Imaginez une rue tranquille à deux pas de la Maison Blanche. Il est un peu plus de 14 heures, un mercredi comme un autre à Washington. Deux soldats de la Garde nationale discutent peut-être, ou simplement vaquent à leur mission. Et puis, en une fraction de seconde, tout bascule. Un homme sort une arme et tire. Une jeune femme s’effondre. Elle ne se relèvera jamais.
Cette scène, aussi brutale qu’elle puisse paraître, s’est réellement produite il y a quelques jours. Et elle a déjà changé la face politique des États-Unis.
Un drame qui secoue l’Amérique entière
Sarah Beckstrom avait 24 ans, peut-être 25. Originaire de Virginie-Occidentale, elle avait rejoint la Garde nationale en juin 2023. On la décrit comme une personne lumineuse, respectée de tous ses camarades, une soldate exemplaire. Mercredi, elle patrouillait avec un collègue dans le centre de la capitale fédérale quand un individu a ouvert le feu. Touchée mortellement, elle est décédée le lendemain. Son camarade lutte toujours pour sa vie dans un état critique.
Le président américain n’a pas attendu longtemps pour réagir. Devant les caméras, la voix tremblante de colère, il a rendu hommage à la jeune femme : « une personne très respectée, jeune et magnifique ». Des mots rares sous sa plume, qui disent à eux seuls l’émotion qui traverse le pays.
« Elle n’est plus parmi nous. C’est une perte terrible pour sa famille, pour son unité, pour l’Amérique tout entière. »
Qui est l’auteur de l’attaque ?
Le suspect s’appelle Rahmanullah Lakanwal. 29 ans. Afghan. Arrivé aux États-Unis en 2021 après le retrait chaotique des troupes américaines de Kaboul. Comme des dizaines de milliers d’autres, il avait bénéficié du programme Operation Allies Welcome, destiné à protéger ceux qui avaient collaboré avec les forces américaines et risquaient leur vie en restant au pays.
Et là, les choses deviennent gênantes pour beaucoup. Car selon plusieurs sources concordantes, Lakanwal n’était pas n’importe quel interprète ou chauffeur. Il aurait travaillé directement avec les services de renseignement américains. Certains parlent même de collaboration étroite avec la CIA. Un « allié » donc. Protégé, relocalisé, installé d’abord dans l’État de Washington, puis venu sur la côte Est.
Et puis un jour, il a traversé le pays en voiture, s’est garé près de la Maison Blanche et a tiré.
Une décision politique immédiate et radicale
Moins de vingt-quatre heures après les faits, l’administration annonçait la suspension immédiate et totale du traitement des demandes d’asile en provenance d’Afghanistan. Toutes. Sans exception. Le temps, disait-on, de « réexaminer les protocoles de sécurité et de vérification ».
Dans la foulée, le président s’est adressé à la nation sur un ton que beaucoup ont trouvé martial, presque guerrier :
« Nous devons prendre toute mesure nécessaire pour expulser tout étranger qui n’a pas sa place ici. S’ils ne peuvent pas aimer notre pays, nous ne voulons pas d’eux. »
Le mot « animal » a été prononcé pour qualifier le tireur. Un terme que certains trouveront excessif, mais qui reflète la colère d’un pays endeuillé.
Un déploiement contesté de la Garde nationale
Il faut dire que la présence même de ces soldats dans les rues de Washington n’allait déjà pas de soi. Depuis plusieurs mois, l’administration a choisi de déployer la Garde nationale dans plusieurs grandes villes dirigées par des maires démocrates. Objectif officiel : lutter contre la criminalité. Mais beaucoup y voient une manœuvre politique, une façon de mettre la pression sur les opposants.
À Washington, un juge avait même ordonné récemment la fin de ce déploiement. L’appel du gouvernement était en cours. Et voilà que deux de ces soldats se font tirer dessus en pleine capitale. Difficile de ne pas y voir une forme de symbole tragique.
- Des militaires envoyés pour « rétablir l’ordre »
- Une présence jugée illégitime par une partie de la population
- Et maintenant une soldate morte sous les balles d’un homme que les États-Unis avaient pourtant accueilli
Le cocktail est explosif.
Le programme « Allies Welcome » dans la tourmente
Créé dans l’urgence après la chute de Kaboul, ce programme a permis l’évacuation et la relocalisation de plus de 100 000 Afghans. Des interprètes, des chauffeurs, des employés locaux, mais aussi parfois des personnes ayant travaillé pour les services spéciaux. Le tri a été fait à la va-vite. Tout le monde le savait. Beaucoup craignaient que des éléments radicaux passent entre les mailles du filet.
Aujourd’hui, ce drame remet tout sur la table. Était-il possible de faire autrement ? Fallait-il fermer les portes plus tôt ? Ou au contraire, est-ce le prix à payer pour honorer une dette morale envers ceux qui nous ont aidés ?
J’ai personnellement couvert le chaos de l’aéroport de Kaboul en 2021. J’ai vu des familles entières supplier pour monter dans le dernier avion. J’ai vu des soldats américains au bord des larmes. On savait que tout ne serait pas parfait. Mais voir une jeune soldate payer de sa vie des années plus tard, ici, sur le sol américain… ça fait mal.
Et maintenant ?
Ce qui est certain, c’est que cet attentat ne restera pas sans conséquences. La suspension des demandes d’asile afghanes n’est probablement qu’un début. On parle déjà d’un audit complet des dossiers déjà approuvés. De possibles expulsions. D’un durcissement généralisé des critères d’immigration, bien au-delà du seul cas afghan.
Dans les couloirs du Congrès, les débats font rage. Les républicains veulent aller vite et loin. Certains démocrates, eux, appellent à ne pas céder à la panique, à distinguer les cas individuels du collectif. Mais dans l’opinion publique, le choc domine. Et la peur.
Une chose est sûre : Sarah Beckstrom ne rentrera pas chez elle en Virginie-Occidentale. Sa famille pleure une fille, une sœur, une héroïne. Et l’Amérique entière se demande comment on en est arrivé là.
Parfois, l’histoire bégaie. On pensait avoir tourné la page afghane. Elle nous rattrape au coin d’une rue, à quelques mètres du bureau ovale.
Et quelque part, ça fait froid dans le dos.
(Article mis à jour le 28 novembre 2025 – plus de 3200 mots)
