Imaginez-vous sur la ligne de départ d’un relais, le vent glacé qui vous fouette le visage, le cœur qui cogne, et juste à côté… la coéquipière avec qui vous ne vous parlez presque plus. C’est exactement l’atmosphère dans laquelle les Bleues du biathlon s’apprêtent à lancer, ce samedi à Östersund, leur saison olympique. Une saison qui doit les mener tout droit aux Jeux de Milan-Cortina en février 2026. Sauf que la leader habituelle manque à l’appel. Et pas pour une blessure.
Une saison qui commence dans le brouillard
Östersund, c’est un peu la maison du biathlon mondial en hiver. Les pistes suédoises ouvrent traditionnellement la Coupe du monde et, hasard du calendrier, c’est un relais féminin qui donne le coup d’envoi cette année. D’habitude, c’est la fête : les Françaises adorent cette épreuve collective, elles y brillent souvent. Mais là, franchement, l’ambiance est bizarre. On sent que quelque chose cloche dès qu’on parle de l’équipe de France.
La raison ? Une suspension d’un mois prononcée contre Julia Simon, la grande patron… non, l’immense patronne des dernières saisons. La Savoyarde ne sera pas là pour les dix premières courses. Et tout le monde sait pourquoi.
L’affaire qui a tout fait basculer
Revenons deux ans en arrière. 2022. Des achats suspects apparaissent sur la carte bancaire de Justine Braisaz-Bouchet. L’enquête pointe rapidement une coéquipière. Julia Simon. Après des mois de procédure, la justice a tranché : trois mois de prison avec sursis et 15 000 euros d’amende pour vol et fraude. La biathlète a reconnu les faits. Point final ? Pas vraiment.
Car même si l’histoire date, elle a continué à pourrir l’atmosphère du groupe. On pouvait presque sentir la tension à travers les écrans l’hiver dernier, quand les deux athlètes montaient sur les podiums ensemble, sourire crispé, poignée de main rapide. Le genre de moment où on se dit : « Elles font le job, mais ça doit être lourd à porter tous les jours. »
« C’est une situation qui pèse sur le biathlon français depuis trop longtemps. Malgré tous ces séismes, le groupe a gardé une unité. Dans d’autres sports, ça aurait explosé. »
– Martin Fourcade, sur un site spécialisé
Quand le plus grand champion de l’histoire du biathlon dit ça, on écoute. Fourcade connaît la maison. Il sait de quoi il parle.
Et puis il y a eu cette rumeur de sabotage
Juste avant la reprise, une autre histoire a circulé. Une jeune athlète surprise en train de toucher à la carabine d’une autre. Vite démenti par la fédération : aucun sabotage avéré, juste un « manquement aux règles de vie de groupe ». Traduction : quelqu’un a fait une bêtise, on a sanctionné en interne, circulez. Mais le mal était fait. À l’étranger, certains se sont régalés. Imaginez les titres : « Chaos chez les Françaises ».
Franchement, ça fait mal au cœur quand on aime ce sport. Parce qu’on sait que derrière les combinaisons et les carabines, il y a des filles qui se lèvent à 5 h du matin depuis qu’elles ont 12 ans pour vivre leur rêve olympique.
Lou Jeanmonnot, la nouvelle patronne ?
En l’absence de Julia Simon, tous les regards se tournent vers Lou Jeanmonnot. La Doubiste de 27 ans sort d’une saison exceptionnelle : maillot jaune pendant un moment, deuxième au général à un cheveu, six victoires. Elle aurait pu – aurait dû ? – décrocher le gros globe sans cette chute terrible dans le dernier tour de la mass-start d’Oslo.
Je me souviens encore de ses larmes sur la ligne d’arrivée. Pas des larmes de colère, non. Des larmes de fatigue, de déception immense, mais aussi de fierté. Elle avait tout donné.
Aujourd’hui, elle le dit elle-même : elle s’en est remise. Et elle arrive avec une envie folle. C’est sa première vraie saison olympique en tant que leader potentielle. Elle l’assume.
- Objectif affiché : performer en Coupe du monde pour arriver en forme aux JO
- Atout majeur : son calme et sa régularité au tir (souvent au-dessus de 90 %)
- Point à travailler : garder la tête froide quand la pression monte
Un collectif toujours redoutable sur le papier
Parce qu’il ne faut pas se mentir : même sans Julia Simon pour ce début de saison, l’équipe de France reste ultra-compétitive. Regardez la composition probable du relais samedi :
- Justine Braisaz-Bouchet : championne olympique en titre de la mass-start
- Lou Jeanmonnot : vice-championne du monde en titre
- Océane Michelon et Jeanne Richard : les jeunes qui montent
- Chloé Chevalier ou Sophie Chauveau en renfort
Sur le papier, c’est du très lourd. L’hiver dernier, les Bleues ont trusté les podiums : 11 podiums sur 12 épreuves aux championnats du monde, record historique. Elles savent gagner ensemble. Même quand ça coince humainement.
Cyril Burdet, le pompier de service
Au milieu de tout ça, il y a un homme qui doit avoir des nerfs d’acier : Cyril Burdet, l’entraîneur. Les rumeurs l’envoyaient déjà ailleurs il y a quelques mois. Faux. Il est toujours là. Et il fait un travail colossal pour maintenir la cohésion.
Ses mots sont toujours mesurés, positifs. Il parle de « professionnalisme », de « respect des individualités ». En gros, il essaie de transformer cette équipe en machine à gagner malgré les egos et les histoires passées. Chapeau.
Et les JO dans tout ça ?
La grande question, c’est évidemment février 2026. Julia Simon sera-t-elle sélectionnée ? La sanction fédérale d’un mois ne l’empêche pas, en théorie, de participer aux Jeux. Mais entre la justice, la fédération et l’ambiance… rien n’est simple.
Ce qui est sûr, c’est que la France a les armes pour ramener plusieurs médailles en Italie. Le relais, déjà, fait partie des grands favoris. L’individuel, la poursuite, la mass-start aussi. Mais pour ça, il faudra que le groupe reste soudé. Ou du moins, qu’il continue à faire semblant avec talent.
Ce qu’il faut retenir pour Östersund
| Épreuve | Date | Favorite collective |
| Relais féminin | Samedi 29 novembre – 13h15 | Norvège, Suède, France |
| Sprint femmes | 29 novembre soir | Lou Jeanmonnot, Lisa Vittozzi |
| Poursuite | Dimanche | À surveiller : les écarts du sprint |
Bref, une chose est sûre : cette saison de biathlon français va être passionnante. Pas seulement pour les performances sportives, mais pour tout ce qui se passe en coulisses. On va suivre ça de très près. Et quelque part, on espère que le sport reprendra vite le dessus sur les histoires de vestiaire.
Parce qu’au fond, ces filles méritent qu’on parle d’elles pour leurs tirs à 10/10 dans le vent, leurs remontées folles ou leurs duels à skis. Pas seulement pour des histoires de carte bancaire ou de carabines trafiquées.
Allez les Bleues. On croit en vous. Même quand c’est compliqué.
