Vous est-il déjà arrivé de suivre une affaire pendant des semaines, persuadé qu’elle était close, et puis soudain… bam, un nouveau rebondissement qui remet tout en question ? C’est exactement ce qui vient de se produire à Manchester.
Presque deux mois après l’attaque d’une synagogue qui a choqué le Royaume-Uni, la police antiterroriste frappe un grand coup : un homme de 31 ans arrêté à la descente d’avion, directement sur le tarmac de l’aéroport. Le message est clair : l’histoire n’était pas terminée.
Un attentat qui reste gravé dans les mémoires
Retour en arrière. Nous sommes le 2 octobre 2025. C’est Yom Kippour, le jour le plus saint du calendrier juif. Des centaines de fidèles se pressent dans une synagogue du nord de Manchester pour la prière de clôture. L’ambiance est recueillie, presque solennelle.
Puis, en quelques minutes, tout bascule. Un individu fonce en voiture sur la foule qui sort du bâtiment, avant de descendre et de poignarder plusieurs personnes. Le bilan est terrible : deux morts, trois blessés graves. L’assaillant, abattu par la police sur place, s’appelait Jihad al-Shamie.
À l’époque, l’affaire semblait presque « simple » : un loup solitaire radicalisé, un acte antisémite assumé, un auteur neutralisé. Fin de l’histoire ? Pas vraiment.
L’arrestation qui change tout
Jeudi 27 novembre, peu après 15 heures. Un vol atterrit à Manchester. Parmi les passagers, un homme de 31 ans que les services antiterroristes attendaient de pied ferme. Menotté dès la passerelle, il est immédiatement placé en garde à vue.
Les chefs d’accusation sont lourds : soupçon de commission, préparation et incitation à des actes terroristes. Autrement dit, la police pense qu’il n’y avait peut-être pas qu’un seul cerveau derrière l’attaque du 2 octobre.
« Notre enquête se poursuit activement et je lance à nouveau un appel à témoins. Toute information, même anodine en apparence, peut se révéler cruciale. »
Rob Potts, chef adjoint de la police antiterroriste du nord-ouest de l’Angleterre
Cette phrase, prononcée le jour même, en dit long. On ne parle plus seulement de commémorer les victimes. On cherche encore des complices.
Retour sur les faits : chronologie d’une journée cauchemar
Pour bien comprendre l’ampleur du choc, il faut se replonger dans cette soirée d’octobre.
- 19h42 – Une voiture bélier fonce délibérément sur les fidèles qui sortent de la synagogue.
- 19h44 – L’assaillant sort du véhicule, couteau à la main, et attaque plusieurs personnes au sol.
- 19h47 – Premiers tirs de la police. Jihad al-Shamie est neutralisé.
- 20h15 – Confirmation de deux décès et trois blessés en urgence absolue.
Parmi les victimes, Melvin Cravitz, 68 ans, père de famille respecté dans la communauté, et Adrian Daulby, 53 ans, qui succombera plus tard à une balle perdue tirée par les forces de l’ordre dans la confusion. Un drame dans le drame.
L’un des blessés reste encore hospitalisé à ce jour. Son pronostic vital n’est plus engagé, mais les séquelles physiques et psychologiques seront durables.
Un suspect qui tentait de fuir ?
Ce qui intrigue particulièrement les enquêteurs, c’est le timing. Pourquoi ce trentenaire a-t-il choisi de prendre l’avion maintenant ? Avait-il peur que la police resserre l’étau ?
Certains observateurs se demandent même si son départ n’était pas prévu depuis longtemps. Dans ce cas, l’arrestation serait un formidable coup de filet. Dans l’autre hypothèse, plus inquiétante, il aurait pu être alerté par une fuite ou un proche encore en liberté.
Pour l’instant, la police reste très discrète sur son identité, sa nationalité, son lien éventuel avec l’assaillant principal. Tout juste sait-on qu’il n’est pas le sixième suspect précédemment interpellé (tous relâchés sauf un en liberté conditionnelle).
L’antisémitisme, une menace qui ne faiblit pas au Royaume-Uni
Il faut bien le dire : cette attaque n’est pas sortie de nulle part. Depuis plusieurs années, les incidents antisémites explosent littéralement en Grande-Bretagne.
J’ai sous les yeux les chiffres officiels : plus de 4 000 actes antisémites recensés rien qu’en 2024, un record absolu. Et 2025 s’annonce encore pire. Les synagogues vivent sous protection permanente, les écoles juives ressemblent parfois à des forteresses.
Ce qui frappe, c’est la diversité des profils. On trouve aussi bien des extrémistes d’extrême droite que des individus radicalisés par la propagande islamiste en ligne. Parfois même, les deux se rejoignent dans une haine commune.
Comment protéger les lieux de culte sans transformer la société en bunker ?
La question me taraude depuis longtemps. D’un côté, la sécurité doit être renforcée : portiques de détection, agents armés, caméras à reconnaissance faciale… De l’autre, on ne veut pas que les fidèles aient l’impression de prier dans une prison.
À Manchester justement, plusieurs synagogues ont déjà franchi le pas : vitres blindées, sas de sécurité, exercices d’évacuation réguliers. Mais à quel prix pour le vivre-ensemble ?
« Nous voulons pouvoir prier en paix, pas en ayant peur à chaque bruit de moteur. »
Un responsable communautaire juif de Manchester, sous couvert d’anonymat
Cette phrase résume tout.
Et maintenant ?
L’enquête continue, et elle pourrait réserver d’autres surprises. Les policiers passent au peigne fin les téléphones, les ordinateurs, les comptes bancaires du suspect fraîchement arrêté. Cherchent-ils des financements occultes ? Des contacts à l’étranger ? Des messages codés ?
Une chose est sûre : tant que toutes les ramifications ne seront pas élucidées, la communauté juive de Manchester – et d’ailleurs – vivra avec cette angoisse sourde.
Personnellement, je trouve ça insupportable. On parle d’un lieu de culte attaqué un jour de fête religieuse majeure. Il y a quelque chose de profondément révoltant dans cette volonté de frapper là où les gens sont les plus vulnérables.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Est-ce qu’on en fait assez pour protéger les minorités religieuses ? Ou est-ce qu’on se voile la face sur l’ampleur du problème ?
L’affaire de la synagogue de Manchester n’est peut-être qu’un épisode. Mais elle nous oblige, une fois de plus, à regarder la réalité en face.
En attendant les prochains développements – et je ne doute pas qu’il y en aura –, prenons un moment pour penser aux victimes. À leurs familles. À tous ceux qui, ce soir-là, ont vu leur monde s’effondrer en quelques minutes.
Parce qu’au-delà des enquêtes et des arrestations, il y a des vies brisées. Et ça, aucune procédure judiciaire ne pourra jamais totalement le réparer.
