Franchement, quand j’ai appris qu’un détenu considéré comme particulièrement dangereux, enfermé dans l’une des prisons les plus sécurisées de France, avait obtenu une permission de sortie juste pour « rencontrer un potentiel employeur », j’ai failli m’étouffer avec mon café. Sérieusement ? En 2025 ? On parle d’un mec censé rester derrière les barreaux jusqu’en 2029 minimum. Et pourtant, la justice l’a laissé sortir une journée entière. Résultat : tollé général, et le ministre de la Justice qui monte au créneau dès le lendemain matin à la radio. L’histoire est presque trop grosse pour être vraie, mais elle l’est.
Une permission de sortie qui passe mal
Reprenons depuis le début. Nous sommes lundi. À Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, un établissement pénitentiaire pas comme les autres. C’est là qu’on enferme les profils les plus lourds dans la lutte contre la criminalité organisée. Et parmi eux, un homme de 52 ans, condamné pour des faits liés au narcotrafic. Un dossier épais, un risque élevé. Tout le monde s’accorde là-dessus.
Et pourtant, ce lundi-là, il a le droit de quitter sa cellule. Pas pour un enterrement ou une urgence médicale, non. Pour aller voir quelqu’un qui pourrait, paraît-il, lui proposer du travail à sa sortie. Vous avez bien lu. Un narcotrafiquant jugé ultra-dangereux autorisé à prendre l’air, escorté bien sûr, mais dehors quand même. Le genre de décision qui fait bondir n’importe qui suit un peu l’actualité judiciaire.
« Comme tous les Français, je n’ai pas compris »
Gérald Darmanin, ministre de la Justice, le lendemain matin
Et il n’est pas le seul. Sur les réseaux, dans les bistrots, partout, la nouvelle fait l’effet d’une bombe. Comment un juge a-t-il pu signer ça ? La réponse officielle : c’est la loi actuelle qui le permet, et l’indépendance de la magistrature doit être respectée. Mais politiquement, c’est intenable.
Darmanin dégaine la réponse forte : un projet de loi dès janvier
Moins de 24 heures après, le garde des Sceaux est l’invité de RTL. Et là, il ne tourne pas autour du pot. Oui, la décision est légale. Oui, il faut la respecter. Mais non, ça ne peut plus durer. Sa solution ? Changer la loi, et vite.
Concrètement, il veut aligner le régime des narcotrafiquants les plus dangereux sur celui des terroristes. Aujourd’hui, un condamné pour terrorisme n’a pratiquement aucune chance d’obtenir un aménagement de peine ou une permission de sortie avant la fin de sa période de sûreté. Darmanin veut la même règle pour les gros bonnets du trafic de drogue.
Le calendrier ? Janvier 2026, présentation en Conseil des ministres. Autrement dit, ça va aller vite. Très vite même, si on considère les délais habituels pour faire passer une loi.
- Interdiction quasi-totale des permissions de sortie
- Exception uniquement pour des motifs graves (enterrements, soins médicaux lourds)
- Pas d’aménagement de peine avant la fin de la période de sûreté
- Environ 700 détenus concernés immédiatement
Pourquoi maintenant ? Parce que, selon les chiffres avancés, il y aurait environ 700 détenus en France qui entrent dans cette catégorie ultra-sensible du narcotrafic organisé. Des gens qui, même derrière les barreaux, gardent parfois un pouvoir considérable sur leurs réseaux. Laisser la porte entrouverte, même un tout petit peu, c’est prendre le risque qu’ils continuent à tirer les ficelles. Et ça, l’exécutif ne veut plus.
Les narcotrafiquants, nouveaux « intouchables » des permissions ?
J’ai trouvé la formule du ministre assez frappante : « Les narcotrafiquants ne sont pas des détenus comme les autres ». Et il n’a pas tort. Entre un voleur de poules et un baron de la cocaïne capable de commander des assassinats depuis sa cellule, il y a un monde. Pourtant, jusqu’ici, la loi faisait peu de différence sur les aménagements de peine possibles.
Avec ce futur texte, on passerait à un régime beaucoup plus strict. Un peu comme si on créait une nouvelle catégorie de détenus « hors normes ». Certains diront que c’est une atteinte aux droits. D’autres, et ils seront nombreux, répondront que la société a le droit de se protéger contre ceux qui l’ont mise en danger à très grande échelle.
Personnellement, je penche plutôt pour la deuxième option. Quand on sait le nombre de vies brisées par le trafic de drogue, difficile de pleurer sur une permission de sortie refusée pour aller « rencontrer un employeur ». Surtout quand ledit employeur n’a probablement jamais existé.
En parallèle : la grande opération fouilles dans toutes les prisons
Mais Darmanin ne s’arrête pas là. Il a aussi annoncé une vague de fouilles massives d’ici la fin de l’année. Objectif : nettoyer les cellules de tout ce qui n’a rien à faire là-dedans. Téléphones portables, drogues, clés USB… Tout y passe.
Et pour montrer qu’il ne plaisante pas, une opération coup de poing a déjà eu lieu dans la nuit à la maison d’arrêt de Nanterre. Près de 200 agents mobilisés, 70 téléphones saisis, de la drogue en quantité. Et ce n’est que le début.
On le sait, le téléphone en prison, c’est le nerf de la guerre. Avec un portable, un détenu peut continuer à gérer son business, menacer des témoins, organiser des évasions. Bref, rendre la détention beaucoup moins… dissuasive.
« C’est un enjeu essentiel de ne pas avoir de téléphones dans les prisons »
D’ici le 31 décembre, toutes les prisons françaises vont y passer. Une opération d’une ampleur rarement vue. Et en même temps, on accélère le programme de construction de nouveaux quartiers de haute sécurité. Après Vendin-le-Vieil et Condé-sur-Sarthe, ce sera Réau en Île-de-France, puis Aix et Valence d’ici fin 2026.
Et maintenant, qu’est-ce qui nous attend ?
Clairement, on entre dans une nouvelle ère pour la politique pénale française. Plus dure, plus sécuritaire, avec une cible claire : les gros poissons du narcotrafic. Le message est limpide : vous avez pourri des quartiers entiers, détruit des milliers de vies, vous ne méritez plus la moindre souplesse.
Est-ce que ça va passer sans douleur au Parlement ? Probablement pas. Il y aura des débats, des amendements, peut-être des recours. Mais vu le contexte et l’indignation populaire après cette permission de sortie, le texte a de grandes chances d’être voté assez rapidement.
En attendant, une chose est sûre : l’affaire de Vendin-le-Vieil n’aura pas été inutile. Elle aura agi comme un électrochoc. Parfois, il faut un scandale pour que les choses bougent vraiment. Et là, ça bouge. Et pas qu’un peu.
À suivre donc, de très près. Parce que ce qui se joue, c’est rien de moins que la manière dont la France veut traiter ceux qui ont fait du trafic de drogue une industrie de la mort.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Est-ce que traiter les narcotrafiquants comme les terroristes va trop loin… ou pas assez ? Les commentaires sont ouverts.
