Il y a des soirs où tout bascule. Où un joueur, un seul, décide de prendre le match à son compte et d’écrire une page qu’on racontera encore dans vingt ans autour d’une bière entre supporters. Jeudi soir à Backa Topola, Corentin Tolisso a vécu ça. Un triplé, son premier, dans une victoire 6-0 qui place l’OL tout en haut de la phase de ligue de Ligue Europa. Et franchement, même en ayant vu des centaines de matches, j’ai rarement ressenti une telle émotion brute.
Le rêve devenu réalité en une soirée magique
Reprenons depuis le début. La veille du match, dans les couloirs de l’hôtel serbe, Tolisso plaisantait avec les kinés en regardant PSG-Tottenham. Vitinha venait d’inscrire un triplé. « Moi aussi, un jour, j’en mettrai trois. Juste une fois dans ma vie », lâche-t-il en riant. Personne n’y croit vraiment. Et puis arrive le match.
25e minute : centre parfait d’Abner, Tolisso surgit au second poteau et place une tête clinique. 500e but européen de l’histoire de l’OL. Déjà symbolique. Mais ce n’était que l’apéritif.
« Je me suis pincé en rentrant au vestiaire pour être sûr que c’était réel. »
Corentin Tolisso, capitaine de l’Olympique Lyonnais
Un capitaine qui montre l’exemple, enfin
Depuis son retour à Lyon à l’été 2022, on attendait ça. On attendait que le champion du monde 2018 prenne vraiment le vestiaire à son compte. Pas seulement par le brassard, mais par les actes. Cette saison, il joue plus haut, presque en 10 derrière l’attaquant. Et le résultat est là : 13 buts et 3 passes décisives toutes compétitions confondues en 2025 civile. Des chiffres de milieu offensif de classe mondiale.
Jeudi, il a tout fait : pressing intense, récupérations hautes, appels dans le dos de la défense, et surtout cette présence dans la surface qui manquait cruellement à Lyon depuis le départ de Lacazette. Deux buts de la tête, un du droit, six tirs, cinq cadrés. Une copie presque parfaite.
Paulo Fonseca avait vu juste
L’entraîneur portugais ne s’y trompe pas. Depuis plusieurs semaines, il répète en conférence de presse que Tolisso est « très dangereux quand il joue proche de la surface ». Jeudi, il l’a placé en soutien de Satriano, légèrement décalé à gauche. Résultat ? Le capitaine lyonnais a été intouchable.
« Quand Coco joue proche du but, il prend les bonnes décisions, il est fort de la tête, et quand il peut marquer, en général il marque. »
Paulo Fonseca
Et pourtant, l’opposition était faible. On ne va pas se mentir, Maccabi Tel-Aviv n’a pas le niveau d’un cador européen. Mais parfois, il faut un adversaire plus modeste pour libérer complètement un joueur. Tolisso en a profité, et il l’a fait avec classe.
Le clin d’œil à Lacazette, classe absolue
Juste après le match, ballon sous le bras (qu’il a fait signer par tout le monde, même les kinés), Tolisso a eu cette phrase magnifique :
« Je dédicace ce triplé à Alexandre Lacazette, au grand attaquant qu’il est. Même si je suis un milieu, je le regardais beaucoup et j’écoutais ses conseils. »
Ce genre de déclaration, ça ne s’invente pas. Ça dit tout du respect qu’il porte à l’ancien capitaine, parti cet été. Et ça dit aussi beaucoup de l’état d’esprit de Tolisso : collectif d’abord, même quand il vient de vivre la plus grande soirée de sa carrière.
Et maintenant, l’Équipe de France ?
Forcément, la question brûle toutes les lèvres. Peut-on encore se passer de lui en Bleu ? À 31 ans, Tolisso est en train de vivre une seconde jeunesse. Ses statistiques parlent pour lui. Sa mentalité aussi. Sur les réseaux, les supporters lyonnais (et pas que) réclament déjà son retour.
- 13 buts en 2025 civile
- Capitaine respecté et exemplaire
- Polyvalence (6, 8 ou 10)
- Expérience des grands matches
- Champion du monde 2018 (même s’il était blessé pour la finale)
Didier Deschamps va-t-il craquer ? Franchement, ce serait difficile de continuer à l’ignorer après une telle performance. Surtout quand on voit certains milieux actuels galérer à créer le danger.
Un nouveau record en vue ?
Avec ces trois nouveaux buts, Tolisso égale Sidney Govou, Nestor Combin et Fleury Di Nallo à la 4e place des buteurs lyonnais en Coupes d’Europe (11 buts). Il n’est plus qu’à une longueur de Karim Benzema (12). Devant, seul Juninho (14) et Lacazette (19) le devancent.
Et le plus fou ? Il l’a fait sans penalty. Lui qui rêve maintenant de marquer sur coup franc (« Ça fait longtemps que je n’en ai pas mis un »). S’il y arrive, on n’est pas prêts.
L’OL version 2025-2026 : enfin de retour au premier plan ?
Cette victoire 6-0 n’est pas anodine. Elle place Lyon en tête de la phase de ligue de Ligue Europa, avec une avance confortable avant les derniers matches. Le projet de John Textor commence à prendre forme. Un capitaine en feu, un coach qui trouve les bons schémas, des jeunes qui montent (Cherki, Abner, Nuamah)… Tout n’est pas parfait, loin de là. Mais pour la première fois depuis longtemps, on sent que ça peut aller loin.
Et si cette soirée à Backa Topola était le déclic ? Celui qu’on attendait depuis le retour de Tolisso. Celui qui pourrait ramener Lyon là où il n’aurait jamais dû quitter : tout en haut.
Parce qu’un joueur qui réalise son rêve d’enfant un soir de novembre, sous les projecteurs d’un petit stade serbe, avec le brassard et le sourire jusqu’aux oreilles… ça ne trompe pas. Ça sent le début de quelque chose de grand.
Et vous, pensez-vous que Tolisso mérite sa place en Équipe de France dès la prochaine liste ? Dites-le moi en commentaire, on en discute. Parce que des soirées comme celle-là, on n’en vit pas tous les jours.
