Imaginez-vous en train de faire défiler votre écran tard le soir, à la recherche d’une bonne affaire. Et là, entre deux promotions sur des écouteurs ou des vêtements, vous tombez sur une poupée. Une poupée qui n’a rien d’ordinaire. Son visage, ses proportions, tout semble calqué sur l’apparence d’un enfant. Le choc est violent. Et pourtant, ce genre de produit circule bel et bien sur certaines plateformes très populaires.
Ce n’est plus une rumeur, c’est une réalité qui explose au grand jour. Le gouvernement français a décidé de frapper fort. Après un premier coup d’éclat, il remet le couvert et assigne cette fois deux géants du commerce en ligne devant la justice. L’accusation est lourde : vente de poupées pédopornographiques. Oui, vous avez bien lu.
Un scandale qui grandit à toute vitesse
Personnellement, quand j’ai vu les premières images circuler sur les réseaux, j’ai cru à un mauvais canular. Puis les signalements se sont multipliés. Des associations, des parents, des internautes lambda : tout le monde tombait des nues. Comment est-ce possible en 2025 ? Comment des objets aussi problématiques peuvent-ils être proposés à la vente, livrés en quelques clics, parfois même avec la mention « best-seller » ?
La réponse est simple et terrifiante à la fois : le vide juridique, la déresponsabilisation des plateformes et l’appât du gain. Mais cette fois, l’État français dit stop.
De la parole aux actes : l’assignation en justice
Ce n’est pas une simple menace. Le ministre chargé du Commerce l’a annoncé lui-même à la télévision : deux nouvelles plateformes vont être assignées devant le tribunal judiciaire. Le terme est important. Ce n’est pas une plainte classique, c’est une procédure civile rapide qui permet d’obtenir très vite des mesures conservatoires : retrait des produits, blocage des fiches, et potentiellement des sanctions financières lourdes.
Et on ne parle pas de petits sites obscurs. On parle de mastodontes que la plupart d’entre nous ont déjà utilisés. Des applications installées sur des millions de téléphones en France.
« C’est un combat pour protéger les enfants et les adolescents. »
– Le ministre du Commerce, novembre 2025
Une phrase qui résume tout. Derrière l’aspect juridique, il y a une volonté politique claire : montrer que la France ne laissera plus passer ce genre de dérives.
Comment en est-on arrivé là ?
Revenons quelques semaines en arrière. Un premier scandale éclate autour d’une plateforme ultra-populaire auprès des jeunes. Des poupées explicitement présentées avec des caractéristiques enfantines – petite taille, visages juvéniles, tenues suggestives – sont mises en vente à des prix défiant toute concurrence. Les signalements pleuvent sur la plateforme Pharos. Les associations de protection de l’enfance sonnent l’alarme. Les médias s’emparent de l’affaire.
Puis, très vite, on se rend compte que le problème est bien plus vaste. D’autres sites proposent exactement les mêmes produits, parfois sous des noms à peine différents. Le même moule, les mêmes photos, les mêmes descriptions ambiguës. Et là, c’est la douche froide : on parle de dizaines, peut-être de centaines de références disponibles en un clic.
- Des poupées de 100 cm à 140 cm (taille d’un enfant de 6 à 12 ans)
- Des visages aux traits délibérément juvéniles
- Des options de personnalisation parfois glaçantes
- Des commentaires d’acheteurs qui ne laissent aucun doute sur l’usage
Et le pire ? Certains vendeurs n’hésitaient pas à vanter la « discrétion de l’emballage » ou la « livraison rapide en France ».
Pourquoi ces poupées posent un problème juridique majeur
Beaucoup de gens se demandent : mais une poupée, ce n’est pas juste un objet ? Où est le crime ? La réponse est dans le Code pénal français, et elle est sans ambiguïté.
L’article 227-23 interdit la diffusion, la détention et donc la commercialisation de représentations pornographiques de mineurs – y compris sous forme de poupées si celles-ci sont conçues pour reproduire fidèlement l’apparence d’un enfant dans un contexte sexuel. La Cour de cassation a déjà tranché dans ce sens il y a quelques années.
« La représentation réaliste d’un mineur dans un but sexuel tombe sous le coup de la loi, quelle que soit la matière. »
Autrement dit, ce n’est pas parce que c’est du silicone que c’est légal. Et les plateformes qui hébergent ces ventes ne peuvent pas se cacher derrière leur statut d’hébergeur. Depuis la loi sur la confiance dans l’économie numérique et surtout depuis le règlement européen DSA (Digital Services Act), elles ont une obligation de vigilance renforcée.
Les plateformes dans le collimateur : plus possible de jouer les innocentes
Longtemps, les géants du e-commerce ont répété la même antienne : « Nous ne sommes que des intermédiaires. Les vendeurs tiers sont responsables. » Sauf que ça ne passe plus.
Quand des produits illégaux restent en ligne pendant des mois, avec des milliers de ventes, malgré des signalements répétés, on ne peut plus parler d’ignorance. On parle de négligence grave, voire de complicité passive.
Au total, cinq grandes plateformes font aujourd’hui l’objet d’enquêtes ou de procédures en France pour des faits similaires. Et la liste risque de s’allonger.
Ce que risque concrètement ces entreprises
| Sanction possible | Montant ou conséquence |
| Amende civile | Jusqu’à plusieurs millions d’euros |
| Retrait forcé des produits | Immédiat + contrôle renforcé |
| Astreinte journalière | En cas de non-respect des injonctions |
| Blocage du site en France | Mesure extrême mais déjà utilisée |
| Responsabilité pénale des dirigeants | En cas de récidive caractérisée |
Et ce n’est que le début. Des associations envisagent déjà des actions de groupe. Des plaintes pénales sont en préparation. L’effet domino est lancé.
Et les consommateurs dans tout ça ?
Il y a ceux qui achètent sciemment, et là, c’est une autre histoire – la justice s’en occupe aussi. Mais il y a aussi ceux qui tombent dessus par hasard, qui se disent « c’est juste une poupée » et qui passent commande sans mesurer la gravité.
J’ai discuté avec une maman qui avait commandé une poupée pour sa fille sur une de ces plateformes. Elle a reçu… autre chose. Le choc. Le dégoût. Et la culpabilité d’avoir, sans le savoir, financé un commerce abject.
C’est aussi pour protéger ces consommateurs lambda que l’État agit. Parce que derrière chaque vente, il y a une normalisation progressive d’objets qui n’auraient jamais dû exister.
Vers une régulation plus dure du e-commerce ?
Cet épisode pourrait bien marquer un tournant. On parle déjà d’un renforcement des contrôles douaniers sur les colis en provenance de certains pays. D’une obligation pour les plateformes de vérifier l’identité et la légalité des vendeurs tiers avant même la mise en ligne.
Certains proposent même la création d’une liste noire européenne des produits interdits, avec retrait automatique sur toutes les plateformes.
Ce qui est sûr, c’est que le temps de l’angélisme est révolu. Les géants du e-commerce vont devoir choisir : nettoyer leur catalogue ou assumer les conséquences.
Et demain ?
Franchement, je ne serais pas surpris que d’autres pays emboîtent le pas. Le sujet est trop sensible, trop universel. Quand on touche à la protection des enfants, les opinions publiques ne pardonnent pas.
Ce scandale, aussi sordide soit-il, pourrait bien être le déclencheur d’une prise de conscience globale. Le moment où l’on arrête de considérer internet comme une zone de non-droit.
En attendant, une chose est sûre : la prochaine fois que vous ferez vos courses en ligne, vous y penserez à deux fois avant de cliquer sur « ajouter au panier ».
Parce que derrière chaque bonne affaire se cache parfois une réalité bien plus sombre.
