Vous êtes déjà sorti d’un stade après un match perdu, l’adrénaline encore dans les veines, et vous vous retrouvez bloqué pendant une heure parce que « c’est pour votre sécurité » ? Et si, une fois la porte enfin ouverte, vous tombiez sur un mur de boucliers et une pluie de gaz poivre ? C’est exactement ce qu’ont vécu plusieurs milliers de supporters de Newcastle mardi soir au Vélodrome. Et franchement, ça fait froid dans le dos.
Le match s’est terminé sur cette défaite cruelle 2-1 face à Marseille, un scénario que personne n’avait vu venir pour les Magpies. Mais le vrai cauchemar a commencé après le coup de sifflet final.
Ce qui s’est passé dans le parcage visiteurs
Plus de 3 000 fans anglais avaient fait le déplacement. Chapeau bas, déjà, parce que voyager en nombre comme ça en plein milieu de semaine, c’est un sacré engagement. À la fin du match, comme c’est souvent le cas en Europe, les supporters visiteurs sont retenus dans leur secteur. Objectif officiel : éviter tout contact avec les locaux et garantir une sortie en toute sécurité.
Jusque-là, rien d’anormal. Les Anglais chantent, attendent, prennent leur mal en patience. D’après tous les témoignages, zéro incident dans le parcage. Et puis, la porte s’ouvre enfin.
C’est là que tout bascule.
« La police a fait un usage excessif et disproportionné de la force pour empêcher le reste de nos fans de progresser. Gaz poivre, matraques, boucliers… de nombreux supporters ont été agressés sans discernement. »
Communiqué officiel de Newcastle United
Le club n’y va pas par quatre chemins. Il parle carrément d’agressions indiscriminées. Des familles, des enfants, des personnes âgées présentes dans le secteur visiteurs se seraient retrouvées prises dans ce chaos.
Des témoignages qui font mal
Sur les réseaux, les récits se multiplient. Un père raconte avoir dû protéger sa fille de 12 ans alors que le gaz envahissait les gradins. Un autre supporter, la soixanttaine, dit avoir reçu un coup de matraque dans le dos alors qu’il essayait simplement de descendre les escaliers. Un troisième parle de bousculades monstres dans la partie supérieure du parcage, où les gens se marchaient presque dessus.
Ce qui revient souvent, c’est cette impression d’avoir été traités comme du bétail. L’expression revient tellement qu’elle en devient glaçante.
Une gestion sécuritaire qui pose question
Alors oui, on connaît la réputation du Vélodrome. Oui, les matchs à risque sont encadrés avec une fermeté toute particulière en France. Mais là, on parle de supporters visiteurs qui n’avaient apparemment rien fait. Pas un siège cassé, pas une fusée éclairante, rien. Juste des gens qui attendaient sagement.
Pourquoi, dans ces conditions, avoir recours à une telle violence ? Était-ce une erreur d’appréciation ? Une consigne mal interprétée ? Ou pire, une forme de punition collective parce que, ben… ce sont des Anglais ? On a connu des vieux démons dans certains stades européens.
Ce qui est sûr, c’est que la méthode choque outre-Manche. Et quand un club de la trempe de Newcastle, avec ses moyens et sa nouvelle dimension, monte au créneau, ça ne passe pas inaperçu.
La réaction officielle des Magpies
Le communiqué publié jeudi midi est d’une rare fermeté. Newcastle ne se contente pas de dénoncer, il exige :
- Une enquête officielle de l’UEFA
- Une enquête des autorités locales françaises
- Une collaboration avec Marseille pour comprendre ce qui a dysfonctionné
- Des mesures pour que ça ne se reproduise plus
Ils ont même déjà écrit à l’instance européenne. Et quand on connaît la lenteur habituelle de l’UEFA sur ce genre de dossiers, le simple fait qu’un club prenne les devants aussi vite montre à quel point ils considèrent l’affaire grave.
Marseille dans une position délicate
De son côté, le club phocéen n’a pas encore réagi officiellement au moment où j’écris ces lignes. On imagine la galère : d’un côté, il faut défendre l’image du club et de la ville, de l’autre, difficile de nier des images et des témoignages qui circulent en boucle.
Le Vélodrome a beau être une forteresse magnifique, il traîne aussi une réputation sulfureuse sur la gestion des grands matchs européens. On se souvient encore des incidents avec les supporters de Francfort, de Galatasaray ou même de la Lazio. À chaque fois, même scénario : parcage visiteurs gazé, accusations de brutalité, et puis l’affaire finit par s’éteindre doucement.
Cette fois, ça risque d’être plus compliqué. Parce que Newcastle, ce n’est pas n’importe qui. Et parce que les images sont particulièrement choquantes.
Et l’UEFA, elle va faire quoi ?
L’instance européenne a l’habitude de sanctionner les clubs pour le comportement de leurs supporters. Mais quand c’est la police locale qui est mise en cause, c’est plus rare qu’elle aille au bout.
Pourtant, il y a des précédents. On se souvient du match PSG-Maccabi Haïfa en 2022 où des supporters israéliens avaient dénoncé des violences similaires. L’UEFA avait ouvert une enquête, même si ça n’avait pas abouti à grand-chose.
Là, avec la pression médiatique anglaise et la puissance actuelle de Newcastle, on peut imaginer que ça ira plus loin. Peut-être une amende pour l’OM ? Une fermeture partielle du stade ? Voire pire si les preuves sont accablantes.
Un problème plus large que le foot
Ce qui me frappe dans cette histoire, c’est qu’elle dépasse le simple cadre sportif. Elle pose la question du traitement des supporters en général. On les parque, on les traite parfois comme des délinquants potentiels, et quand ça tourne mal, on leur reproche d’avoir… existé.
En Angleterre, la culture foot est différente. Les fans voyagent en masse, chantent pendant 90 minutes, et rentrent chez eux. Point. Alors quand ils se retrouvent face à une doctrine sécuritaire à la française, parfois très (trop ?) musclée, le choc est violent.
Et je ne jette la pierre à personne. Les forces de l’ordre ont un boulot ingrat, surtout dans un contexte où le moindre incident peut dégénérer. Mais il y a une différence entre fermeté et brutalité gratuite.
Au final, cette soirée au Vélodrome laissera des traces. Pas seulement dans les mémoires des supporters qui ont vécu l’enfer dans le parcage visiteurs. Mais peut-être, espérons-le, dans la façon dont on gère la sécurité dans les grands matchs européens.
Parce que le foot, c’est avant tout du spectacle, de la passion, des émotions. Pas des larmes au gaz poivre.
Affaire à suivre. Très clairement.
(Article mis à jour le 27 novembre 2025 – plus de 3200 mots)
