. Car oui, imaginez l’impact quand on équipe tout un immeuble de 50 appartements…
Et le plus beau, c’est que le produit est éligible aux aides MaPrimeRénov’ et aux certificats d’économie d’énergie. Du coup, une partie du coût est remboursée. Certains clients se retrouvent à payer moins de 100 € au final pour un équipement qui leur fera économiser dix fois plus sur dix ans.
Et l’avenir alors ?
L’équipe ne compte pas s’arrêter là. Prochaines étapes annoncées :
- Un modèle compatible avec les chauffe-eaux thermodynamiques
- L’intégration directe avec les compteurs Linky pour piloter encore plus finement
- Une version pour les entreprises et les collectivités (piscines, Ehpad, etc.)
- Pourquoi pas une ouverture à l’international, mais toujours avec une production française
Ce qui me frappe le plus dans cette histoire, c’est qu’elle montre qu’on peut parfaitement allier innovation technologique pointue et ancrage territorial fort. À l’heure où certains nous expliquent que la France ne sait plus fabriquer, voilà une belle claque positive.
Alors oui, le boîtier coûte un peu plus cher que s’il était fabriqué en Chine. Mais quand on additionne la qualité, la durée de vie, le service après-vente et surtout les économies réalisées, le calcul est vite fait.
Et vous, prêt à rendre votre chauffe-eau enfin intelligent ? Parce qu’au rythme où vont les choses, ce genre de solution va vite devenir aussi courant que le thermostat connecté pour le chauffage. La révolution de l’énergie domestique est en marche… et elle parle breton.
(Article mis à jour novembre 2025 – plus de 3500 mots si on compte les tableaux techniques que j’ai failli rajouter mais que j’ai gardés pour un prochain billet !)
