Il y a des soirs où le football vous rappelle qu’une victoire peut être à la fois éclatante et inquiétante. Mercredi, le Parc des Princes a vécu ça : 5-3 face à Tottenham, un score de basket, un récital individuel de Vitinha, mais aussi des trous béants qui font douter. On ressort du match avec l’envie de crier au génie et celle de gratter sous le vernis. Parce que oui, Paris reste solidement accroché au top 8 de cette Ligue des Champions new look, mais à quel prix ?
Quand le milieu porte tout le poids du club
Commençons par l’évidence : Vitinha a été monstrueux. Un triplé, du droit, du gauche, un penalty arraché et transformé, une influence sur absolument tous les moments forts du PSG. À 25 ans, le Portugais vit une année 2025 stratosphérique et confirme qu’il est aujourd’hui le joueur le plus indispensable de l’effectif parisien.
Ce n’est pas nouveau, mais ça devient criant : quand Paris vacille, c’est son milieu qui le remet à flot. Joao Neves qui trouve Fabian Ruiz sur le troisième but, Lucas Hernandez qui déclenche le pressing amont, Vitinha qui nettoie la lucarne ou combine à dix mètres. Le triangle du milieu a sauvé la soirée, comme il sauve beaucoup de soirées depuis le début de saison.
« On a été menés deux fois, ça montre notre caractère et notre force mentale. »
Vitinha, en zone mixte
Il a raison. Mais il dit aussi, en creux, que le collectif a encore besoin d’être mené par la main dans les moments compliqués. Et ça, c’est le vrai sujet.
Une première heure sans rythme ni folie
Pendant soixante minutes, le PSG a été… moyen. Voire franchement moyen. Circulation lente, peu d’appels croisés, attaquants souvent esseulés. Le jeune Quentin Ndjantou, 18 ans, titularisé en pointe par nécessité, a fait ce qu’il a pu mais n’a jamais été mis dans les meilleures conditions. Barcola et Kvaratskhelia ont eu des éclairs, sans plus.
Et puis il y a eu ces deux buts encaissés sur à peine trois tirs cadrés adverses. Richarlison d’abord, Kolo Muani ensuite – oui, l’ancien Parisien a encore fait très mal à son ancien club. Tottenham, pourtant pas au niveau des cadors cette saison, a mené deux fois au score. Ça fait beaucoup pour un prétendant au dernier carré.
- Pressing haut ? Disparu depuis plusieurs semaines
- Déplacements collectifs fluides ? En option
- Défense imperméable ? On repassera
On sent une équipe qui compense ses baisses de régime par des exploits individuels plus que par une domination collective. C’est efficace à court terme. Est-ce tenable sur la durée en C1 ? La question mérite d’être posée.
Kolo Muani, le paradoxe cruel
Parlons-en de Randal Kolo Muani. Deux buts, une passe décisive, une activité de tous les instants. L’ancien Nantais et Francfortois a livré, selon beaucoup d’observateurs, son meilleur match au Parc des Princes… mais avec le maillot de Tottenham. Le genre de performance qui doit faire mal aux supporters parisiens.
Il a montré exactement ce qu’on attendait de lui sous le maillot rouge et bleu : vitesse, appels, finition, générosité. Tout ce qui lui a parfois manqué à Paris. Le football a parfois de ces ironies qui piquent.
Luis Enrique dans la tribune : symbole d’une période étrange
On a vu Luis Enrique passer toute la première période perché en tribune, suspendu. Et franchement, ça n’a rien changé. Le PSG a joué comme il joue souvent ces temps-ci en début de match : sans intensité, sans folie. Comme si l’absence de l’Espagnol sur le banc n’était qu’un détail.
Est-ce un problème de message qui ne passe plus ? D’effectif trop chamboulé par les blessures ? De préparation physique en retard ? Probablement un peu de tout ça. Toujours est-il que le PSG version 2025 ressemble plus à une bonne équipe solide qu’à la machine qui terrorisait l’Europe au printemps dernier.
Et maintenant ?
Paris est deuxième du classement général de la Ligue des Champions, qualifié directement pour les huitièmes. Objectif atteint. Mais on sent bien que cette équipe n’est pas encore au niveau qu’elle vise. Le retour progressif des cadres (Dembélé a rejoué sans se blesser, c’est déjà une victoire), une trêve hivernale pour recharger les batteries, et peut-être un mercato pour ajuster quelques postes.
Parce que face à une défense aussi fragile que celle de Tottenham hier, tout va bien. Mais face au Bayern, à Manchester City ou au Real version Mbappé en feu, ça risque de piquer sévère si le collectif ne monte pas d’un cran.
« Il nous reste à garder l’envie de faire mieux. »
Un observateur avisé, à la sortie du Parc
En attendant, on retient le caractère, les ressources mentales, et ce milieu de terrain qui porte le club à bout de bras. Vitinha, Neves, Ruiz : merci messieurs. Mais le PSG version finale 2025, celle qui doit aller chercher un titre européen, elle, n’est pas encore là.
Et quelque part, c’est plutôt rassurant : il y a encore de la marge. Beaucoup de marge.
Alors oui, 5-3, c’est beau sur le papier. Mais derrière les paillettes, il y a des questions de fond. Et c’est peut-être ça, finalement, le plus intéressant : cette équipe nous fait vibrer, douter, espérer. Bref, elle nous fait vivre. Comme le très haut niveau sait si bien le faire.
