Imaginez un peu la scène : il fait un froid mordant, le ciel est bas, la neige menace. Et là, une maman, seule avec ses deux enfants, reçoit une lettre qui lui annonce qu’elle doit quitter le foyer où elle vit depuis des mois. Le 2 janvier. En plein cœur de l’hiver. Franchement, on se dit que ça n’arrive qu’aux autres, et pourtant…
Cette histoire, elle se passe aujourd’hui dans une petite ville de l’Oise, et elle touche tout le monde, les voisins, les parents d’élèves, même les gamins entre eux dans la cour de récré. Parce qu’on parle d’une famille qui s’est intégrée, d’enfants qui vont à l’école comme les nôtres, et qui, d’un coup, risquent de tout perdre.
Quand la trêve hivernale ne protège plus tout le monde
On nous répète chaque année que, du 1er novembre au 31 mars, personne ne peut être expulsé en France. C’est la fameuse trêve hivernale, un dispositif censé éviter que des familles se retrouvent à la rue quand il gèle dehors. Sauf que, petite subtilité juridique, cette règle concerne surtout les locataires classiques. Pour les personnes hébergées en structure d’accueil, c’est une autre paire de manches.
Et c’est exactement là que le bât blesse dans cette affaire. La maman, arrivée d’Angola il y a un peu plus d’un an, a vu ses deux demandes d’asile rejetées. Conséquence : le foyer qui l’hébergeait n’a plus l’obligation légale de la garder. L’association a donc pris les devants et lui a notifié son départ imminent, histoire qu’elle « s’organise ».
S’organiser pour aller où ? C’est la question que tout le monde se pose.
Des enfants parfaitement intégrés, et après ?
Les deux petits sont en CE1 et CE2. Ils ont leurs copains, leurs habitudes, leurs maîtresses qui les connaissent depuis la rentrée. L’aîné commence à comprendre ce qui se passe. Il a dit, avec sa petite voix : « On va perdre nos amis ». Quand on entend ça, on a le cœur serré.
« C’est difficile de voir notre maman triste »
L’aîné, 8-9 ans environ
À l’école, l’ambiance est lourde. La directrice avoue qu’elle ne sait plus quoi répondre à la maman quand elle lui demande de l’aide. Les autres parents parlent entre eux, échangent des regards, certains pleurent presque. Parce que oui, ça pourrait arriver à n’importe qui.
Une mobilisation qui monte, qui monte…
Jeudi après-midi, ils étaient une trentaine devant l’école Jean-Jaurès. Pas des militants professionnels, non. Des parents, des voisins, des gens du quartier. Une pétition tourne, les signatures pleuvent. Tout le monde répète la même phrase, comme un slogan spontané : « On ne met pas une famille dehors en hiver ».
Le maire était là aussi. Il a pris la parole devant les enfants, leur a promis qu’il allait se battre. Pas avec les poings, mais avec des courriers, des rendez-vous, des appels. Il a déjà connu ce genre de situation par le passé dans sa commune, et parfois, ça a marché. Une femme qu’il avait parrainée est devenue médecin. Ça donne espoir.
- Écriture immédiate au préfet pour demander une régularisation exceptionnelle
- Mise en avant de l’intégration réussie des enfants
- Rappel du principe de l’intérêt supérieur de l’enfant
- Mobilisation des associations locales et des parents d’élèves
Le 115, cette solution qui n’en est pas une
L’association qui gère le foyer a bien proposé des pistes : contacter le 115, ou accepter l’aide au retour volontaire avec billet d’avion payé vers l’Angola. Sauf que le 115, tout le monde sait que c’est saturé, surtout en hiver. Et rentrer ? La maman refuse. Elle est partie de là-bas pour protéger ses enfants. Retourner, ça voudrait dire les remettre en danger.
Du coup, on tourne en rond. L’administration suit la règle. Point. Et pendant ce temps, une famille tremble.
Pourquoi cette histoire nous touche autant
J’ai discuté avec plusieurs parents après le rassemblement. Une maman m’a dit, les yeux rougis : « Moi je me mets à sa place. Si demain c’était moi ? » Une autre a ajouté que les enfants de l’école parlent de ça entre eux, qu’ils se demandent si leurs camarades vont disparaître du jour au lendemain.
C’est ça qui est terrible : l’humain derrière les dossiers. On parle de chiffres, de procédures, de déboutés du droit d’asile. Mais en face, il y a des visages, des cartables, des bonnets qui traînent dans la cour de récré.
Et puis il y a cette phrase qui revient sans cesse : l’intérêt supérieur de l’enfant. Il est inscrit dans la Convention internationale des droits de l’enfant, ratifiée par la France. Ces deux petits, scolarisés, francophones, intégrés… est-ce vraiment leur intérêt de tout arracher pour les renvoyer dans un pays qu’ils connaissent à peine ?
Et maintenant ?
Pour l’instant, la famille est toujours au foyer. Le 2 janvier approche à grands pas. Le maire a promis d’écrire au préfet dès la semaine prochaine. Des associations se mobilisent pour trouver un hébergement alternatif. Peut-être qu’un miracle va se produire.
Ou peut-être pas. Et c’est ça qui fait peur.
IAPCe qui est sûr, c’est que cette histoire n’a pas fini de faire parler dans la ville. Et au-delà. Parce qu’elle nous renvoie à nos propres failles, à cette idée qu’on peut être solidaire en paroles, mais que quand il s’agit de passer à l’acte, c’est une autre histoire.
Alors on croise les doigts. Pour cette maman. Pour ses enfants. Pour qu’on leur laisse une chance de continuer leur chemin ici, tranquillement, comme n’importe quelle famille.
Parce qu’en vrai, c’est tout ce qu’ils demandent : un peu de répit, un toit, et la possibilité de voir grandir leurs enfants en paix.
Est-ce vraiment trop demander ?
(Article mis à jour le 12 décembre 2025 – l’histoire est en cours, nous continuerons à suivre les développements)
