Il y a des victoires qui marquent plus que d’autres. Des moments où tout bascule en quelques foulées, où la patience paie et où le talent pur explose au grand jour. Hier, sur la piste en sable fibré de Deauville, Hasapiko nous a offert exactement cela : une démonstration brutale, magnifique, presque insolente.
Imaginez la scène. Seize partants, 2 500 mètres à parcourir, une piste lourde que les habitués connaissent par cœur. Et au milieu de tout ça, une jument de 4 ans qui n’avait plus gagné depuis dix longs mois. Beaucoup l’avaient oubliée. Moi le premier, je l’avoue.
Hasapiko, la locale qui a fait parler la poudre
Quand on entraîne tous les jours sur la piste où l’on court, on finit par la connaître mieux que quiconque. C’est exactement ce qui s’est passé mardi. Hasapiko, pensionnaire de Stéphane Wattel, s’est littéeéralement « réveillée » sur sa piste. Celle où elle bosse chaque matin. Celle qui n’a plus de secret pour elle.
Partie avec le numéro 13 dans les stalles, la fille de Cloth of Stars a été délibérément reprise par Théo Bachelot dès les premiers mètres. Objectif : la cacher. La préserver. La laisser dormir au fond du peloton pendant que les autres se battaient pour le rythme.
Et ça a fonctionné à merveille.
Une course tactique rondement menée
Parlons un peu du scénario, parce qu’il mérite qu’on s’y attarde. L’allure était régulière, presque trop pour les attentistes. Plusieurs vagues se sont formées dans le tournant final, ce qui a permis à Théo Bachelot de ne jamais se retrouver trop loin.
À 300 mètres du but, le passage s’ouvre enfin. Et là… c’est l’explosion.
« Elle a produit un changement de vitesse que je n’avais encore jamais vu chez elle. Sa classe a fait la différence. »
– Un professionnel présent dans les tribunes
Hasapiko fond sur le peloton comme une tornade. En quelques foulées, elle efface tout le monde. Yulia, la favorite qui avait pris le commandement courageusement, n’a rien pu faire. Don’t Shut Me Down, courageux deuxième, a beau s’arracher, il reste scotché.
L’arrivée officielle qui a fait plaisir aux parieurs malins
13 – 8 – 9 – 16 – 3
Une arrivée qui rapporte gros à ceux qui avaient cru à la jument locale. Hasapiko touche 9,80 € pour un pari gagnant, et le couplé gagnant 13-8 dépasse les 50 €. Pas mal pour une pouliche qui n’était que sixième choix dans les pronostics.
- 1er – Hasapiko (13) : la révélation du jour
- 2e – Don’t Shut Me Down (8) : le meilleur des 3 ans
- 3e – Yulia (9) : la favorite qui craque pour la victoire
- 4e – Haviassor (16) : superbe fin de course
- 5e – Bad Boy (3) : malchanceux mais talentueux
Pourquoi cette victoire n’est pas vraiment une surprise
Revenons deux courses en arrière. Lors de sa première sortie sur le sable, Hasapiko avait tout gâché en tirant comme une folle. Résultat : elle finissait loin. La fois suivante, son entourage décidait de la monter différemment : patience maximale. Et ça avait déjà marché.
Ce mardi, ils ont simplement poussé la stratégie un cran plus loin. Et avec l’expérience de la piste, le tour était joué.
Hasapiko n’est pas une championne sortie de nulle part. Elle avait déjà montré de sérieuses choses sur gazon et même sur la PSF de Chantilly. Elle possède de la vitesse, de la tenue, et surtout une pointe finale dévastatrice quand on la monte au bon moment.
Les enseignements à retenir pour les prochains jours
On est seulement au début du meeting d’hiver de Deauville. Et déjà, plusieurs leçons se dégagent :
- Les chevaux entraînés sur place ont un avantage certain
- Les attentistes sont dangereux quand l’allure reste sélective
- Ne jamais sous-estimer une jument qui retrouve « sa » piste
- Les 3 ans tiennent bien leur partie face aux anciens sur 2 500 m
Autant d’éléments qui risquent de peser lourd dans les prochaines semaines, surtout quand on sait que la piste va continuer à s’alourdir avec la pluie annoncée.
Et maintenant ? Vers un hiver normand flamboyant ?
Pour Hasapiko, cette victoire ouvre de belles perspectives. Elle va sûrement monter de catégorie, mais avec cette pointe de vitesse et cette connaissance parfaite du sable de Deauville, elle peut encore faire parler d’elle.
Quant à Stéphane Wattel et Théo Bachelot, ils ont prouvé une nouvelle fois qu’ils formaient un duo redoutable sur la Côte Fleurie. On les surveillera de près lors des prochains gros handicaps.
Parce qu’au turf, une victoire comme celle-là, ça ne tombe jamais du ciel. C’est le fruit du travail, de la patience, et parfois… d’un petit coup de génie tactique.
Et franchement ? Voir une jument locale battre toute la concurrence sur ses terres, ça fait toujours plaisir. Surtout quand on avait un petit ticket sur elle.
Prochain rendez-vous dès ce mercredi sur le même hippodrome. Le meeting ne fait que commencer, et après une telle démonstration, on a hâte de voir la suite.
