Vous souvenez-vous de votre premier vin chaud bu sur un marché de Noël ? Cette odeur de cannelle qui vous prend aux tripes, ce froid qui vous pince les joues et, soudain, cette sensation que tout est possible ? À Strasbourg, on appelle ça tout simplement décembre.
Ce mercredi 26 novembre 2025, la capitale alsacienne rallume la grande machine à rêves. Trois cents chalets ouvrent leurs volets à 14 heures pile. Le grand sapin de la place Kléber touche presque le ciel avec ses trente mètres. Et pourtant, derrière les guirlandes et les odeurs de pain d’épices, il y a cette réalité qu’on préfère parfois oublier : la ville vit toujours avec la cicatrice de 2018.
455 éditions et toujours cette même émotion
Le Christkindelsmärik – oui, c’est son nom alsacien, le « marché de l’enfant Jésus » – n’est pas juste le plus ancien de France. C’est surtout le plus aimé. L’an dernier, 3,4 millions de visiteurs ont arpenté ses allées. Un record absolu. Cette année, on s’attend à encore plus de monde.
Moi qui ai grandi pas très loin, j’ai toujours trouvé ça dingue : une ville entière qui se transforme en décor de carte postale pendant un mois. La Petite France devient un tableau vivant, la cathédrale semble encore plus imposante sous les lumières, et même les tramways paraissent plus joyeux.
Un dispositif de sécurité qui ne fait plus débat
Allons-y franchement : on ne va pas se mentir, la sécurité est devenue le sujet numéro un. Et c’est normal.
Mille agents chaque jour. Policiers nationaux, municipaux, gendarmes, CRS, pompiers, bénévoles de la Croix-Rouge. Des drones qui survolent le centre-ville en permanence. Des portiques de contrôle à chaque entrée du cœur historique. Des rues en sens unique les week-ends pour éviter les mouvements de foule.
« On veut garder l’esprit festif et populaire d’un grand événement international tout en garantissant la plus grande sécurité possible. »
– La maire de Strasbourg
Et vous savez quoi ? Ça fonctionne. L’an dernier, malgré l’affluence record, zéro incident majeur. Les gens acceptent les contrôles, rangent leur sac avec le sourire, parce qu’ils savent pourquoi c’est nécessaire.
Comment circuler sans perdre l’âme de Noël ?
Le centre-ville est découpé en plusieurs zones. Entre 11h30 et 21h, on entre par des points précis. C’est un peu comme un grand jeu de société version réelle : il faut connaître les bonnes portes.
- Place de la Cathédrale → accès par la rue Mercière ou la rue du Maroquin
- Place Kléber → entrée principale côté Aubette
- Petite France → filtrage rue du Bain-aux-Plantes
- Place Broglie → contrôle rue de la Division Leclerc
Conseil de quelqu’un qui y va tous les ans : venez plutôt en semaine en fin d’après-midi. Moins de monde, plus de magie. Et surtout, prenez le temps de flâner dans les petites rues moins connues. C’est là que se cachent les plus beaux chalets.
Le vin chaud : comment ne pas se faire avoir
Petit secret entre nous : tous les vins chauds ne se valent pas. Loin de là.
Le vrai, l’authentique, celui qui vous réchauffe l’âme, est préparé minute dans une grande marmite en cuivre. Vous sentez l’orange fraîche, la badiane, le clou de girofle. Le faux, lui, sort d’un bidon en plastique réchauffé au micro-ondes. Beurk.
- Les bons plans : les chalets tenus par des vignerons alsaciens (regardez s’il y a des bouteilles vides derrière le comptoir)
- Le prix honnête : entre 4 et 5 € avec la tasse consignée
- La couleur : un beau rouge profond, jamais trop clair
- La température : ça doit fumer, pas brûler la langue
Cette année, Noël a aussi un cœur immense
Parmi les nouveautés 2025, il y a cette opération qui me touche particulièrement : le « sapin solidaire ».
L’idée est simple et belle : des milliers de boules accrochées au grand sapin portent un vœu d’enfant défavorisé. Les visiteurs peuvent en choisir une et offrir le cadeau correspondant. Objectif : 300 enfants qui auront, eux aussi, un vrai Noël.
Franchement, quand je vois ça, je me dis qu’on a encore de belles raisons d’y croire.
Un baptême du feu dès le premier soir
Ce soir, le marché va vivre son premier vrai test. Plusieurs centaines de supporters anglais débarquent pour le match de coupe d’Europe entre le Racing et Crystal Palace.
Ambiance garantie. Les Anglais adorent Strasbourg à Noël (et le vin chaud). Les forces de l’ordre seront particulièrement vigilantes, mais l’expérience des années précédentes montre que tout se passe généralement très bien. Un peu de chants, beaucoup de bières… et beaucoup de selfies devant la cathédrale.
Mes coups de cœur à ne pas rater
- Le chalet des bredeles place de la Cathédrale (ceux de ma grand-mère n’ont qu’à bien se tenir)
- Les décorations en verre soufflé de Meisenthal, rue des Orfèvres
- Le manala géant chez Christian (vous savez, ce bonhomme brioché qui sourit)
- La patinoire éphémère place Dauphine pour les enfants
- Et surtout : le vin chaud à la myrtille du chalet 127 place Gutenberg. Une tuerie.
Strasbourg, en décembre, c’est plus qu’un marché. C’est une parenthèse. Un endroit où, l’espace de quelques heures, on oublie un peu le monde tel qu’il va.
Oui, il y a des contrôles. Oui, il y a des drones dans le ciel. Mais il y a surtout des sourires, des chants, des enfants émerveillés devant des vitrines, des couples qui se tiennent la main un peu plus fort.
Alors si vous hésitez encore, venez. Prenez le train, réservez une chambre dans une petite winstub, et laissez-vous porter.
Parce qu’à Strasbourg, en cette fin novembre 2025, la magie de Noël est plus forte que tout le reste.
Et ça, croyez-moi, ça ne s’explique pas.
Ça se vit.
