Franchement, il y a des soirées où on se dit que le football français vit peut-être sa plus belle époque à l’étranger. Mercredi, la Ligue des champions a offert un festival tricolore qu’on n’est pas près d’oublier. Un gamin de Bondy qui plante quatre pions sous le maillot merengue, un ancien Parisien qui revient hanter son ancien jardin avec un doublé… Non, ce n’est pas un rêve de supporter des Bleus, c’est simplement ce qui s’est passé. Allez, on rembobine tout ça tranquillement.
Une soirée où les Français ont tout simplement dominé l’Europe
Quand on regarde les performances collectives des clubs français ces derniers temps, on a parfois le moral dans les chaussettes. Et puis arrive une soirée comme celle-là et on se rappelle pourquoi on passe nos nuits devant le foot. Nos expatriés ont décidé de rappeler au continent entier qu’on forme encore des monstres.
Kylian Mbappé, le sauveur devenu serial buteur
On va commencer par le plat principal, évidemment. Kylian Mbappé qui inscrit son premier quadruplé en Ligue des champions sur la pelouse de l’Olympiakos, ça ne s’invente pas. 4-3 score final, et pourtant le Real était mené 2-0 après vingt minutes. Vous savez ce que ça veut dire ? Que sans lui, Madrid rentrait à la maison avec une défaite humiliante en Grèce.
Le plus impressionnant ? La variété. Un but du droit, un du gauche, un de la tête – oui, de la tête, j’ai dû vérifier deux fois – et le dernier en finesse après avoir éliminé trois défenseurs comme s’ils étaient des plots. À 26 ans, il semble avoir atteint une nouvelle dimension au Real. On parlait d’adaptation compliquée, de cohabitation délicate avec Vinícius et Rodrygo… Là, il a juste répondu sur le terrain. Comme d’habitude.
Quand tu marques quatre fois en C1 à l’extérieur, tu n’as plus besoin de parler. Le terrain a parlé pour toi.
Et puis il y a ce détail qui tue : il perd le ballon sur l’ouverture du score grecque. Erreur de jeunesse ? Pas vraiment. Plutôt la preuve qu’il assume tout, même les responsabilités qui brûlent. Résultat ? Il transforme sa faute en motivation et va chercher la victoire presque seul. Ça, c’est la marque des très grands.
Randal Kolo Muani, la revanche XXL
De l’autre côté de la Manche, un autre Français a décidé de marquer les esprits. Randal Kolo Muani, prêté par Paris à Tottenham, affrontait son ancien club. Et il n’a pas fait dans la dentelle : une passe décisive de la tête, deux buts, une activité de tous les instants. Le tout pour… une défaite 3-5. Cruel, mais tellement révélateur.
Ce qui frappe, c’est le contraste. Au PSG, il semblait perdu, maladroit, presque timide. À Londres, il court partout, gagne des duels aériens, pèse sur les défenses. Est-ce l’effet Premier League ? Le changement d’air ? Ou simplement la confiance d’un coach qui croit en lui ? Toujours est-il que ce Kolo Muani-là ressemble enfin au joueur qu’on attendait quand Paris a cassé la tirelire.
- 35e : passe décisive de la tête pour Richarlison
- 50e : premier but personnel, opportuniste
- 72e : deuxième pion, après un pressing haut payant
- 15 ballons perdus quand même – il reste perfectible, mais quel impact !
Frustrant pour Tottenham qui s’incline, mais quelle claque pour ceux qui l’enterraient trop vite. Personnellement, je pense qu’on assiste à une renaissance. Et quelque part, ça fait du bien de le voir sourire à nouveau.
Les soldats de l’ombre qui ont aussi brillé
Parce qu’il n’y a pas que les attaquants dans la vie, regardons ceux qui ont bossé dans l’ombre.
Eduardo Camavinga et Aurélien Tchouaméni au milieu ? Une masterclass. Le premier offre le troisième but à Mbappé d’une passe laser, récupère un nombre incalculable de ballons. Le second, de retour de blessure, frappe la barre, envoie des transversales de 40 mètres et finit même en défense centrale. On parle de deux gamins de 22 et 25 ans qui tiennent le milieu du Real Madrid comme des vétérans. Hallucinant.
Ferland Mendy, titularisé pour la première fois depuis des lustres, a livré 90 minutes solides à gauche. Pas de fioritures, mais une rigueur défensive qui fait plaisir à voir. Quand on sait qu’il était quasiment sur la liste des transferts l’été dernier… Le football, parfois, c’est aussi des secondes chances.
Les satisfactions discrètes et les petites déceptions
À Londres toujours, William Saliba a encore montré pourquoi Arsenal a payé si cher. Six récupérations, Harry Kane muselé, placement irréprochable. À côté, Dayot Upamecano a souffert face aux Gunners – une perte de balle fatale, des duels perdus… La hiérarchie en sélection risque de s’éclaircir rapidement.
Michael Olise, lui, a été plutôt discret avec le Bayern. Quelques dribbles, mais peu d’influence dans le dernier geste. On attend plus du prodige, surtout après ses débuts tonitruants.
À Madrid, Antoine Griezmann entre en jeu et change tout pour l’Atlético : une passe décisive sur corner pour la victoire dans les arrêts de jeu. Décisif, comme toujours. En face, Ange-Yoan Bonny a montré de très belles choses avec l’Inter avant de sortir. Le gamin a du talent à revendre.
Et les autres alors ?
Petit tour rapide des autres Français :
- Ibrahima Konaté : une grosse erreur qui coûte un but à Liverpool, sinon correct
- Hugo Ekitike : sorti blessé et frustré avec le PSV, soirée à oublier
- Wilson Odobert : dix minutes, une frappe, pas grand-chose d’autre
- Marcus Thuram : peu de ballons mais un centre dangereux
- Les jeunes Bahoya, Wahi, Diakhon, Zague : entrées anecdotiques
Rien de transcendant, mais pas de catastrophe non plus. Dans une soirée aussi riche, c’est presque normal que certains passent au second plan.
Ce que ça dit de l’état du football français
Au-delà des performances individuelles, cette soirée pose une question intéressante : pourquoi nos meilleurs joueurs brillent-ils autant dès qu’ils quittent la Ligue 1 ? Mbappé, Kolo Muani, Saliba, Camavinga, Tchouaméni… Tous ont franchi un cap en changeant d’air.
Est-ce un problème de niveau du championnat français ? De pression médiatique ? D’exposition ? Probablement un peu de tout ça. Ce qui est sûr, c’est que la formation française reste l’une des meilleures au monde. On produit des cracks, simplement ils explosent souvent ailleurs.
Et quelque part, c’est aussi une immense fierté. Quand tu vois le maillot du Real, de Tottenham, d’Arsenal, du Bayern porté par des Français qui font la différence… Tu te dis que le drapeau tricolore voyage bien.
Alors oui, il y aura toujours des soirs où le PSG prendra l’eau ou Monaco sombrera sur coups de pied arrêtés. Mais tant que des gars comme Mbappé continueront à mettre des quadruplés en Grèce et que Kolo Muani reviendra hanter ses anciens clubs, le football français pourra dormir tranquille.
Cette génération dorée est en train d’écrire sa légende loin de nos bases. Et franchement ? On a plutôt intérêt à en profiter. Parce que des soirées comme celle-là, on n’en vivra peut-être plus avant longtemps.
Allez, on se retrouve la semaine prochaine pour la suite des aventures de nos expatriés. En attendant, savourez. C’était du très grand art.
