Imaginez-vous en balade sur un sentier tranquille au pied du Mont Ventoux, l’air est frais, les pins sentent bon la résine, et soudain… vous tombez nez à nez avec Thomas Pesquet en personne. Enfin, presque. Une statue grandeur nature de l’astronaute français, posée là, comme si elle attendait le bus pour l’ISS. C’est exactement ce qu’a vécu un chasseur un dimanche matin de novembre dans le Vaucluse. L’histoire est tellement improbable qu’on dirait un scénario de comédie provençale.
Une disparition qui a fait sourire toute la France
Mi-novembre, la nouvelle tombe : quelqu’un a purement et simplement embarqué la statue de Thomas Pesquet installée sur un tout nouveau sentier pédagogique à Beaumont-du-Ventoux. 1,80 mètre 80, 1 800 euros, combinaison spatiale immaculée… parti sans laisser d’adresse. Le maire de la petite commune n’en revenait pas. Il parlait d’un « acte imbécile » qui gâche le travail fait pour valoriser le territoire et la science.
Moi, ce qui m’a fait rire dès le début, c’est l’idée qu’il fallait être sacrément motivé pour trimballer une statue de cette taille en pleine nuit dans la garrigue. Essayez de visualiser la scène : deux ou trois gars qui galèrent dans le noir avec un Thomas Pesquet en fibre de verre sous le bras, en essayant de ne pas faire de bruit. C’est du niveau mission Apollo, mais en moins glorieux.
Le sentier des géants de la science française
Petit retour en arrière pour bien comprendre l’enjeu. La commune de Beaumont-du-Ventoux a eu une idée aussi simple que géniale : créer un chemin de randonnée pédagogique avec des statues en taille réelle des plus grands scientifiques français. Vous marchez tranquille, et hop, vous croisez Marie Curie avec son tube à essai, Louis Pasteur qui semble réfléchir à son prochain vaccin, Antoine Lavoisier en pleine expérience… Et évidemment Thomas Pesquet, casque sous le bras, prêt à repartir vers les étoiles.
L’objectif ? Sensibiliser les enfants (et les grands) à l’histoire des sciences tout en profitant de la beauté sauvage du Ventoux. Franchement, je trouve le concept hyper malin. Ça change des panneaux explicatifs ennuyeux. Là, on a envie de poser avec les statues, de prendre des selfies, de raconter leur histoire. Sauf que manifestement, quelqu’un a pris l’expression « poser avec » un peu trop au pied de la lettre.
Thomas Pesquet entre dans la danse… avec humour
Quand l’astronaute a appris la nouvelle, il aurait pu se contenter d’un communiqué sérieux. Mais non. Il a choisi la carte de l’humour, et ça a été parfait.
« Je m’offusque car la taille réelle est décrite à 1m80… C’est ma carrière de basketteur qui est en jeu. Ah et aussi : rendez la statue, sérieux. »
– Thomas Pesquet, sur les réseaux sociaux
Il faut savoir que Thomas Pesquet mesure en réalité 1m84, et qu’il a même gagné quelques millimètres supplémentaires après ses séjours en impesanteur (la colonne vertébrale se détend sans gravité, effet garanti). Du coup, se faire voler deux centimètres en plus de sa statue, c’était trop pour lui. J’adore ce sens de l’autodérision. Ça humanise complètement le personnage, et ça montre qu’on peut être un héros national tout en gardant les pieds sur terre… ou presque.
Son message a été partagé des milliers de fois. Tout le monde s’est mis à chercher la statue. Les gendarmes ont ouvert une enquête, les habitants ont scruté les brocantes du coin. On était à deux doigts d’un avis de recherche version « Alerte Enlèvement » mais pour un astronaute en résine.
Le heureux dénouement : un chasseur tombe dessus par hasard
Et puis, miracle de fin novembre. Un chasseur local, en pleine partie de chasse, aperçoit quelque chose de blanc au bord d’un talus, dans la commune voisine de Blauvac. Il s’approche… et tombe sur Thomas Pesquet, tranquillement adossé aux buissons, comme s’il faisait une pause contemplation face au paysage.
Le plus fou ? La statue était en parfait état. Pas une éraflure, pas un impact de plomb (oui, on a tous pensé à la blague des chasseurs qui s’entraînent dessus). Elle était simplement posée là, bien rangée, presque avec soin. Le maire a même précisé qu’elle semblait avoir été « déposée avec précaution ».
Franchement, là, on passe dans la dimension comédie absurde. Le voleur (ou les voleurs) a pris la peine de transporter la statue plusieurs kilomètres plus loin… pour finalement l’abandonner en pleine nature, mais en la traitant mieux que certains livreurs Amazon traitent mes colis. Cherchez l’erreur.
Mais alors, qui a fait le coup et pourquoi ?
C’est la grande question qui reste en suspens. Plusieurs hypothèses circulent dans le village :
- Un canular d’étudiants ou de jeunes du coin qui voulait faire le buzz
- Une blague qui a mal tourné : on embarque la statue pour rigoler, et ensuite on panique et on la lâche dans la nature
- Quelqu’un qui voulait la garder chez soi… mais qui a changé d’avis en réalisant que 1m80 d’astronaute, ça prend de la place dans le salon
- Ou alors – ma théorie préférée – un fan un peu trop enthousiaste qui a voulu « emprunté » Thomas pour une soirée, et qui l’a rendu discrètement après coup de pression médiatique
En tout cas, la gendarmerie continue son enquête, même si on sent que l’ambiance est plutôt à la rigoler qu’à chercher un grand criminel. L’important, c’est que la statue va reprendre sa place dans les prochains jours sur le sentier.
Ce que cette histoire nous dit (entre les lignes)
Derrière l’anecdote amusante, il y a quand même quelques réflexions intéressantes. D’abord, la popularité incroyable de Thomas Pesquet. Dix ans après son premier vol, il reste l’astronaute le plus aimé des Français. On construit des statues de lui dans des villages de 400 habitants. C’est assez rare pour être souligné.
Ensuite, la force des réseaux sociaux. Sans son message humoristique, l’affaire serait peut-être passée inaperçue. Avec, elle a fait le tour du pays et a probablement poussé le ou les auteurs à rendre l’objet du délit. Parfois, un peu d’humour et de visibilité fait plus que dix enquêtes.
Et enfin, plus largement, cette histoire montre à quel point on tient à nos symboles. Une statue, ce n’est pas qu’un bout de résine. C’est un hommage, un repère, une fierté locale. La voler, c’est un peu voler un morceau d’identité collective. Heureusement, ici, tout finit bien.
Bilan : une happy end provençale
Aujourd’hui, tout le monde est soulagé à Beaumont-du-Ventoux. La statue va retrouver ses copains Pasteur, Curie et compagnie. Les randonneurs pourront à nouveau se prendre en photo avec un astronaute en pleine forêt. Et les habitants gardent une anecdote savoureuse à raconter aux visiteurs.
Comme quoi, même dans les faits divers les plus loufoques, il y a souvent une forme de happy end à la française : un peu d’absurde, beaucoup d’humour, et au final, le bon sens qui l’emporte. Thomas Pesquet peut repartir rêver aux étoiles… et nous, on garde les pieds sur terre, avec le sourire.
Et qui sait, peut-être que la prochaine fois qu’un chasseur croisera la statue dans les bois, il vérifiera d’abord que ce n’est pas le vrai cette fois-ci.
PS : Si vous passez dans le coin, le sentier pédagogique vaut vraiment le détour. Et n’oubliez pas de saluer Thomas de ma part.
