Imaginez-vous réveiller un matin et apprendre que deux hommes considérés comme dangereux viennent de disparaître d’une prison française comme par magie. Enfin, pas vraiment par magie : avec une simple lame de scie. C’est exactement ce qui s’est passé jeudi à la maison d’arrêt de Dijon. Et moins de trente heures plus tard, l’un d’eux dormait déjà dans une autre cellule. L’histoire est presque trop belle pour être vraie… ou trop inquiétante, selon le point de vue.
Une évasion à l’ancienne qui rappelle les grands classiques
On croirait revenir cinquante ans en arrière. Pas de tunnel creusé pendant des mois, pas d’hélicoptère comme dans les films hollywoodiens, non. Juste une lame de scie, probablement introduite clandestinement, beaucoup de patience et un opportunisme froid. Les deux hommes étaient placés au quartier disciplinaire, ce qui signifie déjà qu’ils n’étaient pas des enfants de chœur. L’un pour des violences graves sur conjoint, l’autre pour assassinat. Rien que ça.
Vers 7 heures du matin, les surveillants font l’appel. Deux cellules vides. Les barreaux sont proprement découpés, les morceaux soigneusement posés pour ne pas faire de bruit en tombant. Une exécution presque chirurgicale. Franchement, quand on entend ça, on se demande comment c’est encore possible en 2025.
Comment une lame de scie arrive-t-elle en cellule ?
C’est la question que tout le monde se pose, moi le premier. Les fouilles sont censées être régulières, surtout au quartier disciplinaire. Alors comment ? Par un parloir mal contrôlé ? Lors d’une extraction médicale ? Via un surveillant corrompu (on a déjà vu ça) ? L’enquête interne va être sévère, c’est certain. Et elle doit l’être.
J’ai discuté il y a quelques années avec un ancien directeur de prison qui me disait : « Le vrai problème, ce n’est pas la solidité des murs, c’est la porosité humaine. » Une phrase qui prend tout son sens aujourd’hui.
« Une évasion, ce n’est jamais seulement la faute des évadés. C’est toujours un échec collectif du système. »
– Un ancien cadre pénitentiaire, sous couvert d’anonymat
24 heures de liberté pour le plus âgé des deux
Le ministre de l’Intérieur n’a pas tardé à réagir. Dès le vendredi matin, annonce officielle : l’un des deux hommes a été interpellé en Saône-et-Loire. Il s’agit du plus vieux des deux. On imagine la mobilisation énorme : hélicoptères, chiens, barrages, géolocalisation des téléphones, surveillance des proches… Toute la machine s’est mise en route immédiatement.
Ce qui frappe, c’est la rapidité. Moins de 24 heures. Ça montre deux choses : d’abord que les forces de l’ordre savent être ultra-efficaces quand elles sont sous pression médiatique et politique. Ensuite que l’évadé en question n’avait probablement pas de plan très élaboré. Peut-être pensait-il pouvoir rejoindre un proche, se cacher dans une grange, attendre que ça se calme. Raté.
- Jeudi matin : découverte de l’évasion
- Jeudi toute la journée : dispositif exceptionnel déployé en Bourgogne
- Vendredi matin : interpellation discrète en Saône-et-Loire
- Vendredi midi : communiqué victorieux des autorités
Entre nous, cette rapidité rassure… mais interroge aussi. Pourquoi certaines recherches durent des années (je pense à certains fugitifs célèbres) et d’autres seulement une journée ?
Et le second ? La traque continue
À l’heure où j’écris ces lignes, le deuxième homme court toujours. Plus jeune, peut-être plus déterminé, peut-être mieux préparé. Les autorités restent discrètes, mais on sait que la Brigade de recherche nationale des fugitifs a pris le dossier en main. Ce n’est pas une petite affaire.
On peut facilement imaginer le stress des habitants dans les villages autour de Dijon. Une personne accusée d’assassinat en liberté, ça ne laisse personne indifférent. Les réseaux sociaux locaux doivent être en feu.
Ce qui est intéressant, c’est que les deux hommes ne se sont apparemment pas enfuis ensemble. Chacun de son côté. Stratégie intelligente ou panique ? Difficile à dire pour l’instant.
La maison d’arrêt de Dijon : une prison sous tension depuis longtemps
Ce n’est pas la première fois que cet établissement fait parler de lui. Surpopulation chronique, personnel en sous-effectif, vétusté des installations… Tous les ingrédients classiques des prisons françaises des centres-villes. Les barreaux, même renforcés, restent des barreaux du XIXe siècle pour certains.
Je me souviens d’un reportage il y a deux ans : les syndicats tiraient déjà la sonnette d’alarme. « Un jour, il y aura une évasion grave », disaient-ils. Ils n’avaient pas tort.
Au-delà de l’anecdote, cet événement remet sur la table le débat sur la rénovation du parc pénitentiaire français. Combien de prisons ont encore des fenêtres avec barreaux sciables ? Combien fonctionnent encore avec des clés mécaniques ? On modernise les aéroports, les gares, mais les prisons, on repousse toujours à demain.
Ce que cette évasion nous dit de la dangerosité réelle des deux hommes
Sans verser dans le sensationnalisme, rappelons les faits : l’un est en détention provisoire pour assassinat, l’autre pour violences conjugales graves. Ce ne sont pas des voleurs de poules. Leur placement en quartier disciplinaire indique aussi des problèmes de comportement en détention.
Mais une évasion, ça demande du sang-froid. Scier des barreaux sans se faire repérer, descendre en pleine nuit, s’orienter dans une ville qu’on ne connaît peut-être pas parfaitement… Il y a une forme de détermination glaçante là-dedans.
Les leçons à tirer : vers plus de sécurité ou plus d’humanité ?
À chaque évasion, c’est le même refrain : il faut plus de caméras, plus de bracelets électroniques, des vitres incassables, des miradors avec tireurs d’élite… Mais est-ce vraiment la solution ?
Certains experts pénitentiaires estiment que la surpopulation et le désespoir sont les premiers complices des évasions. Un détenu qui n’a plus rien à perdre tentera toujours l’impossible. Peut-être qu’investir dans le personnel, dans des conditions de détention dignes, serait plus efficace que de transformer toutes les prisons en bunkers.
Après, je comprends parfaitement que pour les victimes et leurs familles, ces considérations passent après la sécurité immédiate. Le débat est complexe, comme toujours.
Et maintenant ?
Le fugitif encore en liberté sera probablement repris dans les prochains jours. Les statistiques sont formelles : 95 % des évadés sont repris dans le mois. Mais chaque jour de liberté supplémentaire est un jour de stress pour la population et un jour de honte pour l’administration.
Ce qui est sûr, c’est que cette affaire va faire jurisprudence. Attendez-vous à des inspections en cascade, des rapports, des propositions de loi, des effets d’annonce. Et dans six mois, on reparlera probablement d’une autre évasion ailleurs.
Parce qu’au fond, le problème n’est pas seulement à Dijon. Il est systémique.
En attendant, si vous habitez en Bourgogne et que vous croisez un homme qui regarde nerveusement derrière lui… vous saurez pourquoi. Restez prudents, et surtout, restez informés.
(Article mis à jour au fur et à mesure des informations – la traque du second évadé se poursuit)
