Imaginez un club qui a empoché plus de 100 millions d’euros cet été, et qui pourtant se retrouve les mains liées quand arrive le mercato d’hiver. C’est un peu le paradoxe que vit actuellement l’AS Monaco. On pourrait penser que l’argent coule à flots sur le Rocher, mais la réalité est bien plus nuancée. Et franchement, ça rend cette période de transferts particulièrement intéressante à suivre.
Un Mercato Sous le Signe de la Prudence Financière
Le modèle économique monégasque repose depuis des années sur une chose essentielle : la plus-value. Acheter malin, développer les talents, puis vendre au bon moment. Ça a marché à merveille par le passé, avec des opérations juteuses qui ont permis de financer de nouveaux projets. Mais cette fois, même après un été fructueux, le club doit jongler avec une enveloppe limitée. Pourquoi ? Parce que les dépenses courantes, les salaires, les investissements dans les infrastructures pèsent lourd. Et puis, il y a cette fameuse règle du fair-play financier qui veille au grain.
Du coup, avant de rêver à de gros coups, la direction doit d’abord faire entrer de l’argent frais. C’est presque devenu une habitude hivernale pour le club : opportunisme avant tout. Sébastien Pocognoli, le nouvel entraîneur, a beau avoir ses idées bien précises sur les profils qu’il souhaite, il sait qu’il faudra patienter. Ou plutôt, que ses dirigeants devront activer les sorties pour débloquer les arrivées.
Les Postes Prioritaires à Renforcer
Commençons par ce qui manque vraiment dans l’effectif actuel. D’abord, un défenseur central droitier. Pocognoli semble hésiter entre revenir à une défense à trois – son système de prédilection quand il a débuté – ou rester sur la ligne de quatre qui a stabilisé l’équipe récemment. Avec les retours de blessure de certains éléments et la polyvalence de joueurs comme Jordan Teze, il y a du monde derrière. Mais visiblement, l’entraîneur belge veut plus de concurrence et surtout un profil spécifique pour apporter de la solidité.
Ensuite, le milieu de terrain. Avec le départ à la CAN de Lamine Camara et les limites physiques actuelles de Paul Pogba, qui peine à enchaîner, l’ASM manque d’expérience au cœur du jeu. Denis Zakaria reste le patron, mais derrière, les options sont jeunes ou polyvalentes sans être dominantes. Un milieu central expérimenté ferait un bien fou, quelqu’un capable d’apporter du leadership et de la régularité.
Enfin, un élément offensif polyvalent. L’été dernier, le club a recruté Stanis Idumbo sur les ailes, mais le jeune n’a pas encore explosé. Et devant, avec une pointe unique privilégiée par Pocognoli, les options sur les côtés restent limitées. Un joueur capable de dépanner sur plusieurs postes attaquants serait idéal pour apporter de la flexibilité tactique.
- Défenseur central droitier : priorité absolue pour solidifier l’arrière-garde
- Milieu expérimenté : compenser les absences et apporter de la maturité
- Offensif polyvalent : dynamiser les ailes et offrir des solutions variées
Ces trois profils résument bien les besoins. Mais encore une fois, tout dépendra des liquidités disponibles.
Les Joueurs Susceptibles de Faire Entrer de l’Argent
C’est là que ça devient épineux. Parce que pour financer ces renforts, Monaco va devoir se séparer de talents maison. Et pas n’importe lesquels.
Le nom qui revient le plus souvent, c’est évidemment Maghnes Akliouche. À 23 ans, international français, sous contrat jusqu’en 2028, il représente la plus grosse valeur marchande du groupe. Son élégance technique, sa vision du jeu en font un milieu offensif très courtisé. Des clubs anglais, notamment Manchester City, garderaient un œil attentif sur lui. Mais partir en hiver, à six mois de la Coupe du monde ? Risqué pour le joueur. Et pour le club, perdre son métronome en cours de saison serait un pari osé. J’ai l’impression que la direction préférerait attendre l’été pour maximiser la plus-value.
Perdre un joueur aussi créatif au milieu de la saison pourrait déséquilibrer toute l’équipe. C’est un dilemme classique du modèle monégasque.
Autre piste sérieuse : George Ilenikhena. Arrivé pour 18 millions il y a un an et demi, l’attaquant de 19 ans peine à trouver du temps de jeu depuis l’arrivée de Pocognoli. Avec Balogun et Biereth privilégiés en pointe, il n’a presque pas joué en Ligue des champions. L’Allemagne, peut-être Francfort, pourrait lui offrir un projet plus adapté à son profil explosif. Une vente permettrait de récupérer une belle somme tout en libérant de la masse salariale.
Dans les jeunes talents, Lucas Michal et Paris Brunner sont aussi mentionnés. Très courtisés l’été dernier, ils jouent peu et pourraient chercher du temps ailleurs. Idem pour Aladji Bamba, troisième dans la hiérarchie au milieu sous l’ancien coach et encore plus cantonné à la Youth League maintenant. Un prêt ou un transfert définitif pourrait convenir à tout le monde.
Ce qui frappe, c’est la jeunesse de ces profils potentiellement partants. Tous ont entre 19 et 23 ans. C’est le cœur du projet monégasque : former et vendre au pic de valeur. Mais ça pose aussi la question de la continuité sportive. Trop de départs en même temps, et l’équipe risque de perdre en cohésion.
Des Pistes Concrètes ou Juste des Idées ?
Côté arrivées, on parle peu de noms précis. Le club semble attendre de dégraisser avant de passer à l’action. On a entendu parler d’Abdul Koné du Stade de Reims comme possible joker défensif, mais les discussions n’ont pas abouti récemment. Pour l’offensif polyvalent, le jeune Mathys Detourbet de Troyes est évoqué, mais plutôt comme une piste estivale.
L’approche semble claire : opportunités de marché, profils expérimentés à coût raisonnable, ou jeunes à fort potentiel mais accessibles. Rien de clinquant. Monaco ne peut plus se permettre les folies d’antan sans vendre d’abord.
Le Contexte Tactique et Sportif
Il faut aussi comprendre le changement d’entraîneur. Adi Hütter parti, Pocognoli a dû stabiliser une équipe en difficulté. Il a opté pour un 4-2-3-1 plus prudent, avec une seule pointe. Ça a porté ses fruits récemment, mais ça marginalise certains joueurs habitués à d’autres systèmes. D’où les ajustements nécessaires.
Au milieu, sans Camara et avec un Pogba limité, l’équipe manque parfois de liant. Un renfort expérimenté pourrait changer la donne. Derrière, même si les blessés reviennent, la concurrence fait du bien mais un profil droitier spécifique manque pour certaines animations.
Et devant ? Le choix de la pointe unique met la pression sur Balogun et Biereth. Un polyvalent sur les ailes apporterait de la rotation et de l’imprévisibilité. Surtout face à des blocs bas en Ligue 1.
Les Enjeux à Plus Long Terme
Beyond ce mercato, il y a une question plus large. Le modèle monégasque reste-t-il viable dans un football de plus en plus dominé par les pétrodollars et les clubs-États ? Vendre ses meilleurs éléments chaque année permet de rester compétitif financièrement, mais sportivement, c’est un éternel recommencement.
J’ai remarqué que ces dernières saisons, Monaco alterne les périodes fastes et les moments plus compliqués. Quand les ventes sont trop massives, l’équipe met du temps à se reconstruire. Là, avec un nouvel entraîneur et des objectifs européens, la direction marche sur une corde raide.
Ce qui est sûr, c’est que ce mercato hivernal dira beaucoup sur les ambitions réelles du club. Rester ambitieux tout en respectant les contraintes budgétaires, voilà le défi. Et franchement, c’est ce qui rend le football monégasque si passionnant à suivre : jamais tranquille, toujours dans le calcul permanent.
Alors, Akliouche partira-t-il finalement ? Ilenikhena trouvera-t-il un nouveau challenge ? Et ces renforts tant attendus arriveront-ils avant la fin janvier ? Les prochaines semaines promettent d’être animées sur le Rocher. Une chose est certaine : à Monaco, le mercato n’est jamais ennuyeux.
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