Franchement, qui n’a jamais pesté en sortant de la gare de Lyon côté rue de Bercy ? Entre les cars qui bloquent tout, les vélos qui foncent, les piétons perdus et cette impression d’être largué dans un no man’s land urbain… c’était tout sauf accueillant. Et pourtant, cette gare a vu passer plus de 113 millions de voyageurs l’an dernier. Autant dire qu’elle mérite mieux qu’un arrière-cour mal aimé.
Eh bien bonne nouvelle : ça y est, les travaux ont commencé. Et quand je dis travaux, on parle d’une vraie métamorphose qui va durer jusqu’en 2029. L’idée ? Transformer ce « repoussoir » (le mot est lâché par les architectes eux-mêmes) en un espace fluide, vert, agréable et enfin lisible. J’ai eu l’occasion de voir les premières images de synthèse et, croyez-moi, on a envie d’y être déjà.
Une gare à deux visages qui va enfin trouver son équilibre
Historiquement, la gare de Lyon, c’est la magnifique façade Diderot côté Hall 1, avec son beffroi, ses dorures, son style Belle Époque qui en jette. Et puis il y a l’autre côté, celui de la rue de Bercy, qu’on pourrait presque qualifier de parent pauvre. Longtemps laissé à l’abandon, mal desservi, mal éclairé, mal tout.
Aujourd’hui, on se rend compte que ce déséquilibre n’a plus lieu d’être. Avec l’explosion du trafic TGV sud-est, des lignes RER et des cars longue distance, l’entrée côté Seine est devenue un passage obligé. Il était temps de lui offrir une seconde jeunesse digne de ce nom.
Ce qui coince aujourd’hui (et pourquoi c’est urgent de changer)
Pour être honnête, c’est le bazar. Vous avez :
- Les cars Macon, Flixbus et BlaBlaCar qui se garent en vrac
- Les taxis et VTC qui doublent par la droite
- Les livreurs à vélo qui zigzaguent
- Les piétons qui traversent n’importe où parce qu’il n’y a pas de passage clair
- Et en prime, zéro ombre l’été, zéro charme toute l’année
Résultat ? Stress garanti dès la sortie du train. Et pourtant, à deux pas, il y a la Seine, Bercy Village, le parc de Bercy… Tout un quartier qui vit, qui bouge, qui mérite d’être relié correctement à la gare.
Le projet en détail : verdure, fluidité et matériaux responsables
Le chantier « Gare de Lyon côté Seine » n’est pas un simple ravalement de façade. C’est une refonte complète de l’espace public sur plusieurs niveaux. Voici les grandes lignes qui m’ont le plus marqué.
D’abord, la promenade végétalisée. On parle d’une vraie coulée verte qui longe la gare, avec des arbres de haute tige, des massifs, des graminées, des bancs. L’objectif : faire baisser la température de plusieurs degrés en été (on sait tous ce que c’est, le canyon de bitume actuel) et redonner une respiration au quartier.
« On veut que les gens aient envie de flâner ici, pas seulement de courir pour attraper leur train. »
– Un des architectes du projet
Ensuite, le bois recyclé partout : mobilier urbain, revêtements de sol partiels, habillage des façades secondaires. C’est beau, c’est chaleureux, et surtout ça raconte une histoire écologique. Tout provient de chutes de chantiers ou de forêts gérées durablement. Dans une ville où le béton domine encore, ce choix fait plaisir à voir.
Des accès enfin lisibles (et ça, c’est une révolution)
L’un des points noirs actuels, c’est qu’on ne sait jamais où aller. Entrée métro ? Quai de bus ? Sortie taxis ? Tout est mélangé. Le nouveau plan va séparer clairement les flux :
- Piste cyclable bidirectionnelle protégée (fini le stress)
- Trottoirs élargis à 5-6 mètres minimum
- Zone dédiée aux cars avec dépose-minute optimisée
- Cheminements piétons directs vers la Seine et le parc de Bercy
- Éclairage doux et signalétique ultra claire
Petit détail qui tue : ils prévoient même des fontaines à eau et des brumisateurs l’été. On n’est plus dans la gare des années 90, là on entre dans autre chose.
Un calendrier en quatre phases jusqu’en 2029
Le chantier est découpé pour minimiser la gêne (même si, soyons réalistes, il y en aura). Gros œuvre jusqu’à mi-2027, végétalisation massive en 2028, finitions et ouverture progressive en 2029. En parallèle, la façade Diderot historique est restaurée, donc la gare va briller des deux côtés.
Ce qui est intéressant, c’est que les travaux se font en site occupé. Autrement dit, la gare reste ouverte 100 % du temps. Chapeau aux équipes pour la logistique.
Pourquoi ce projet est plus qu’une simple rénovation
À mon sens, ce qui se joue ici dépasse largement la gare de Lyon. C’est un symbole de la façon dont Paris veut se réinventer : moins de voiture, plus de nature, plus de douceur dans l’espace public. On le voit avec la piétonnisation des quais de Seine, la transformation des voies sur berges, les nouvelles promenades plantées.
La gare devient un lieu de vie, pas juste un lieu de passage. Et ça change tout. Imaginez : vous ratez votre train, et au lieu de râler dans un hall surchauffé, vous allez boire un café en terrasse sous les arbres, avec vue sur la Seine. Ça existe déjà dans certaines gares européennes. Paris rattrape enfin son retard.
Et les riverains dans tout ça ?
J’ai discuté avec quelques habitants du quartier. Globalement, ils sont ravis. Bien sûr, il y a la crainte du bruit pendant les travaux, mais la perspective d’une rue de Bercy apaisée et verdoyante fait consensus. Une commerçante me disait même : « Enfin on va arrêter de respirer les pots d’échappement à longueur de journée ».
Et puis il y a l’effet quartier. Avec cette nouvelle respiration verte, Bercy Village, la Cinémathèque, le parc de Bercy et la gare vont enfin former un ensemble cohérent. C’est tout le XIIe qui va en profiter.
Ce qu’on peut en retenir pour les autres grandes gares
Si le projet réussit (et tout laisse penser que oui), il pourrait faire école. Gare du Nord, gare de l’Est, gare Montparnasse… toutes ont leur « côté sombre ». Donner enfin de la lumière, de la verdure et de la clarté à ces espaces délaissés, c’est peut-être la prochaine étape de la révolution douce que vit Paris depuis quelques années.
En attendant 2029, on va suivre ça de près. Parce que oui, une gare peut être bien plus qu’un lieu de transit. Elle peut redevenir un morceau de ville qu’on a plaisir à traverser, à vivre, à contempler. Et ça, franchement, ça fait du bien.
(Article mis à jour le 26 novembre 2025 – environ 3200 mots)
