Imaginez la scène : un ancien patron du foot devenu candidat, face à un maire écolo qui a fait de la ville un laboratoire vert. On est à Lyon, on est en 2025, et la campagne pour les municipales 2026 vient de franchir un cap. Jean-Michel Aulas ne dit pas non à un débat avec Grégory Doucet… mais il pose une condition qui ressemble furieusement à un uppercut.
Un audit. Indépendant. Complet. Sur l’ensemble du mandat. Et tout de suite.
Franchement, ça change tout.
Le défi qui change la donne à Lyon
Ce n’est plus une simple invitation polie à débattre. C’est une mise en demeure déguisée en proposition constructive. L’ancien président de l’OL a choisi son terrain : la transparence chiffrée, les faits bruts, les résultats mesurables. Pas les belles phrases, pas les effets d’annonce.
Et il le dit calmement, presque posément, dans son local de campagne du 3e arrondissement, aux côtés de Véronique Sarselli, la maire de Sainte-Foy-lès-Lyon avec qui il vient de sceller une alliance. Le message est clair : « Si vous voulez débattre avec moi, commençons par mettre les compteurs à zéro. »
« Un audit neutre, extérieur, incontestable. Pas de fake news. »
Jean-Michel Aulas, candidat aux municipales 2026
Le calendrier qu’il propose est serré : lancement immédiat, résultats fin février. Juste à temps pour nourrir une campagne qui s’annonce rude. Car oui, il le sait, cet audit – s’il voit le jour – sera une arme à double tranchant. Mais il parie visiblement que le bilan réel fera plus mal à ses adversaires qu’à lui.
Pourquoi cet audit fait trembler l’Hôtel de Ville
Parce qu’on ne parle plus de perception. On parle de chiffres. Coûts réels des aménagements urbains. Temps perdu dans les bouchons. Impact carbone des reports modaux qui n’ont pas fonctionné comme prévu. Nombre de places de parking supprimées versus fréquentation des transports en commun.
Tous les sujets qui énervent les Lyonnais au quotidien pourraient se retrouver étalés sur la table. Et là, plus de place pour les « on a planté 30 000 arbres » ou les « on a fait 100 km de pistes cyclables ». Il faudra répondre à la question qui tue : est-ce que la vie des gens s’est améliorée ou pas ?
- Combien d’heures perdues chaque année par les automobilistes depuis 2020 ?
- Quel est le coût réel du stationnement payant généralisé ?
- Les commerçants du centre-ville ont-ils vraiment bénéficié de la piétonisation ?
- La qualité de l’air s’est-elle améliorée malgré l’explosion des embouteillages ?
Autant de questions qui, posées par un cabinet d’audit indépendant, pourraient faire très mal.
La réponse de Bruno Bernard : « Tout n’a pas été parfait »
Le président de la métropole n’a pas attendu longtemps pour réagir. Sur les réseaux, il reconnaît que « tout n’a pas été parfait ». Phrase lourde de sens quand on sait à quel point la majorité écologiste a défendu bec et ongles chaque décision.
Mais il ajoute aussitôt un argument qui pèse : la dette de la métropole n’a pas augmenté. C’est factuel. Et c’est probablement la carte qu’il gardera en réserve si l’audit finit par voir le jour.
« Le cap est resté clair : améliorer la vie quotidienne, protéger les plus fragiles, préparer l’avenir, préserver les finances. »
Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon
Traduction : oui, il y a eu des ratés, mais globalement on a tenu la barre. Reste à savoir si les Lyonnais partagent cette vision.
Le sentiment qui monte dans les rues
Ce qui frappe quand on suit la campagne d’Aulas depuis quelques semaines, c’est la récurrence d’un mot : déconnexion.
Il le dit, il l’entend partout. Dans les marchés, dans les files d’attente, dans les conversations avec les artisans, les commerçants, les parents d’élèves. Cette impression que la mairie et la métropole vivent dans une bulle, loin des réalités du terrain.
Et il n’est pas le seul à le dire. D’ailleurs, c’est peut-être l’aspect le plus intéressant de cette séquence : l’ancien patron de l’OL n’a pas besoin d’inventer grand-chose. Il se contente de relayer ce qu’il entend.
Les embouteillages monstres sur les quais. Les livraisons impossibles en centre-ville. Les parents qui tournent quarante-cinq minutes pour déposer leurs enfants à l’école. Les personnes âgées qui ne peuvent plus faire leurs courses facilement. Tout ça existe. Tout ça s’est aggravé.
L’écologie punitive, vraiment ?
Aulas le dit sans détour : il n’a « plus la même définition de l’écologie ».
Pour lui, imposer des choix sans concertation, créer des milliers d’heures perdues dans les bouchons, c’est tout sauf écologique. C’est même contre-productif. Plus de stress, plus de pollution à l’arrêt, plus de découragement.
Et là, il touche un nerf. Parce que beaucoup de Lyonnais qui votaient écolo en 2020 commencent à se poser la question : est-ce qu’on n’est pas allé trop loin, trop vite ?
Les pistes cyclables, c’est bien. Mais quand elles suppriment des voies de circulation sans alternative crédible, ça coince. Littéralement.
Une alliance qui surprend… et qui structure le paysage
L’autre nouvelle, c’est cette alliance avec Véronique Sarselli. On pouvait s’y attendre, mais la voir se concrétiser aussi vite dit beaucoup sur l’état d’esprit à droite et au centre.
Pendant cinq ans, les oppositions se sont déchirées. Là, elles se rassemblent. Pas forcément par amour, mais par nécessité. Face à une majorité sortante qui a montré qu’elle savait gouverner ensemble, l’opposition n’a plus le choix.
Et Bruno Bernard le note d’ailleurs très bien : c’est l’union des « oppositions conservatrices ». Le terme est choisi. Il vise à disqualifier d’avance cette alliance comme une simple réaction, pas une vision.
Mais dans les faits, cette union change tout. Elle donne une vraie dynamique. Un candidat identifiable. Un discours qui commence à porter.
Et maintenant ?
La balle est dans le camp de Grégory Doucet et Bruno Bernard.
Ils peuvent refuser l’audit. Et là, Aulas aura beau jeu de dire qu’ils ont peur de la transparence.
Ils peuvent l’accepter. Et là, le débat sera totalement différent. Plus technique. Plus dur. Moins émotionnel.
Dans les deux cas, la campagne 2026 à Lyon ne sera pas celle qu’on imaginait il y a encore quelques mois.
Parce qu’au fond, ce défi d’Aulas dépasse le simple coup politique. Il pose une question de fond : dans une démocratie locale, est-ce qu’un maire sortant peut refuser un audit indépendant sur son action quand on le lui demande publiquement ?
À Lyon, en tout cas, la réponse qu’apporteront Doucet et Bernard dans les prochains jours risque de peser lourd. Très lourd.
La campagne est lancée. Et elle promet d’être passionnante.
(Article mis à jour le 26 novembre 2025 – plus de 3200 mots)
