Vous est-il déjà arrivé de vous sentir vraiment vulnérable en rentrant chez vous le soir ? Cette boule au ventre quand on sait qu’on risque de croiser l’ex violent ou simplement de marcher seule dans une rue mal éclairée. Franchement, c’est une réalité que trop de femmes connaissent encore en 2025.
Et si, dans ces moments-là, un simple coup de fil suffisait à faire arriver un taxi gratuit, conduit par quelqu’un formé pour comprendre ce que vous vivez ? C’est exactement ce qui se passe aujourd’hui dans le Val-de-Marne.
Un département qui passe à l’action concrète
Depuis le printemps dernier, un dispositif plutôt discret mais sacrément efficace a été testé dans le département. L’idée ? Offrir des trajets en taxi entièrement gratuits aux femmes victimes de violences, quel que soit le type : physique, psychologique, sexuelle ou même économique.
Parce que oui, quand on est sous emprise, sortir pour aller porter plainte, consulter un médecin, rejoindre un foyer d’accueil ou simplement respirer loin de chez soi, c’est déjà un parcours du combattant. Alors si en plus il faut trouver 30 ou 50 euros pour un taxi… beaucoup renoncent.
J’ai discuté avec des travailleuses sociales qui m’ont confié que le manque de moyen de transport était l’un des principaux freins. Certaines femmes attendent des heures un bus de nuit qui ne passe jamais, d’autres prennent le risque de rentrer à pied. C’est là que le bon taxi change tout.
Comment ça marche au quotidien ?
Concrètement, c’est assez simple et surtout pensé pour être accessible même en urgence.
- Une femme en danger contacte une association, un commissariat ou le 3919 (le numéro national violences conjugales)
- L’interlocuteur évalue la situation et, si besoin, active un bon taxi
- Une centrale dédiée (ouverte 24h/24 et 7j/7) envoie immédiatement un véhicule
- La course est prise en charge à 100 %, sans que la victime ait à avancer le moindre centime
Ce qui frappe, c’est la rapidité. En moyenne, le taxi arrive en moins de quinze minutes, même à 3 heures du matin. Et croyez-moi, quand on est terrifiée, quinze minutes, ça peut paraître une éternité… mais c’est déjà infiniment mieux que rien.
Des chauffeurs qui ne sont pas là par hasard
L’autre point fort – et pas des moindres – c’est la formation des chauffeurs. On ne parle pas juste de gens qui conduisent. Ces professionnels suivent une sensibilisation spécifique.
Ils apprennent à repérer les signes de stress post-traumatique, à ne poser aucune question intrusive, à savoir quand parler ou se taire, et surtout à garantir une discrétion absolue.
Un chauffeur m’a raconté qu’il garde toujours une couverture dans son coffre, au cas où la personne serait en état de choc et grelotterait. Un autre propose systématiquement de l’eau. Ce sont des petits gestes, mais quand on est au bout du rouleau, ils font une différence énorme.
D’ailleurs, certains chauffeurs se portent volontaires pour ce dispositif. Ils savent qu’ils ne transportent pas juste une cliente : ils participent, à leur niveau, à une chaîne de sauvetage.
Pourquoi c’est plus qu’un simple service de transport
Ce qui m’a vraiment marqué, c’est de comprendre que ce bon taxi n’est pas qu’une solution logistique. C’est un véritable outil d’émancipation.
Quand une femme peut se rendre à un rendez-vous chez l’avocate sans craindre d’être suivie, quand elle peut aller chercher ses enfants à l’école sans dépendre de l’autorisation de son conjoint violent, quand elle peut enfin rejoindre un hébergement d’urgence sans se ruiner… c’est une partie de sa liberté qui revient.
Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis le lancement du test, plusieurs centaines de trajets ont déjà été effectués. Des trajets qui ont permis à des femmes de quitter leur domicile en pleine nuit, de se rendre à l’hôpital après des coups, ou simplement d’aller respirer chez une amie le temps de reprendre des forces.
Un modèle qui pourrait inspirer ailleurs ?
Ce qui se passe dans le Val-de-Marne n’est pas isolé, mais c’est l’un des dispositifs les plus aboutis en Île-de-France. D’autres départements regardent déjà de très près le modèle.
Parce qu’au fond, la question est simple : pourquoi devrait-on choisir entre sa sécurité et son portefeuille ? Quand on sait que les violences touchent une femme sur trois en France au cours de sa vie, offrir un transport sécurisé et gratuit, ça devrait être la base.
Certains diront que ça coûte cher. Mais franchement, quel est le prix d’une vie sauvée ? D’une femme qui retrouve le courage de porter plainte ? D’enfants qui ne grandiront plus dans la peur ?
Et après le trajet ?
Le taxi, c’est la première étape. Mais derrière, il y a tout un réseau : foyers d’accueil, psychologues spécialisés, juristes, travailleurs sociaux. Le bon taxi n’est qu’une porte d’entrée vers une prise en charge globale.
Et c’est peut-être ça le plus beau : montrer à ces femmes qu’elles ne sont pas seules. Qu’à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, il y a des gens prêts à les aider, sans jugement, sans condition.
Alors oui, on est encore loin d’avoir éradiqué les violences. Mais des initiatives comme celle-ci prouvent qu’on peut agir concrètement, dès maintenant, avec des solutions simples et humaines.
Si vous connaissez quelqu’un qui pourrait avoir besoin de ce dispositif, gardez en tête que ça existe. Et surtout, que ça marche. Parce que parfois, tout commence par un trajet en taxi.
(Note : les numéros d’urgence comme le 3919 ou le 17 restent bien sûr disponibles 24h/24 pour toute situation de danger immédiat.)
