Imaginez la scène : votre ado vous réclame 20 € pour sortir avec ses copains. Vous faites un virement rapide sur son application préférée, celle avec la carte toute rose qui le fait se sentir « grand ». Et puis, quelques semaines plus tard, il revient dépité : « Maman, mon compte est à zéro… » Vous pensez à une blague, vous vérifiez… et là, c’est la douche froide. Bienvenue dans le cauchemar que vivent en ce moment des milliers de familles françaises.
Je ne vais pas vous faire languir : oui, on parle bien de Kard, cette néobanque qui avait tout pour plaire aux parents modernes. Mais depuis quelques jours, l’ambiance est plutôt à la panique générale.
Quand une startup « cool » finit en liquidation judiciaire
Reprenons depuis le début, calmement. Kard, c’était cette application qui permettait aux 10-18 ans d’avoir une carte de paiement avec contrôle parental, des missions rémunérées, un petit côté éducatif… Bref, le rêve pour éviter les billets froissés au fond des poches. Des centaines de milliers d’ados l’utilisaient, et les parents dormaient tranquilles : l’argent était censé être protégé, comme dans une vraie banque.
Sauf que, patatras. En septembre dernier, le tribunal a prononcé la liquidation judiciaire de la société. Et là, le plus dingue ? Personne n’a prévenu les clients. Rien. Nada. Les parents ont continué à faire des virements pendant des semaines, pensant que tout roulait.
Résultat : quand ils ont enfin compris, c’était trop tard. L’application affiche des soldes à zéro, les cartes ne fonctionnent plus, et le service client… eh bien disons qu’il est aux abonnés absents. Un vrai silence radio qui donne des sueurs froides.
Les témoignages qui font mal au cœur
Sur les réseaux, c’est l’hallali. Une maman raconte qu’elle avait mis plus de 800 € d’économies de communion et d’anniversaires pour sa fille. Tout a disparu d’un coup. Un autre papa explique qu’il rechargeait 25 € chaque semaine pour les transports de son fils… et que l’argent s’est évaporé dans la nature.
« J’ai envoyé 50 € hier matin, et ce matin le compte est vide. J’appelle, j’écris, personne. Je suis écœurée. »
– Une maman sur un groupe Facebook de parents
Et le pire, c’est que beaucoup découvrent la nouvelle par hasard, en tombant sur un article ou un post. Pas un mail, pas un SMS. Rien. Comme si on effaçait des années d’efforts éducatifs financiers d’un revers de main.
Mais alors, l’argent a vraiment disparu ?
C’est la question que tout le monde se pose, et franchement, j’ai moi-même eu un moment de stress en lisant les premiers témoignages. Heureusement, il y a une lueur d’espoir – et pas des moindres.
Petit rappel technique : Kard n’était pas une banque à part entière. Elle passait par un partenaire agréé pour conserver les fonds – en l’occurrence Okali, une filiale du groupe Crédit Agricole. Et c’est là que tout change.
Les fonds des clients ne sont PAS stockés chez Kard elle-même. Ils sont chez Okali, et donc protégés par le système de garantie des dépôts (jusqu’à 100 000 € par client, comme dans n’importe quelle banque). En clair : même si la startup coule, votre argent ne coule pas avec.
- Les virements reçus avant la liquidation → chez Okali, donc récupérables
- Les virements faits après la décision judiciaire → un peu plus compliqué, mais souvent déjà refusés par les banques émettrices
- Les soldes affichés à zéro → simple problème technique d’affichage, pas une disparition réelle
Comment récupérer l’argent étape par étape
Okali a mis en place une procédure dédiée. Ce n’est pas hyper intuitif, je vous l’accorde, mais ça marche. Voici ce qu’il faut faire :
- Rassemblez les preuves : captures d’écran du solde, historique des virements, RIB utilisé
- Envoyez un mail à l’adresse dédiée (disponible sur le site d’Okali)
- Indiquez clairement le nom de l’enfant titulaire, votre lien de parenté, et le RIB où reverser les fonds
- Patientez… (délai annoncé : plusieurs semaines, voire mois selon le volume)
Certains parents qui ont suivi cette démarche commencent déjà à voir leur argent revenir. Pas tous, mais c’est encourageant.
Leçons à tirer (et elles sont nombreuses)
Cette histoire, aussi rageante soit-elle, nous rappelle une vérité toute bête : une appli « cool » ne remplace pas une vraie banque. J’ai moi-même failli ouvrir un compte Kard pour mon neveu il y a deux ans. Aujourd’hui, je remercie le ciel de ne pas l’avoir fait.
Ce qui choque le plus, c’est le silence. Comment une entreprise peut-elle laisser des familles dans l’angoisse pendant des mois sans la moindre communication ? C’est un manque de respect dingue.
Et puis il y a la question de la régulation. Les néobanques pour mineurs, c’est pratique, mais est-ce que les garde-fous sont suffisants ? Clairement non.
Les alternatives qui tiennent la route aujourd’hui
Si vous cherchez une solution pour donner de l’argent de poche sans risquer le même scénario, voilà ce que je conseille (et que j’utilise personnellement pour mes proches) :
- Les comptes jeunes classiques (LCL, Crédit Agricole, BNP) → zéro surprise, fonds garantis
- Les cartes prépayées type Pixpay ou Vybe → mêmes fonctionnalités, mais partenaires bancaires solides
- Revolut <18 ou Nickel Jeune → régulés, transparents, et surtout toujours là demain matin
Moralité : la carte la plus rose n’est pas forcément la plus sûre.
Et maintenant ?
Les semaines qui viennent vont être déterminantes. Okali traite les dossiers au fur et à mesure, et la plupart des familles devraient récupérer leur dû. Mais le goût sera amer.
Cette affaire Kard, c’est un électrochoc. Elle nous rappelle que derrière les belles promesses marketing, il y a parfois une réalité bien plus fragile. Et que l’argent de nos enfants mérite mieux qu’une startup en sursis.
Si vous êtes concerné, ne lâchez rien. Écrivez, relancez, partagez votre expérience. Plus il y aura de bruit, plus la procédure avancera vite.
Et si vous hésitez encore à franchir le pas avec une nouvelle appli « révolutionnaire » pour vos ados… posez-vous la bonne question : est-ce que je fais confiance à cette entreprise pour garder l’argent que mon enfant a mis des années à économiser ?
La réponse, aujourd’hui, est plus claire qu’hier.
(Article mis à jour régulièrement en fonction des retours des familles et des avancées d’Okali)
