Vous avez déjà eu cette sensation, en ouvrant les chiffres du budget de l’État, que quelqu’un s’est un peu trop servi dans la caisse commune ? Moi, à chaque fois que je tombe sur une nouvelle ligne de dépenses, j’ai l’impression de recevoir la facture d’un restaurant où je n’ai même pas mangé. Et puis arrive Bruno Retailleau, tout juste de retour au Sénat, qui annonce la couleur sans détour : « Il ne restera rien du budget. » Rien. Zéro. On repart presque de zéro. Franchement, ça fait du bien d’entendre quelqu’un le dire aussi cash.
Le retour du patron des Républicains au Sénat change tout
Après avoir quitté le gouvernement en octobre, le président des Républicains retrouve son siège à la chambre haute pile au moment où le projet de loi de finances 2026 arrive sur la table. Timing parfait. Et il n’y va pas avec le dos de la cuillère : le texte tel qu’il est présenté est, selon lui, une « tambouille » qui mise trop sur les hausses d’impôts et pas assez sur les économies réelles.
Le message est clair : le Sénat va faire son travail. Traduction : découper, amender, réécrire. Et quand il dit « il ne restera rien », ce n’est pas une figure de style. C’est une promesse de démontage méthodique.
Première cible : les nouvelles taxes que personne ne veut
Dans le viseur immédiat, plusieurs mesures fiscales qui font grincer les dents depuis des semaines :
- La surtaxe exceptionnelle sur les grandes entreprises (celle qu’on appelle parfois « la taxe sur les superprofits » même si tout le monde fait semblant que c’est autre chose)
- La taxe sur les pourboires déguisée en mesure technique
- L’augmentation de la CSG sur les revenus du patrimoine
- Et quelques autres « petites » réjouissances qui, mises bout à bout, pèsent lourd sur le portefeuille
Retailleau l’a dit devant les chefs d’entreprise : tout ça, c’est fini. Le Sénat va les supprimer. Point. Et en même temps, il promet « beaucoup, beaucoup, beaucoup plus d’économies » que ce que le gouvernement avait osé proposer.
« C’est-à-dire qu’il y aura moins d’impôts. »
Bruno Retailleau, devant le Sommet de l’économie
Une phrase simple, presque trop belle pour être vraie. Mais dans le contexte actuel, elle résonne comme un électrochoc.
Le vrai projet des Républicains : sortir enfin des 35 heures
Mais le plus intéressant n’est pas seulement ce qui va se passer dans les prochaines semaines au Sénat. C’est surtout ce que la droite prépare pour 2027 si elle revient au pouvoir.
Et là, Retailleau sort l’artillerie lourde : la fin officielle des 35 heures. Pas juste une petite dérogation ou un assouplissement. Non, une vraie sortie, avec une idée qui claque : le seuil libératoire.
Le principe est assez génial dans sa simplicité. Aujourd’hui, la durée légale est fixée à 1 607 heures par an. Le projet LR propose de passer à 1 623 ou 1 630 heures (soit deux à trois jours de plus par an) et, au-delà de ce seuil, plus aucune cotisation sociale. Ni pour le salarié, ni pour l’entreprise.
Zéro cotisation. Vous avez bien lu.
Concrètement, chaque heure travaillée au-delà de ce nouveau seuil tombe intégralement dans la poche du salarié et coûte zéro à l’employeur. C’est plus fort que la défiscalisation des heures supplémentaires version Sarkozy. C’est une incitation massive à travailler plus sans que personne n’y perde.
« C’est mieux que la défiscalisation des heures supplémentaires. »
Et le patron des Républicains enfonce le clou : cette mesure réconcilie enfin compétitivité et pouvoir d’achat. L’entreprise gagne en flexibilité et en coût du travail réduit, le salarié voit son bulletin de paie exploser à la hausse. Tout le monde y gagne. Sur le papier, c’est presque trop beau.
Une autre bombe : décharger les entreprises des cotisations familiales
Deuxième mesure choc : sortir les 34 milliards d’euros de cotisations familiales actuellement payées par les entreprises du circuit classique.
L’idée ? Les financer autrement, notamment par des économies budgétaires massives. En gros, on enlève un boulet du pied des entreprises tout en maintenant les prestations familiales. Là encore, l’objectif affiché est clair : redonner de l’air aux employeurs et rendre la France plus attractive.
Entre nous, 34 milliards, ce n’est pas une paille. C’est une partie énorme du coût du travail français. Si cette mesure passait, ça changerait radicalement la donne pour des milliers d’entreprises.
Encourager le travail, décourager l’assistanat : la ligne claire
Derrière ces propositions techniques, il y a une philosophie. Retailleau le dit sans ambages : il faut « encourager le travail et décourager l’assistanat ». Une phrase qui va faire hurler à gauche, mais qui parle à une partie croissante de l’opinion publique.
Car soyons honnêtes : après des années de discours sur la valeur travail, beaucoup de Français ont l’impression que le système récompense parfois plus ceux qui ne travaillent pas que ceux qui se lèvent tôt. Le seuil libératoire et la baisse massive des cotisations sont vus comme des réponses concrètes à ce sentiment.
Est-ce que ça marchera ? Est-ce que ça tiendra dans un contexte de finances publiques déjà très dégradées ? C’est la grande question. Mais une chose est sûre : la droite a trouvé un angle d’attaque clair et lisible pour 2027.
Le Sénat comme laboratoire des idées de 2027
Ce qui se passe en ce moment même au Sénat n’est pas qu’une simple bataille parlementaire. C’est un galop d’essai. Chaque amendement voté, chaque suppression de taxe, chaque économie supplémentaire va servir de démonstration.
Regardez, semble dire Retailleau aux Français : voilà ce qu’on ferait si on était aux commandes. Et contrairement à certaines promesses électorales qui finissent aux oubliettes, ici on agit dès maintenant, avec les moyens du bord.
C’est malin. Parce que même si le texte final sera probablement retoqué ou refusé par l’Assemblée, l’opinion aura vu la différence de philosophie. D’un côté une logique de prélèvements et de redistribution, de l’autre une logique de baisse des charges et d’incitation au travail.
Et nous, dans tout ça ?
La question qui reste, c’est : est-ce que les Français sont prêts à entendre ce discours ? Est-ce qu’on veut vraiment travailler plus pour gagner plus, comme on disait autrefois ? Ou est-ce qu’après des années de crise, de Covid, d’inflation, on aspire d’abord à travailler moins, ou différemment ?
Retailleau parie sur la première option. Et il a probablement raison sur un point : la France ne pourra pas éternellement vivre au-dessus de ses moyens. À un moment, il faudra choisir. Soit on continue à creuser la dette et à taxer toujours plus, soit on remet le travail et l’entreprise au centre du réacteur.
Le débat est lancé. Et il promet d’être passionnant.
En attendant, une chose est sûre : le budget 2026 qui sortira du Sénat ne ressemblera en rien à celui qui y est entré. Et ça, c’est déjà une petite révolution en soi.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Êtes-vous prêt à travailler deux ou trois jours de plus par an si c’est pour empocher 100 % du fruit de ces heures ? Ou trouvez-vous que la priorité est ailleurs ? Dites-le moi en commentaire, le débat ne fait que commencer.
