Je me souviens encore du jour où j’ai découvert que j’attendais des jumeaux. Ce mélange d’excitation et de peur, cette sensation que la vie venait de prendre une toute autre dimension. Quand on voit une influenceuse suivie par des millions de personnes annoncer la perte de l’un de ses bébés à quelques jours du terme, ça nous ramène brutalement à l’essentiel : aucune notoriété, aucun nombre de followers ne protège du pire.
Cette semaine, Tini Younger, 24 ans, connue pour ses recettes ultra-simples et son énergie communicative, a publié un message qui a glacé des millions de cœurs.
Un drame survenu à 36 semaines de grossesse
À 36 semaines, la plupart des futures mamans de jumeaux se préparent déjà à l’arrivée imminente. Les valises pour la maternité sont bouclées, la chambre est prête, on commence à compter les jours. Pour Tini, tout a basculé en quelques heures.
Un décollement placentaire. Cinq syllabes qui font frissonner tous les obstétriciens. Le placenta, ce lien vital entre la mère et les bébés, s’est détaché trop tôt de la paroi utérine. Conséquence immédiate : l’oxygène et les nutriments n’arrivent plus correctement. Quand il s’agit de jumeaux, la situation devient encore plus critique, car les deux bébés partagent souvent le même placenta ou des vaisseaux communs.
« Ce n’est pas le genre de message que j’aurais imaginé écrire après la naissance de mes filles… Nous avons perdu notre petite Arya en début de semaine. »
Tini Younger, extrait de son post Instagram
Dans ses photos en noir et blanc, on la voit, entourée de son mari, tenant tendrement l’une de ses filles. L’autre est absente, mais omniprésente dans chaque mot.
Qu’est-ce qu’un décollement placentaire, exactement ?
Pour celles et ceux qui, comme moi à l’époque, n’avaient jamais entendu parler de ça avant d’être confrontés à la réalité, voilà ce qu’il faut savoir.
- Le placenta se décolle partiellement ou totalement avant l’accouchement
- Il peut survenir sans aucun signe avant-coureur
- Les symptômes principaux : saignements, douleurs abdominales intenses, contractions brutales
- En cas de jumeaux monochoriaux (même placenta), le risque est encore plus élevé
- C’est une urgence vitale pour la mère et les bébés
Dans le cas de Tini, l’équipe médicale a agi en urgence. Césarienne immédiate. L’une des petites filles, Arya, n’a pas survécu. Sa sœur jumelle, elle, respire seule et se porte bien. Deux destins liés à jamais, séparés en quelques minutes.
Quand la joie devient douleur en un instant
Ce qui frappe, c’est la violence du contraste. Quelques semaines plus tôt, Tini expliquait encore, tout sourire, qu’elle allait continuer à poster ses recettes même enceinte jusqu’au cou. Elle plaisantait sur le fait de s’installer confortablement dans un fauteuil pour filmer, parce que « Thanksgiving approche et vous avez besoin de mes idées repas ».
Et puis plus rien. Le silence. Puis ce post.
Je crois que ce qui nous touche autant, c’est qu’on suivait cette grossesse comme on suit celle d’une amie. Les stories quotidiennes, les échographies partagées, les prénoms choisis avec soin… On s’était habitués à l’idée que tout irait bien, parce qu’on la voyait rayonnante.
Le deuil périnatal quand on est sous le feu des projecteurs
Perdre un enfant, c’est déjà l’épreuve la plus dure que la vie puisse réserver. Le faire devant des millions de personnes, c’est une dimension supplémentaire.
Tini a choisi la transparence. Pas de détours, pas de phrases toutes faites. Juste la vérité nue :
« Sa sœur saura toujours qu’elle a une jumelle. Arya sera toujours célébrée dans notre famille. »
Elle a aussi annoncé qu’elle prendrait une pause des réseaux. Combien de temps ? Elle ne sait pas. Et franchement, on comprend.
Ce qui est beau, au milieu de la douleur, c’est la vague d’amour qui a suivi. Des milliers de messages, de mamans qui ont vécu la même chose, de femmes qui ont pleuré en lisant ses mots. Parfois, les réseaux sociaux montrent leur plus beau visage.
Les grossesses gémellaires : plus de risques, plus de surveillance
Quand on attend des jumeaux, les consultations sont plus fréquentes, les échographies plus nombreuses. Et pourtant, certains drames restent imprévisibles.
Quelques chiffres qui donnent le vertige :
- 1 grossesse sur 80 est gémellaire en France
- Le risque de décollement placentaire est multiplié par 2 à 3 chez les mamans de jumeaux
- En cas de jumeaux monochoriaux, 15 % des grossesses sont touchées par des complications graves
- Le taux de mortalité périnatale est 5 fois plus élevé que pour une grossesse unique
Derrière ces chiffres, il y a des prénoms, des berceaux préparés pour deux, des faire-part déjà commandés.
Comment parler de ces bébés qui ne sont plus là
Ce que j’ai trouvé magnifique dans le message de Tini, c’est qu’elle n’efface pas Arya. Elle dit « mes filles », au pluriel. Elle parle de sa sœur qui saura toujours qu’elle a une jumelle. C’est une façon de garder ce lien vivant.
Dans notre société, on a encore du mal à nommer ces bébés partis trop tôt. On dit « fausse couche », « interruption médicale », « mort fœtale in utero »… Des termes médicaux qui, parfois, donnent l’impression d’effacer l’existence.
Des associations militent depuis des années pour que ces enfants aient un prénom, une place dans la fratrie, une reconnaissance. Le témoignage de Tini, lu par des millions de personnes, fait bouger les lignes, doucement mais sûrement.
Et maintenant ?
La petite survivante est là, elle respire, elle grandit. Ses parents vont apprendre à vivre avec ce paradoxe : une joie immense et une douleur immense, en même temps.
Beaucoup de mamans ayant vécu ça disent que le plus dur, c’est le « et si ». Et si on avait détecté plus tôt. Et si on avait accouché une semaine avant. Et si… Tini aura probablement ces questions-là, comme toutes les autres.
Mais elle a aussi cette force incroyable : celle d’avoir partagé son histoire. De transformer sa peine en quelque chose qui aide d’autres parents à se sentir moins seuls.
Je ne sais pas quand elle reviendra poster une recette. Peut-être dans quelques semaines, peut-être dans plusieurs mois. Ce qui est sûr, c’est que lorsqu’elle le fera, des millions de personnes seront là, pas seulement pour la recette, mais pour elle.
Parce qu’on aura compris que derrière les vidéos courtes et les plats rapides, il y a une femme, un mari, une fille qui grandit… et une autre qui veillera toujours sur eux.
Prenez soin de vous. Et si vous attendez un bébé, même si tout va bien, serrez fort cette chance. On ne le dira jamais assez.
