Imaginez-vous un instant. Vous êtes dans votre salon, un café à la main, et soudain vous apprenez qu’un compatriote va retourner sur la Lune plus de cinquante ans après Apollo 17. Pas en touriste, non, mais comme membre à part entière d’une des missions les plus ambitieuses du siècle. Ça fait quelque chose, non ? C’est exactement ce qui se profile pour la France.
Hier, le patron de l’agence spatiale européenne a lâché la bombe : trois Européens voleront lors des prochaines missions Artemis, et parmi eux, un Français. Un Allemand ouvrira le bal, puis viendront un Italien et donc nous. Le rêve devient concret.
Le retour des humains autour de la Lune, c’est pour très bientôt
On a tellement entendu parler de reports qu’on finit par douter. Pourtant, cette fois, ça sent le vrai départ. La mission Artemis 2, celle qui fera voler quatre astronautes autour de la Lune sans atterrir, est désormais calée pour le printemps 2026 au plus tard. Quatre ans de retard, certes, mais quand on parle d’exploration habitée, la prudence paie.
À bord de cette mission historique, il y aura très probablement le premier Européen de l’ère Artemis. Et ce sera un Allemand. Bravo à eux, mais avouons-le : on trépigne déjà pour la suite.
Artemis 3 : le vrai grand retour sur le sol lunaire
C’est là que tout devient fou. Prévue maintenant pour 2027 ou 2028 (on croise les doigts pour ne pas glisser encore), Artemis 3 sera la première mission à déposer des humains sur la Lune depuis décembre 1972. Et cette fois, l’objectif n’est pas juste de planter un drapeau et repartir. Non. On parle d’explorer le pôle Sud lunaire, une zone où l’on suspecte la présence d’eau sous forme de glace. De l’eau, c’est de l’oxygène, du carburant, de la vie. Bref, la clé pour rester.
Et dans l’équipage de quatre personnes, deux descendront avec le Starship de SpaceX pendant que les deux autres resteront en orbite dans Orion. Parmi ces quatre, il y aura très probablement le deuxième ou le troisième Européen. Peut-être le Français.
« L’Europe a sa place dans cette aventure-là, pour le long terme. »
Un astronaute français présent lors de l’annonce
Thomas Pesquet, l’éternel favori ?
On va être honnête : dès qu’on parle de mission lunaire française, son nom arrive en premier. Thomas Pesquet, c’est un peu notre Kylian Mbappé de l’espace – charismatique, expérimenté, médiatique. Deux longs séjours dans l’ISS, commandant de station, plus de 400 jours cumulés en orbite… Le CV est irréprochable.
Mais il y a un hic. Il a déjà 47 ans. En 2027-2028, il en aura 50 passés. Ce n’est pas rédhibitoire (John Glenn est reparti à 77 ans), mais la concurrence est rude. Sophie Adenot, la nouvelle pépite française sélectionnée en 2022, sera dans la fleur de l’âge. Et n’oublions pas Raphaël Liegeois, Arnaud Beck, ou encore les vétérans comme Claudie Haigneré qui restent dans le vivier élargi.
Ce qui est sûr, c’est que la décision ne sera pas seulement technique. Il y a aussi la politique, les équilibres européens, les contributions financières de chaque pays. La France est le premier contributeur de l’agence européenne après l’Allemagne. Ça pèse.
Ce que l’Europe apporte (et pourquoi on a mérité notre siège)
On entend parfois : « Pourquoi les Européens montent dans le vaisseau américain ? » La réponse est simple : on paye notre ticket, et cher.
- Les modules de service d’Orion (ceux qui fournissent électricité, propulsion, eau, air) sont conçus et fabriqués en Europe sous maîtrise d’œuvre Airbus.
- Deux des modules pressurisés de la future station Gateway seront européens.
- Le bras robotique de Gateway ? Européen aussi.
- Le module I-Hab de vie ? Toujours nous.
En échange de ces milliards investis, l’agence européenne a négocié trois sièges sur les missions Artemis à partir de 2026. C’est écrit noir sur blanc. Et c’est une première depuis… eh bien, depuis jamais en réalité pour des missions lunaires.
La course contre la Chine (et pourquoi ça compte)
On ne va pas se mentir : derrière la belle coopération internationale, il y a une sacrée compétition. La Chine avance à marche forcée. Station Tiangong déjà opérationnelle, récupération d’échantillons lunaires, projet de base au pôle Sud pour 2030-2035… Ils ne rigolent pas.
Du côté occidental, on veut absolument y retourner avant eux. Pas juste pour la gloire, mais parce que celui qui pose les jalons en premier risque de fixer les règles pour les décennies suivantes. Un peu comme les grandes découvertes maritimes, mais sur un caillou gris à 400 000 km.
Et après ? Vers une présence permanente
Artemis, ce n’est pas juste quelques missions. C’est le début d’un village lunaire. Gateway en orbite, bases au sol, utilisation des ressources locales… L’objectif affiché est d’avoir une présence humaine régulière sur et autour de la Lune dès la fin de la décennie.
Et la France veut être au cœur de ça. On développe déjà le projet Argonaut (un gros atterrisseur européen), on travaille sur l’extraction d’oxygène à partir du régolithe, on forme la nouvelle génération d’astronautes. Bref, on ne fait pas juste du stop.
Franchement, quand on y pense, c’est un peu dingue. Il y a encore dix ans, parler d’un Français sur la Lune relevait de la science-fiction. Aujourd’hui, c’est presque banal d’en discuter au déjeuner.
Alors oui, il reste des incertitudes : les reports, les budgets, la fiabilité du Starship… Mais pour la première fois depuis longtemps, j’ai l’impression qu’on est vraiment sur le point d’y retourner. Et cette fois, on ne sera pas juste spectateurs.
Un drapeau tricolore qui flottera à nouveau dans le vide spatial, à quelques mètres du sol lunaire… Ça ferait un sacré symbole, non ?
