Vous est-il déjà arrivé de regarder une tour en feu à la télévision et de vous dire que ça n’arrive qu’aux autres ? Hier soir, à Hongkong, la réalité a rattrapé des milliers de familles en quelques minutes seulement.
J’étais en train de prendre un thé quand la notification est tombée. Un incendie monstre dans le quartier de Tai Po. Les premières images montraient déjà sept des huit immeubles du complexe Wang Fuk Court en train de brûler comme des torches géantes. Et puis le chiffre est arrivé : 36 morts, 279 disparus. Le cœur s’arrête.
Un sinistre qui défie l’imagination
Ce n’est pas juste un feu. C’est un cauchemar urbain en direct.
Le complexe résidentiel concerné abrite plus de 4 000 personnes. Des familles entières, des personnes âgées, des enfants. Des tours comme on en voit partout à Hongkong : hautes, densément peuplées, et souvent entourées de ces célèbres échafaudages en bambou qui servent aux travaux extérieurs. Sauf que cette fois, ces structures légendaires se sont transformées en allumettes géantes.
Les pompiers, pourtant réputés parmi les plus efficaces d’Asie, luttent depuis plus de vingt-quatre heures. Les températures à l’intérieur des bâtiments sont tellement extrêmes qu’ils ne peuvent pas pénétrer partout. Des débris tombent, les échafaudages s’effondrent dans des craquements sinistres. Et pendant ce temps, des centaines de personnes restent introuvables.
Le bilan humain qui glace le sang
À l’heure où j’écris ces lignes, le dernier bilan officiel fait état de :
- 36 personnes décédées
- 279 toujours portées disparues
- 29 hospitalisées, dont 7 dans un état critique
- Un pompier de 37 ans mort en service
Ce pompier-là, on a perdu le contact avec lui pendant une demi-heure. Quand les collègues l’ont retrouvé, il était brûlé au visage. Il n’a pas survécu. Juste à y penser, on a la gorge serrée.
« Les températures sont extrêmement élevées à l’intérieur des tours »
– Un responsable des pompiers sur place
Ce n’est pas une phrase en l’air. C’est la réalité qui empêche les secours d’avancer aussi vite qu’ils le voudraient.
Pourquoi ça brûle si fort ?
La question que tout le monde se pose : comment un feu a-t-il pu se propager à sept tours aussi rapidement ?
Plusieurs éléments se combinent, et franchement, c’est terrifiant :
- Les échafaudages en bambou, très présents à Hongkong, brûlent comme du papier
- La densité extrême des appartements favorise la propagation
- Les matériaux de construction, parfois anciens, n’ont pas tous les standards modernes
- Le vent a peut-être joué un rôle dans la diffusion des flammes d’une tour à l’autre
Je me souviens d’un autre incendie, il y a à peine un mois, dans le quartier des affaires. Déjà des échafaudages. Déjà des blessés. On se disait que c’était un accident isolé. Visiblement non.
Et là, on parle d’un quartier populaire, pas d’une tour de luxe. Des gens qui n’ont souvent pas les moyens de vivre ailleurs. Ça rend la tragédie encore plus injuste.
La nuit où le ciel de Tai Po est devenu orange
Ceux qui étaient sur place racontent des scènes d’apocalypse.
Des flammes qui montent à des dizaines de mètres. Des bruits de verre qui éclate. Des craquements effrayants quand les échafaudages s’effondrent. Et cette fumée noire, tellement épaisse qu’elle cache presque les immeubles.
« C’est déchirant. On se demande avec inquiétude s’il y a des gens bloqués à l’intérieur »
– Un habitant du quartier, 57 ans
Nuit après nuit, les pompiers continuent. Les évacuations ont permis de mettre 900 personnes en sécurité, mais combien sont encore coincées ? Les recherches porte-à-porte sont impossibles dans certaines zones. Chaque heure qui passe rend l’espoir un peu plus fragile.
Une réaction au plus haut niveau
Le président chinois a réagi rapidement. Il a présenté ses condoléances et demandé que tout soit mis en œuvre pour sauver le maximum de vies. Le chef de l’exécutif local s’est dit « profondément attristé » et a mobilisé tous les services possibles.
Des abris temporaires ont été ouverts. Les habitants évacués sont pris en charge. Mais on sent bien que la priorité absolue, c’est de retrouver les disparus. Vivants, si c’est encore possible.
Hongkong et le feu : une vieille histoire
Il faut le dire : les incendies, Hongkong connaît. Pendant des décennies, c’était presque courant dans les quartiers pauvres. Des bâtiments vétustes, des installations électriques douteuses, des matériaux inflammables partout.
Puis les normes se sont renforcées. Les grands feux sont devenus plus rares. On pensait le problème sous contrôle.
Et là, bam. Un rappel brutal que la vigilance ne doit jamais baisser. Surtout dans une ville où les gens vivent les uns sur les autres, où chaque mètre carré compte, où la moindre étincelle peut devenir une catastrophe.
Et maintenant ?
Le feu n’est toujours pas maîtrisé à 100 %. Les pompiers continuent, épuisés, mais déterminés. Le jour se lève sur Tai Po et la ville retient son souffle.
Il y aura une enquête, c’est certain. On cherchera l’origine exacte du sinistre. On parlera sans doute des échafaudages en bambou, de leur danger en cas d’incendie. Peut-être que des règles vont changer.
Mais pour l’instant, il y a surtout des familles qui attendent. Des mères qui espèrent revoir leurs enfants. Des enfants qui cherchent leurs parents. Et un pompier qui ne rentrera pas chez lui.
Parfois, l’actualité nous frappe en plein cœur. Aujourd’hui, c’est l’un de ces jours.
On suivra l’évolution heure par heure. Et on pensera très fort à tous ceux qui, là-bas, vivent l’enfer.
