Vous est-il déjà arrivé de lever les yeux vers un feu d’artifice et de vous dire, au milieu des détonations, que c’était magnifique… mais quand même un peu violent ? Moi, oui. Trop de bruit, trop de fumée, et le lendemain on apprend que la faune a passé une nuit cauchemardeuse. Et puis arrive Spark. Une nuée lumineuse qui flotte, silencieuse, au-dessus de Reims. Et là, on se prend une claque douce.
Ce n’est pas tous les jours qu’une maison de champagne aussi prestigieuse que Ruinart décide d’ouvrir grand ses portes pour offrir au public une expérience artistique totalement gratuite, poétique et résolument tournée vers l’avenir. Pourtant, les 28 et 29 novembre 2025, c’est exactement ce qui se passe rue des Crayères.
Quand les lucioles rencontrent les bulles de champagne
Imaginez : il fait nuit, un froid sec de novembre, vous êtes sur le parvis tout juste rénové devant le Pavillon Nicolas. Pas de compte à rebours stressant, pas de musique tonitruante. Juste un léger souffle de vent et, soudain, des milliers de points lumineux qui s’élèvent doucement dans le ciel. Ils dansent, tourbillonnent, se laissent porter comme des bulles qui refuseraient de crever.
C’est Spark, l’œuvre du designer néerlandais Daan Roosegaarde. Des particules biodégradables ultra-légères, éclairées par des sources lumineuses discrètes, qui créent l’illusion parfaite d’un essaim de lucioles géantes. L’artiste le dit lui-même :
« C’est silencieux, c’est doux, c’est accueillant. On montre ici la beauté d’un monde plus durable. »
Daan Roosegaarde
Et franchement, sur place, on comprend instantanément. Pas besoin d’explication savante. On ressent juste une forme de paix joyeuse, presque enfantine.
Pourquoi Reims, pourquoi Ruinart ?
Il y a quelque chose de profondément logique à voir cette installation prendre vie ici. Ruinart, c’est la plus ancienne maison de champagne, fondée en 1729, mais aussi l’une des plus engagées dans la viticulture durable depuis vingt ans qu’elle bannit les coffrets cadeaux carton, qu’elle expérimente des bouchons en liège naturel alternatif, qu’elle réduit son empreinte carbone avec une rigueur impressionnante.
Accueillir Spark, c’est donc plus qu’un joli coup de com. C’est une déclaration. On peut célébrer, faire la fête, émerveiller les foules sans abîmer la planète. Et quand on sait que certaines villes interdisent désormais les feux d’artifice classiques pour raisons écologiques et de bien-être animal, on mesure à quel point cette alternative tombe à pic.
L’histoire derrière les étincelles
Daan Roosegaarde n’en est pas à son coup d’essai. Depuis plus de vingt ans, cet artiste-ingénieur néerlandais imagine des installations qui réconcilient technologie, beauté et respect de l’environnement. Vous connaissez peut-être ses pistes cyclables phosphorescentes inspirées de Van Gogh, ou ses tours qui aspirent la pollution, ou ses jardins de lumière à base de méduses génétiquement modifiées (sans blague).
Spark est né il y a trois ans. Depuis, il a voyagé : Bilbao, Londres, Singapour, Auckland… Chaque fois, l’expérience est unique parce que la nature reprend ses droits. Le vent, la température, l’humidité modifient la trajectoire des particules. À Reims, avec le microclimat des crayères et le froid de novembre, le nuage lumineux devrait être particulièrement dense et lent, presque hypnotique.
Petit détail qui tue : les particules sont fabriquées à partir de matériaux naturels (pensez amidon de pomme de terre ou fibres végétales) et se dégradent complètement en quelques heures ou quelques jours selon la météo. Zéro déchet, zéro pollution lumineuse résiduelle. On est loin des résidus de métaux lourds des feux classiques.
Ce que ça fait de vivre Spark en vrai
J’ai eu la chance d’assister à la répétition générale. Et croyez-moi, les photos, même les plus réussies, ne rendent pas justice. En vrai, c’est vivant. Les lumières bougent, certaines descendent presque jusqu’à nous avant de remonter, on a l’impression qu’elles réagissent à nos mouvements. Les enfants tendent les mains, les couples se serrent un peu plus fort, même les chiens restent calmes (si, si).
Le plus fou ? Le silence. Pas de « boum », pas de sirènes d’alarme anti-incendie dans la tête des animaux. Juste le bruissement léger des particules et les « oh » émerveillés du public. Une spectatrice me glisse : « On dirait que le champagne sort de la bouteille et décide de faire la fête dans le ciel. » J’ai trouvé l’image parfaite.
- Pas de bruit assourdissant → tout le monde profite, bébés et animaux compris
- Pas de pollution atmosphérique → l’air reste pur
- Pas de risque d’incendie → idéal en période de sécheresse
- Biodégradable à 100 % → rien à ramasser le lendemain
- li>Esthétique changeable selon la météo → chaque soirée est unique
Infos pratiques pour ne rien rater
Alors, prêt à vivre l’expérience ? Voici tout ce qu’il faut savoir :
- Quand ? Vendredi 28 novembre de 20h à minuit et samedi 29 novembre de 19h à 23h (en continu, vous venez quand vous voulez)
- Où ? Parvis de la Maison Ruinart, 4 rue des Crayères, Reims (parking sur place ou tram jusqu’à l’arrêt « Crayères »)
- Combien ? Gratuit, sans réservation (mais arrivez tôt, on attend plus de 2000 personnes chaque soir)
- Comment s’habiller ? Chaudement ! On est fin novembre, et on reste dehors. Plaid et thermos de chocolat chaud autorisés
- Photos ? Oui, et même encouragées. Le rendu est sublime au smartphone.
Petit conseil de local : venez plutôt en début de soirée le vendredi, la lumière résiduelle du crépuscule donne des reflets dorés incroyables sur les particules.
Et après ? Vers une fête plus responsable
L’aspect peut-être le plus intéressant, c’est que Spark ne s’arrête pas à Reims. L’œuvre continue sa route et, surtout, elle inspire. Des mairies commencent à s’y intéresser pour remplacer les traditionnels 14 juillet ou réveillons par des alternatives similaires. Des entreprises privées également : mariages, lancements de produit, soirées corporate… tout est imaginable.
Parce qu’au fond, on n’a pas besoin de tout faire exploser pour célébrer. Parfois, il suffit de laisser la beauté se déployer doucement. Comme une bulle de champagne qui monte à la surface : lentement, élégamment, et avec une petite étincelle à l’arrivée.
Alors si vous êtes dans le coin ce week-end, ou même si vous ne l’êtes pas… faites le déplacement. Vous ne verrez plus jamais les fêtes du même œil. Et qui sait, peut-être que la prochaine fois qu’on lèvera notre coupe, on pensera aussi à lever les yeux vers ces lucioles nouvelles générations.
Parce qu’après tout, le futur peut être doux. Il suffit de le vouloir.
PS : Si vous y allez, envoyez-moi vos photos en commentaire, j’adore voir comment chaque personne vit cette expérience. La magie opère différemment selon les cœurs, et c’est ça le plus beau.
