Vous vous souvenez de ce silence glacial qui s’est abattu sur le Stade de France le 8 mars dernier ? Ce moment où tout le rugby français a retenu son souffle en voyant Antoine Dupont rester au sol, la main sur son genou droit. Huit mois et demi plus tard, ce même genou va enfin retrouver le gazon. Samedi soir, face au Racing 92, le génie toulousain va faire son grand retour. Et franchement, on a tous hâte.
Le retour que tout le rugby français attendait
266 jours exactement. C’est long, très long quand on est considéré comme le meilleur joueur du monde. Pour vous donner une idée, pendant cette période, Toulouse a remporté un nouveau Bouclier de Brennus, la France a terminé deuxième du Tournoi des Six Nations, et le rugby mondial a continué de tourner… mais avec un vide immense à la mêlée.
Le staff toulousain a pris son temps, et ils ont bien fait. Après une rupture des ligaments croisés, il n’y a pas de place pour l’improvisation. On a vu trop de joueurs revenir trop tôt et replonger dans les galères. Là, tout a été millimétré : rééducation intensive, retour progressif à l’entraînement, oppositions contrôlées… Ugo Mola et son équipe ont joué la prudence maximale.
Un genou neuf, une tête toujours aussi affûtée
Ce qui frappe quand on suit les entraînements récents du Stade Toulousain, c’est que Dupont n’a rien perdu de sa vista. Les passes après contact sont toujours aussi tranchantes, les appuis toujours aussi dévastateurs, et ce petit sourire en coin quand il mystifie un défenseur… il est toujours là. Le genou ? Il tient. Mieux que ça même.
« On est pile dans les délais qu’on s’était fixés. Tout se passe bien, il a coché toutes les cases. »
– Un membre du staff toulousain, ces derniers jours
Et cette phrase résume tout. Pas de précipitation, pas de pression médiatique qui aurait pu tout faire dérailler. Juste du travail, de la patience, et une envie folle de rejouer qui transparaissait à chaque interview.
Pourquoi commencer sur le banc est la meilleure décision
Certains supporters ont grogné en apprenant qu’il ne serait pas titulaire. Moi le premier, je l’avoue. Mais en y réfléchissant deux minutes, c’est la décision la plus intelligente.
- Reprendre le rythme compétition après huit mois, ça ne se fait pas en claquant des doigts
- Le Racing 92 est une équipe physique, avec un gros pack et des avants qui ne font pas de cadeaux
- Entrer en cours de match quand les organismes commencent à fatiguer, c’est souvent là que Dupont fait le plus mal
- Éviter un choc frontal dès la 1re minute sur un genou qui a subi une opération majeure
Franchement, si j’étais Ugo Mola, je ferais exactement la même chose. 20-30 minutes en fin de match pour se remettre dans le bain, sentir l’adrénaline, reprendre ses automatismes avec les avants… et préparer la suite avec sérénité.
Ce que ce retour change pour le Stade Toulousain
Toulouse est déjà leader du Top 14 et champion en titre. Oui. Mais avec Dupont, c’est une autre dimension. L’an dernier, même blessé une partie de la saison, il avait été décisif dans les grands rendez-vous. Cette année, avec un effectif encore plus dense et un Dupont à 100 %, ça sent le doublé, voire plus.
Parce que soyons honnêtes : le Stade Toulousain version 2025-2026 fait peur. Ramos en pleine confiance, Ntamack qui revient aussi à son meilleur niveau, une première ligne monstrueuse, des jeunes qui explosifs sur les ailes… et maintenant Dupont qui revient diriger tout ça. C’est presque injuste pour les autres.
Et pour le XV de France dans tout ça ?
La question que tout le monde se pose en coulisses : quand va-t-il reprendre avec les Bleus ? Officiellement, rien n’est acté. Mais on voit mal Fabien Galthié se priver de son capitaine pour la tournée d’automne 2026, surtout si tout se passe bien d’ici là.
Ce retour avec Toulouse, c’est aussi une rampe de lancement parfaite pour préparer la Coupe du Monde 2027. Car oui, on y pense déjà. Dupont aura 31 ans, l’âge parfait pour un demi de mêlée. Et avec une préparation complète cette fois (contrairement à 2023 où il arrivait du Seven), il peut viser le toit du monde une deuxième fois.
Le message aux supporters d’Ernest-Wallon
Vous vous souvenez de ce qu’il avait dit le 1er novembre dernier, à la mi-temps contre le Stade Français, juste après avoir prolongé jusqu’en 2031 ?
« Vous me manquez beaucoup. J’espère que la prochaine fois qu’on se verra, j’aurai des crampons aux pieds. »
Eh bien ce sera le cas samedi. Et je vous garantis que le vieux stade va trembler comme jamais. Parce que ce n’est pas juste un joueur qui revient. C’est LE joueur. Celui qui fait lever seul un match, qui transforme une équipe bonne en équipe légendaire.
Alors oui, il commencera probablement sur le banc. Oui, il ne jouera peut-être pas 80 minutes. Mais peu importe. Ce qui compte, c’est qu’il va rejouer. Qu’il va revivre. Et nous avec lui.
Ce qu’il faut retenir de cette longue absence
Si cette blessure a eu un mérite, c’est de nous rappeler à quel point Dupont est précieux. On l’a vu avec le XV de France pendant le dernier Tournoi : sans lui, c’est bon, mais ce n’est pas exceptionnel. Avec lui, c’est souvent magique.
266 jours d’absence, ça laisse le temps de réfléchir. À l’importance de la santé, à la gestion des carrières, à la fragilité d’un sport aussi violent. Mais aussi à la force mentale nécessaire pour revenir au top après une telle épreuve.
Et là-dessus, Dupont a été exemplaire. Pas une plainte, pas un mot plus haut que l’autre. Juste du travail dans l’ombre et cette envie brûlante de revenir plus fort.
Samedi soir, quand il foulera la pelouse d’Ernest-Wallon, ce ne sera pas juste un retour à la compétition. Ce sera une renaissance. Celle d’un champion qui n’a pas fini de nous faire rêver.
Et quelque part, on a tous un peu l’impression de revenir avec lui.
Alors rendez-vous samedi à 21h. Le roi remonte sur son trône. Et cette fois, il a l’air plus déterminé que jamais.
