Quand on parle sécurité en France en cette fin 2025, impossible de faire l’impasse sur ce qui se passe vraiment dans les quartiers. Franchement, on a tous en tête des images de règlements de comptes, de points de deal qui gangrènent certains coins, ou encore ces vidéos de jeunes armés jusqu’aux dents qui circulent sur les réseaux. Et puis arrive ce courrier, signé de la main du ministre de l’Intérieur lui-même, qui tombe comme un pavé dans la mare : oui, il y a du progrès, et non, on ne baisse pas les bras.
Je vous avoue que j’ai été assez surpris en découvrant les chiffres. On entend beaucoup parler de l’explosion de la violence, mais là, on a sous les yeux des indicateurs qui, pour une fois, vont dans le bon sens sur plusieurs fronts majeurs. Alors évidemment, tout n’est pas rose, loin de là. Mais avant de crier au fiasco ou à la réussite totale, prenons le temps de décortiquer ce qui se passe vraiment.
Un bilan qui change un peu la donne
Ce qui frappe en premier, c’est cette impression que l’État a décidé de passer à la vitesse supérieure. Depuis un an, trois gros dispositifs tournent à plein régime : les plans départementaux pour restaurer la sécurité au quotidien, les villes placées sous régime de sécurité renforcée, et surtout les nouveaux outils issus de la loi votée en juin 2025 spécialement contre le narcotrafic. Et les résultats commencent à tomber.
Près de 37 050 interpellations rien que dans le cadre du plan « villes de sécurité renforcée ». Derrière ce chiffre sec, il y a des milliers de gardes à vue, plus de 6 170 personnes déférées devant la justice. C’est concret. Ça veut dire que des gars qui dealent tranquillement depuis des mois se retrouvent enfin menottés.
Des saisies de drogue qui donnent le vertige
Parlons drogue, parce que c’est là que les chiffres font vraiment mal aux trafiquants. Près de 4,87 tonnes de produits stupéfiants ont été arrachées des circuits. Oui, vous avez bien lu : presque cinq tonnes. Dont 4,45 tonnes de cannabis, 334 kg de cocaïne et 83 kg d’héroïne. Quand on sait le prix que ça représente dans la rue, on mesure le coup porté aux réseaux.
Je me souviens encore des années où on saisissait quelques dizaines de kilos et on faisait la une avec ça. Aujourd’hui, on parle en tonnes. C’est une autre échelle. Et derrière chaque kilo saisi, il y a des consommateurs qui ne tomberont pas dedans, des familles qui souffrent un peu moins, des quartiers qui respirent un peu mieux.
Une majorité d’indicateurs sont positifs et reflètent la hausse de l’activité des services.
Extrait du courrier ministériel
Le désarmement des rues : une priorité qui paie
L’autre gros morceau, c’est le port d’armes. On le sait, les fusillades entre bandes rivales, c’est devenu presque banal dans certaines villes. Eh bien là aussi, l’État tape fort : 2 665 armes saisies en un an. Ça va des pistolets automatiques aux couteaux en passant par tout ce qu’on peut imaginer.
Ce qui m’a particulièrement marqué, c’est l’explosion des verbalisations pour port d’armes blanches : +308,4 %. Autrement dit, les contrôles sont devenus systématiques. Finis les adolescents qui se baladent avec un couteau dans le jogging « au cas où ». Les forces de l’ordre ne laissent plus rien passer.
- Des milliers de contrôles dans les commerces (1 899 précisément)
- 262 fermetures administratives définitives ou temporaires
- Des débits de boissons, épiceries de nuit, bars à chicha transformés en points de deal qui ferment boutique
Et là, on touche à quelque chose d’essentiel : couper l’oxygène économique des trafiquants. Un commerce fermé, c’est un lieu de blanchiment en moins, un point de ralliement qui disparaît, un message clair envoyé à toute la chaîne.
Les nouveaux pouvoirs des préfets : l’arme administrative
Ce qui change vraiment la donne depuis la loi de juin 2025, ce sont les pouvoirs renforcés donnés aux préfets. On ne parle plus seulement de police judiciaire, mais d’une véritable guerre administrative contre les trafiquants.
Au 30 septembre, on comptait déjà :
- 438 interdictions de paraître (le dealer n’a plus le droit de remettre les pieds dans son quartier)
- 37 fermetures de commerce supplémentaires grâce aux nouveaux textes
- 49 injonctions d’expulsion lancées contre des locataires impliqués dans le trafic (même dans le parc social)
C’est une petite révolution. Avant, on arrêtait le gars, il sortait trois jours après et reprenait son business. Aujourd’hui, on le frappe là où ça fait mal : son territoire, son logement, son commerce. On le déstabilise complètement.
Mais tout n’est pas réglé, loin de là
Attention, ne nous emballons pas. Le ministre est le premier à le reconnaître : certains indicateurs restent dans le rouge vif. Et pas des moindres.
Les vols avec violence ? +12,4 %. Dans les transports en commun ? +2,2 % avec violence, +12,4 % sans violence. Les dégradations volontaires ? +18,4 %. Autant dire que le sentiment d’insécurité, lui, ne baisse pas aussi vite que les saisies de drogue montent.
Pourquoi cette dissonance ? C’est la grande question. Est-ce que les trafiquants, acculés sur leur business principal, se rabattent sur d’autres formes de délinquance ? Est-ce que les effectifs policiers, mobilisés à fond sur le narcotrafic, laissent parfois des trous ailleurs ? Ou tout simplement que la délinquance d’appropriation a ses propres logiques ?
Le message aux préfets : on accélère encore
Ce qui est intéressant, c’est le ton du courrier. Pas de triomphalisme béat. Au contraire, le ministre tape du poing sur la table : il reste une marge de progression énorme dans l’utilisation des nouveaux outils. Traduction : « Vous avez les armes, servez-vous-en davantage ! »
Merci à tous pour votre mobilisation qui porte ses fruits avec des résultats encourageants mais qu’il faut amplifier. Je compte sur vous. On ne lâche rien !
C’est presque un cri de guerre. Et en filigrane, on sent que la pression va encore monter dans les prochains mois.
Et maintenant ? Vers une phase 3 ?
Ce qui se dessine, c’est une nouvelle étape. Après la phase répressive (saisies, interpellations), après la phase administrative (fermetures, expulsions), on sent venir une phase plus globale, presque sociétale. Le chef de l’État doit d’ailleurs réunir tous les acteurs mi-décembre pour lancer ce qu’on pourrait appeler la « phase 3 ».
Parce qu’au fond, on le sait tous : on peut saisir dix tonnes de drogue demain, si on ne s’attaque pas aux causes profondes (chômage des jeunes, désœuvrement, sentiment d’abandon), on ne fera que repousser le problème.
Mais en attendant, force est de constater que l’État a repris la main sur certains terrains. Et ça, franchement, ça fait du bien de l’écrire en cette fin d’année 2025.
Alors oui, la route est encore longue. Oui, chaque soir apporte son lot de mauvaises nouvelles. Mais pour une fois, il y a des chiffres concrets qui montrent que quand on met les moyens et la volonté politique, les choses peuvent bouger. Reste à transformer l’essai. Et là, on n’a pas le droit à l’erreur.
Et vous, dans votre quartier, ressentez-vous une différence ? Les contrôles plus fréquents, les points de deal qui ferment, les armes qui disparaissent des rues… Ça change quelque chose au quotidien ? J’ai vraiment envie de savoir ce que vous en pensez.
