Vous êtes tranquillement installé dans un fauteuil moelleux, prêt à vous plonger dans un chef-d’œuvre du septième art, et soudain… une démangeaison. Puis une autre. Vous regardez autour de vous et vous réalisez que vous n’êtes pas seul dans la salle. Non, pas à cause des autres spectateurs, mais à cause de petites bestioles qui ont élu domicile dans les sièges. C’est exactement ce qui arrive en ce moment à l’un des lieux les plus mythiques du cinéma français.
Un temple du cinéma forcé de baisser le rideau
Fin novembre 2025, la nouvelle est tombée comme un couperet : les quatre salles de la Cinémathèque française, situées dans le 12e arrondissement de Paris, ferment leurs portes pour un mois complet. La raison ? Une énième vague de signalements de punaises de lit. L’institution, qui accueille chaque année des milliers de cinéphiles venus du monde entier, a décidé de frapper fort plutôt que de laisser la situation s’envenimer.
Franchement, quand on pense à la Cinémathèque, on imagine plutôt les bobines de À bout de souffle ou les masterclasses de grands réalisateurs, pas des insectes qui se baladent sur les accoudoirs. Et pourtant, la réalité rattrape même les lieux les plus prestigographiques.
Que s’est-il réellement passé ces derniers jours ?
De nouveaux spectateurs ont signalé la présence de ces indésirables directement sur les fauteuils et même sur leurs vêtements en sortant de séance. L’établissement n’a pas attendu pour réagir. Dès le vendredi 28 novembre, le communiqué officiel est tombé : fermeture immédiate et traitement radical de l’ensemble des salles.
Et ce n’est pas la première fois. Début novembre déjà, lors d’une projection événement autour d’Alien avec une actrice culte, plusieurs personnes étaient reparties avec des démangeaisons suspectes. À l’époque, certains décrivaient même voir les insectes « courir sur les sièges ». Autant dire que l’ambiance horrifique du film avait débordé dans la réalité.
Un traitement digne d’un blockbuster catastrophe
Alors cette fois, on ne rigole plus. L’établissement a décidé de tout démonter. Littéralement.
- Retrait complet des moquettes au sol
- Démontage de tous les fauteuils, un par un
- Traitement individuel à la vapeur sèche à 180 °C, répété plusieurs fois
- Contrôles systématiques par des chiens spécialisés après chaque étape
- Rien ne sera remonté tant que les toutous n’auront pas donné leur feu vert
Avouez que l’image d’un labrador reniflant consciencieusement chaque siège rouge a quelque chose de surréaliste dans un lieu aussi prestigieux. Mais c’est aujourd’hui la méthode la plus fiable pour détecter les œufs et les larves qui échappent souvent à l’œil humain.
« Nous préférons prendre le temps nécessaire pour garantir un environnement parfaitement sûr et confortable à nos spectateurs. »
Communiqué officiel de l’établissement
Pourquoi les cinémas sont-ils des cibles idéales ?
Entre nous, un cinéma, c’est un peu le paradis pour une punaise de lit. Obscurité, chaleur humaine constante, tissus moelleux partout, centaines de personnes qui se succèdent chaque jour… C’est l’équivalent d’un all-you-can-eat cinq étoiles pour ces petites bêtes.
Et la Cinémathèque n’est pas n’importe quel cinéma. Ses salles, avec leurs fauteuils en velours et leurs moquettes épaisses, offrent des cachettes parfaites dans les coutures, les plis, les interstices. Ajoutez à cela une fréquentation internationale (donc des valises qui viennent parfois de très loin), et vous avez la recette d’une infestation tenace.
J’ai discuté récemment avec un spécialiste de la lutte antiparasitaire. Il m’expliquait que les lieux recevant du public en continu – cinémas, théâtres, hôtels, transports – sont les plus vulnérables. Et une fois installées, ces bestioles sont d’une résilience effrayante.
Une épidémie qui touche tous les lieux culturels parisiens ?
Ce qui est inquiétant, c’est que la Cinémathèque n’est pas un cas isolé. Ces dernières années, plusieurs institutions culturelles parisiennes ont dû fermer temporairement pour les mêmes raisons. Sans parler des hôtels, des Airbnb, des trains, des avions… Personne n’est épargné.
Et le pire ? Les punaises de lit ne transmettent pas de maladies connues. Leur seul crime, c’est de rendre la vie impossible avec leurs piqûres qui démangent pendant des jours. Mais psychologiquement, c’est l’enfer. Beaucoup de gens deviennent paranoïaques à l’idée de ramener ces intrus chez eux.
Que faire quand on sort d’une salle contaminée ?
Si jamais vous avez vu un film récemment et que vous avez des doutes, voici ce que conseillent les pros :
- Mettez immédiatement vos vêtements à laver à 60 °C minimum
- Passez l’aspirateur sur vos chaussures et votre sac
- Séchez tout au sèche-linge chaud pendant au moins 30 minutes
- Inspectez votre lit et votre chambre les jours suivants
- Évitez de poser vos affaires directement sur le canapé ou le lit en rentrant
Ça peut paraître excessif, mais croyez-moi, quand on a déjà vécu une infestation à la maison, on préfère être trop prudent que pas assez.
Et après ? La réouverture est-elle garantie ?
L’établissement a promis une réouverture dès que les contrôles canins seront concluants. En attendant, les expositions, la bibliothèque et la boutique restent ouvertes. Seules les projections sont à l’arrêt. Ce qui est déjà énorme pour un lieu dont la vocation première est justement de projeter des films.
Ce qui me frappe dans cette histoire, c’est la transparence de l’institution. Plutôt que de minimiser ou de traiter discrètement, elle a choisi la carte de la communication claire et du traitement radical. C’est tout à son honneur, même si ça doit coûter une fortune.
Parce qu’au final, entre préserver son image et protéger ses visiteurs, il valait mieux choisir la seconde option. Même si ça veut dire priver les cinéphiles de leurs séances pendant plusieurs semaines.
Un problème de société qui dépasse le cinéma
Ce qui arrive à la Cinémathèque n’est que la partie visible d’un phénomène bien plus large. Depuis quelques années, les infestations de punaises de lit explosent dans les grandes villes, et Paris est en première ligne. Augmentation des voyages, résistance aux insecticides, commerce d’occasion… Tout concourt à leur prolifération.
Et le plus fou, c’est que personne n’est à blâmer individuellement. Ce n’est pas une question d’hygiène personnelle. Ces insectes voyagent dans les bagages, les vêtements, les meubles. Ils peuvent toucher n’importe qui, n’importe où.
Alors la prochaine fois que vous irez au cinéma, peut-être que vous regarderez votre fauteuil un peu différemment. Et si jamais vous sentez une petite piqûre… eh bien, vous saurez pourquoi.
Mais rassurez-vous : après ce grand ménage de printemps (en hiver), la Cinémathèque devrait retrouver son statut de havre de paix pour les amoureux du cinéma. En attendant, on croise les doigts pour que les chiens renifleurs fassent bien leur travail. Parce que franchement, voir un film culte dans ces conditions, c’est tout sauf reposant.
