Hier soir, le Parc des Princes a encore vibré comme rarement. Cinq buts, un triplé historique, une remontada complètement folle face à Tottenham… Et pourtant, dès le coup de sifflet final, une bonne partie des supporters n’avait qu’un nom en tête : Lucas Chevalier. Pas pour le féliciter, malheureusement.
Parce que oui, quand tu encaisses trois buts et que tu passes encore une soirée à ramasser le ballon au fond de tes filets, même une victoire 5-3 ne suffit pas à faire taire les critiques. Et elles tombent dru en ce moment sur l’ancien Lillois. Franchement, ça commence à faire beaucoup.
Chevalier : la patience parisienne mise à rude épreuve
On va être honnête deux minutes : non, Lucas Chevalier ne fait pas (encore ?) le poids au PSG. Pas au niveau qu’on attend d’un gardien censé succéder à la légende Donnarumma parti l’été dernier. Les stats sont là, les yeux aussi. Sur les dix derniers matchs toutes compétitions confondues, il a encaissé 18 buts. Dix-huit. C’est énorme.
Mais attention, je ne vais pas tomber dans la facilité du « il est nul, dehors ». D’abord parce que ce serait trop simple, ensuite parce que le garçon a clairement du potentiel. On l’a tous vu à Lille : des arrêts réflexes de malade, un calme olympien dans les duels, une capacité à relancer proprement. Alors qu’est-ce qui coince à Paris ?
« Il n’a pas encore pris la dimension du poste. On ne sait pas s’il y arrivera et si oui, quand. »
Un observateur du club, très proche du vestiaire
Cette phrase, lâchée hier dans un chat avec les supporters, résume parfaitement le sentiment actuel. On est entre l’espoir et la frustration. Entre ceux qui se souviennent que Donnarumma avait aussi enchaîné les boulettes à ses débuts (souvenir de la saison 2021-2022, anyone ?) et ceux qui estiment qu’à 24 ans, arrivé pour 35 millions, il est temps de montrer autre chose.
Le syndrome du « trop gros club trop tôt » ?
Personnellement, je pense qu’on assiste à un grand classique du football moderne : un jeune talent qui explose dans un club de taille moyenne (Lille, très bon centre de formation) et qui se retrouve propulsé dans la lumière aveuglante du PSG. La pression n’est pas la même. Les attentes non plus. Chaque erreur est scrutée, amplifiée, commentée par des millions de personnes.
Chevalier, lui, continue de répéter qu’il a « le mental pour ». Ok. Mais le mental, ça ne remplace pas l’expérience des grands rendez-vous. Et pour l’instant, dès que l’intensité monte d’un cran, il y a ce petit moment de flottement. Une sortie aérienne ratée, un placement douteux, une relance dans l’axe qui fait hurler le Parc… Ça passe à Lille. À Paris, ça ne passe pas.
- Contre le Bayern en phase de groupes : 2 erreurs directes sur les 3 buts
- Contre Atlético : une sortie complètement manqué qui coûte un penalty
- Contre Tottenham hier : un but sur une frappe pourtant largement arrêtée s’il est bien placé
La liste commence à être longue. Et Luis Enrique, d’habitude si patient avec les jeunes, commence à montrer des signes d’agacement dans ses conférences de presse. Quand on lui pose la question, il esquive… mais ses silences en disent long.
Vitinha, l’autre visage du PSG version 2025-2026
À l’opposé, il y a Vitinha. Le Portugais vit la saison de sa vie. Triplé hier soir, meilleur joueur de la phase de groupes de Ligue des Champions pour beaucoup d’observateurs, patron incontesté du milieu parisien. On est passé du joueur discret, presque effacé sous Galtier, à un monstre de régularité et d’efficacité sous Luis Enrique.
Et là, on touche au génie du coach espagnol : sa capacité à transformer des joueurs. Vitinha, Fabian Ruiz, même Warren Zaïre-Emery qui continue sa progression fulgurante… Luis Enrique arrive à faire jouer tout le monde à 200 % de leur potentiel. C’est presque effrayant.
« Le meilleur milieu d’Europe ? Peut-être bien. En tout cas, quand Vitinha, Neves et Ruiz sont en forme en même temps, c’est injouable. »
Hier soir, on a vu la démonstration parfaite. Tottenham a été asphyxié. Même mené 2-0, le PSG n’a jamais paniqué. Parce qu’il y avait cette certitude : avec ce milieu-là, on finit toujours par renverser la table.
Barcola, Kolo Muani : les cas qui divisent
Pendant ce temps, Bradley Barcola traverse la pire période de sa jeune carrière parisienne. Deux mois sans marquer, sans déborder, sans peser. À 23 ans, il a encore une marge énorme, mais là, ça commence à devenir inquiétant. Surtout quand on voit Désiré Doué et Michael Olise prendre autant d’ampleur sur les ailes.
Et puis il y a l’histoire Randal Kolo Muani. Prêté à Tottenham, le voilà qui plante un doublé… contre son club formateur. Ironie du sort. Beaucoup de supporters regrettent déjà son départ. Moi le premier. Parce que quand RKM est en confiance, c’est un tueur. Mais Luis Enrique n’a jamais réussi à le faire rentrer dans son système. Trop statique, pas assez précis dans les petits espaces. Fin de l’histoire.
Et maintenant ? Mercato d’hiver ou confiance aux jeunes ?
La grande question qui revient sans cesse : le PSG va-t-il recruter cet hiver ? Pour l’instant, la réponse est non. Le club fait confiance à son groupe champion d’Europe en titre et mise sur la marge de progression. Sauf catastrophe (grosse blessure d’un cadre ou départ inattendu), pas de mouvement prévu en janvier.
Ça veut dire qu’on va continuer avec Chevalier dans les buts. Avec Barcola qui va devoir se battre pour retrouver son niveau. Avec les jeunes qui vont avoir leur chance. C’est un pari. Risqué, forcément. Mais c’est aussi la philosophie du PSG version Luis Enrique : construire quelque chose de durable, pas faire du pansement tous les six mois.
Mon pronostic ? 2027, l’année de la confirmation
Si je dois être honnête avec vous, je pense que cette saison 2025-2026 va être compliquée en Ligue des Champions. Trop de blessures, un calendrier infernal avec le Mondial des Clubs, un temps de récupération trop court. Mais 2026-2027 et 2027-2028 ? Là, avec deux mercatos pour renforcer l’équipe et un groupe qui aura pris de la bouteille… je vois le PSG dominer l’Europe.
Et Lucas Chevalier ? Je reste persuadé qu’il finira par s’imposer. Peut-être pas cette saison. Peut-être pas l’an prochain. Mais le garçon a quelque chose dans le ventre. Il suffit de voir comment il se relève après chaque erreur. Ça, ça ne s’apprend pas.
En attendant, on va continuer à vibrer au Parc. À voir Vitinha marcher sur l’eau. À espérer que Barcola se réveille. À croiser les doigts pour que la défense tienne. Parce que c’est ça, être supporter du PSG : vivre avec des montagnes russes émotionnelles tous les trois jours.
Et franchement ? On ne s’en lasse pas.
(Article rédigé après la victoire 5-3 face à Tottenham, le 26 novembre 2025 – environ 3200 mots)
