Il y a des affaires qui collent à la peau comme une ombre tenace. Des années après avoir quitté le devant de la scène politique, Jean-Vincent Placé revient sous les projecteurs, mais cette fois, ce n’est vraiment pas pour recevoir des louanges. L’ancien secrétaire d’État va devoir s’asseoir sur le banc des accusés pour répondre de deux agressions sexuelles présumées. Et franchement, quand on regarde le dossier de plus près, on se dit que la chute risque d’être brutale.
Ce n’est pas la première fois qu’on parle de lui dans les rubriques judiciaires. Loin de là. Mais cette fois, ça va plus loin que des sorties de route nocturnes ou des mots de trop après quelques verres. On parle de gestes concrets, répétés, et surtout dénoncés par des femmes qui ont travaillé avec lui ou côtoyé dans des contextes professionnels.
Un renvoi devant le tribunal correctionnel qui ne surprend plus grand monde
Le parquet de Paris a suivi les réquisitions. Point final. Jean-Vincent Placé sera jugé. La date n’est pas encore connue, mais l’ordonnance de renvoi est claire : deux femmes accusent l’ancien homme fort des Verts d’agressions sexuelles. Et pas n’importe où, pas n’importe quand.
La première plainte vient d’une ancienne collaboratrice. Elle raconte une soirée à Séoul, en 2016. Ils sont dans une voiture, elle est fatiguée, lui visiblement pas dans son état normal. Et là, sans prévenir, il pose sa main sur son sein. Elle le repousse. Il recommence. Le témoin présent dans le véhicule confirmera plus tard la version de la jeune femme. Ce n’t pas un « malentendu ». C’est précis. C’est constant. Et surtout, ce n’est pas isolé.
Parce que cette même collaboratrice parle aussi d’un harcèlement qui aurait duré plusieurs mois. Quand elle travaillait au Sénat, puis quand elle l’a suivi au secrétariat d’État. Des remarques, des gestes déplacés, une pression permanente. Le genre de climat que trop de femmes ont connu dans les couloirs du pouvoir.
Séoul, encore et toujours
Un an plus tard, rebelote. Mars 2017. Une autre soirée, toujours en Corée du Sud, cette fois dans le cadre de la journée de la francophonie. Une autre femme. Même scénario : taxi, alcool, gestes inappropriés. Elle raconte qu’il lui a touché les seins, les cuisses, qu’il a tenté de glisser sa main entre ses jambes. Elle s’est débattue. Elle en a parlé autour d’elle immédiatement. Des témoins existent.
Ce qui frappe, c’est la répétition. Le même pays, le même type de déplacement officiel, le même contexte (taxi, soirée, alcool), et surtout le même mode opératoire. Comme un schéma qui se reproduit, presque mécaniquement.
« Des déclarations précises et constantes », « corroborées par un témoin »… Les termes du parquet sont sans ambiguïté.
L’alcool, cette éternelle excuse
Quand on lit les déclarations de l’intéressé lors de sa mise en examen, on reste un peu songeur. Il dit ne plus se souvenir. À cause de l’alcool, évidemment. Il se décrit comme quelqu’un de « volubile et un tout petit peu tactile ». Un tout petit peu. Vraiment ? C’est presque comique si ce n’était pas aussi grave.
Il assure avoir réduit sa consommation. Qu’il reste désormais chez lui quand il boit. Comme si le problème était réglé avec une bonne résolution de nouvel an. Sauf que les faits reprochés datent d’une période où il était encore en poste. Secrétaire d’État. Représentant de la France à l’étranger. L’image est terrible.
Et puis il y a le passé judiciaire. Parce que oui, ce n’est pas la première fois. En 2021, il a été condamné pour harcèlement sexuel sur une gendarme. Des faits qu’il avait reconnus, cette fois. Et avant ça, des condamnations pour violence, outrage, injure raciale… Toujours en état d’ébriété. Un schéma qui se répète, encore et encore.
Le point de vue des plaignantes
De leur côté, les deux femmes ont tenu bon. Pendant des années. Enquête longue, éprouvante, confrontation avec un homme qui nie farouchement. Leur avocat parle d’un « moment de vérité » qu’elles appréhendent mais qu’elles affronteront avec détermination.
On imagine sans peine le courage qu’il faut pour porter plainte contre un ancien ministre. Pour revivre les scènes. Pour affronter le regard public, les commentaires, les doutes. Elles ne l’ont pas fait pour la gloire. Juste pour que ça s’arrête. Et peut-être pour que d’autres n’aient pas à vivre la même chose.
- Une procédure qui a duré plus de trois ans
- Des confrontations sûrement douloureuses
- Une parole enfin prise au sérieux par la justice
- Un procès qui pourrait faire jurisprudence sur le lien alcool/pouvoir
Un symbole parmi d’autres
Cette affaire ne sort pas de nulle part. Elle s’inscrit dans une longue liste. Des hommes politiques pris la main dans le sac – parfois littéralement. Des comportements qu’on excusait autrefois par un haussement d’épaules (« c’est un chaud lapin ») et qui, aujourd’hui, finissent devant les tribunaux.
Ce qui est intéressant, c’est le timing. On est en 2025. #MeToo a déjà fait trembler bien des carrières. Les femmes parlent plus facilement. La justice suit, parfois. Et pourtant, on a encore des hommes qui semblent penser que le pouvoir les protège. Que l’alcool excuse tout. Que nier suffira.
Spoiler : ça ne suffit plus.
Et maintenant ?
Le procès n’a pas encore de date. Mais il aura lieu. Et il sera scruté. Parce qu’au-delà de l’individu, c’est tout un système qui est pointé du doigt. Celui où certains hommes, parce qu’ils ont un titre, un statut, une carte de visite impressionnante, se croient tout permis.
On verra si Jean-Vincent Placé continuera à nier en bloc. S’il jouera encore la carte de l’alcool. Ou s’il finira, comme lors de sa précédente condamnation, par reconnaître une partie des faits. En attendant, deux femmes vont devoir revivre l’humiliation. Publiquement. Pour que justice soit faite.
Et nous, on regardera. Parce que ces affaires-là, elles nous concernent tous. Elles disent quelque chose de notre société. De ce qu’on tolère encore. De ce qu’on refuse désormais de laisser passer.
À suivre, donc. Très attentivement.
(Article mis à jour le 26 novembre 2025 – l’enquête est close, le renvoi devant le tribunal correctionnel est effectif)
