Vous souvenez-vous de cet homme qui traversait l’écran en ondulant des épaules comme personne ? Celui qui, en une seule scène, volait la vedette à Lino Ventura et Jacques Brel réunis ? Moi oui. Et pourtant, depuis vingt ans au moins, plus rien. Aldo Maccione a tout simplement disparu. Ou plutôt, il a choisi de disparaître.
Aujourd’hui, il fête ses 90 ans. Pas de grande fête, pas d’interview, pas même un petit coucou sur les réseaux (il n’en a jamais eu). Juste le bruit des vagues quelque part sur la Côte d’Azur et un silence total côté médias. C’est presque incroyable pour quelqu’un qui a été, pendant une décennie, l’un des visages les plus populaires du cinéma comique français.
La star qui a dit stop du jour au lendemain
Il y a des retraites people bruyantes, avec livres, émissions, documentaires Netflix. Et puis il y a celle d’Aldo Maccione : radicale, totale, presque monacale. L’homme qui enchaînait les succès au box-office dans les années 70 et 80 a rangé les projecteurs et caméras sans prévenir personne. Même ses amis les plus proches n’ont plus de nouvelles.
« Il ne répond plus à mes messages depuis des années »
– Un très grand réalisateur français qui l’a révélé
Cette phrase, on l’entend souvent quand on parle d’Aldo aujourd’hui. Michel Drucker, Claude Lelouch, d’anciens partenaires de tournage… Tous disent la même chose. Un jour, il a simplement fermé la porte. Pas de clash, pas de scandale, pas d’explication. Juste un besoin viscéral de tranquillité.
L’explosion grâce à une seule scène mythique
Tout a commencé en 1972. Claude Lelouch cherche un inconnu capable de tenir tête à une bande de monstres sacrés dans L’Aventure c’est l’aventure. Il trouve Aldo Maccione, comédien italien peu connu en France, et lui offre cinq minutes sur une plage. Cinq minutes qui vont changer sa vie.
La scène est culte : Lino Ventura, Jacques Brel, Charles Denner et Charles Gérard tentent d’apprendre la fameuse démarche d’Aldo pour draguer. Le résultat ? Un festival de comique absurde où le novice vole complètement la vedette aux géants. La France entière découvre « Aldo la classe ».
Après ça, c’est l’avalanche. Les Fous du stade, Maison de campagne, Le Grand Fanfaron, Plus beau que moi tu meurs, les avec Pierre Richard, les Taxi italiens en France… Il devient le roi de la comédie populaire, celui qu’on imite dans les cours d’école avec le fameux balancement d’épaules.
Une démarche devenue légende nationale
Parlons-en de cette démarche. Ce n’était pas juste un tic de comédien. C’était une signature, une philosophie, presque une arme de séduction massive. Aldo ne marchait pas, il glissait, roulait, ondulait. Un mélange de paon et de félin qui faisait hurler de rire les salles.
J’ai revu récemment des extraits. Franchement, ça reste d’une modernité folle. Dans un monde où tout le monde cherche à se démarquer, lui l’avait trouvé dès les années 70 : être totalement lui-même, en exagérant juste ce qu’il faut pour que ça devienne universel.
- Le torse en avant, légèrement bombé
- Les épaules qui roulent comme des vagues
- Le bassin qui suit avec un temps de retard
- Et surtout, ce regard de côté, malicieux, qui dit « je sais que vous me regardez »
Résultat ? Des générations de gamins (dont moi) qui ont essayé de reproduire le mouvement dans les couloirs du collège. Sans succès, évidemment.
Pourquoi une telle discrétion aujourd’hui ?
C’est la grande question. Certains parlent de lassitude des plateaux. D’autres d’un besoin de protéger sa vie privée après des années sous les projecteurs. Il y a aussi cette phrase qu’il avait lâchée dans une rare interview des années 90 : « J’ai fait le tour. Maintenant, je veux vivre. »
Ce qui est sûr, c’est qu’Aldo Maccione a toujours eu un côté mystique. Né à Turin en 1935, il a commencé comme danseur de claquettes avant de devenir acteur par hasard. Il a souvent dit qu’il se sentait plus italien que français, même s’il adorait le public d’ici. Peut-être que revenir à une vie simple, près de la mer, loin du show-business, était sa façon de boucler la boucle.
« La célébrité, c’est bien pendant un moment. Après, ça devient une prison dorée. Moi, j’ai choisi la liberté. »
– Aldo Maccione (archives)
Il vit toujours sur la Côte d’Azur
Oui, il est toujours là. Quelque part entre Saint-Tropez et Nice, dans une villa discrète avec vue sur la Méditerranée. Les rares personnes qui l’ayant croisé récemment parlent d’un homme en pleine forme, qui promène son chien, fait ses courses lui-même, et refuse poliment les autographes avec un sourire.
Un voisin témoigne anonymement : « On le voit parfois au marché. Toujours élégant, costume clair même pour acheter des tomates. Mais il ne parle à personne de son passé. C’est quelqu’un de très courtois, mais qui tient à sa tranquillité. »
À 90 ans, il aurait parfaitement pu monnayer ses souvenirs. Un livre, une émission avec Léa Salamé, un documentaire… Rien. Zéro. Ce refus absolu de la nostalgie forcée force le respect, même si ça rend un peu triste ceux qui l’ont aimé.
Que reste-t-il d’Aldo Maccione en 2025 ?
Beaucoup plus qu’on ne le croit. Regardez les réseaux sociaux : sa démarche est encore imitée dans des vidéos TikTok, des mèmes circulent, des jeunes découvrent L’Aventure c’est l’aventure et tombent sous le charme. Sa silhouette élancée, son accent chantant, son autodérision restent gravés dans la mémoire collective.
Et puis il y a cette leçon, peut-être la plus belle : on peut être une immense star et choisir de redevenir un anonyme heureux. Dans un monde où tout le monde veut rester sous les projecteurs jusqu’à 100 ans, Aldo Maccione a préféré le soleil de la Côte d’Azur et le silence.
Alors joyeux anniversaire, Monsieur Maccione. Où que vous soyez en ce 27 novembre 2025, sachez qu’on pense encore à vous. Et qu’on sourit toujours en repensant à votre démarche légendaire.
Parce qu’après tout, comme vous le disiez si bien : la classe, ça ne vieillit pas.
Et vous, quel est votre souvenir préféré d’Aldo Maccione ? Une scène, une réplique, une imitation ratée entre amis ? Dites-le en commentaire, ça lui fera peut-être plaisir, où qu’il soit…
