Vous êtes-vous déjà demandé comment une tradition née sous le soleil de Provence pouvait prendre racine au cœur de la Normandie ? C’est pourtant ce qui se passe en ce moment à Forges-les-Eaux, petite ville connue pour son casino et ses eaux thérapeutiques. Là, un musée pas comme les autres invite les visiteurs à un voyage inattendu, entre figurines miniatures et douceurs gourmandes de Noël.
Je dois avouer que, quand j’ai entendu parler de ce lieu pour la première fois, j’ai été intrigué. Un musée dédié aux santons dans le nord de la France ? Et qui plus est, proposant de déguster les fameux treize desserts provençaux ? Ça semblait presque trop beau pour être vrai. Pourtant, c’est bien réel, et ça mérite qu’on s’y arrête un peu.
Un musée unique au nord de l’Hexagone
Ouvert il y a tout juste deux ans, ce musée est le seul du genre dans toute la moitié nord du pays. À l’intérieur, ce ne sont pas moins de cinq mille pièces qui attendent les curieux. Des santons, bien sûr, mais aussi des crèches venues des quatre coins du monde. Certaines collections personnelles, d’autres acquises lors de ventes aux enchères, quelques-unes même créées spécialement pour le lieu.
Ce qui frappe d’abord, c’est la diversité. On passe d’une crèche traditionnelle provençale à une autre venue d’un pays lointain, chaque fois avec ses particularités. Les couleurs vives des vêtements, les expressions des visages, les métiers représentés… Tout cela raconte une histoire bien plus large que celle de la Nativité. C’est un véritable tour du monde en miniature.
Une passion familiale devenue musée
Derrière ce projet, il y a un homme et une famille ancrée dans la région depuis des siècles. Descendant d’une lignée installée à Forges-les-Eaux dès le début du XVIIIe siècle, le fondateur n’est pas provençal d’origine. Et pourtant, il a développé une véritable passion pour ces petites figurines en argile.
Comment expliquer cette attirance ? Peut-être par le côté universel de la crèche, cette scène qui parle à tant de cultures différentes. Ou simplement par la beauté du travail artisanal. Toujours est-il que cette passion a pris de l’ampleur au fil des années, jusqu’à devenir ce musée que l’on peut visiter aujourd’hui.
Les gens viennent surtout pour comprendre l’histoire de cette tradition. En une heure et quart de visite guidée, ils découvrent énormément de choses.
Et il y a de quoi apprendre. Des santons signés par de grands artisans aux techniques de fabrication qui demandent parfois une douzaine de moules différents pour une seule figurine. Chaque pièce a son histoire, chaque détail compte.
Des nouveautés pour les fêtes 2025
Cette année, l’équipe du musée a mis les bouchées doubles pour les fêtes. De nouvelles pièces rares font leur apparition. Une crèche datant des années 1930, réalisée en liège et carton. Une autre des années 1960, tout aussi précieuse. Sans oublier une vingtaine de santons provenant d’une célèbre collection du sud de la France.
Le premier étage a été entièrement repensé. Un grand décor montagneux accueille désormais plus de quatre cents personnages. Et puis il y a ces maquettes hippomobiles, sauvées d’un ancien musée et restaurées avec soin. Autant de détails qui font que chaque visite est différente de la précédente.
- Crèche en liège des années 1930
- Exposition de pièces issues d’une vente aux enchères prestigieuse
- Grand massif avec plus de 400 santons
- Maquettes hippomobiles historiques
Franchement, quand on voit le travail accompli en si peu de temps, on ne peut qu’être impressionné. Le musée évolue constamment, comme une collection vivante.
Les treize desserts, star de la fin d’année
Mais le vrai clou du spectacle cette année, c’est sans doute l’expérience gourmande proposée aux visiteurs. Du 20 décembre au 5 janvier, le musée offre à chacun la possibilité de déguster la fameuse table des treize desserts provençaux. Oui, vous avez bien lu : offerts.
Cette tradition, qui remonte à plusieurs siècles, symbolise le partage et l’abondance. Treize desserts, comme les treize convives du dernier repas. Parmi eux, les incontournables quatre mendiants : figues sèches, amandes, noix et raisins secs. Chacun représentant l’ordre religieux des moines mendiants par la couleur de leur robe.
Ensuite viennent la pompe à huile, les nougats blanc et noir, les calissons, les fruits confits, les dattes, les oranges… Une explosion de saveurs et de textures qui clôt traditionnellement le gros souper provençal.
C’est avant tout le symbole du partage. Une tradition pluriséculaire qui mérite d’être transmise.
Ce qui me touche particulièrement, c’est cette volonté de faire vivre une tradition parfois critiquée aujourd’hui, sans jamais tomber dans le prosélytisme. Juste le plaisir de partager un moment, une douceur, une histoire.
Pourquoi les treize desserts fascinent encore
On pourrait se demander pourquoi cette coutume provençale continue de séduire bien au-delà de sa région d’origine. Peut-être parce qu’elle allie gourmandise et symbolique. Ou parce qu’elle incarne une certaine idée du Noël d’antan, plus simple, plus familial.
Il y a aussi cette dimension universelle du partage. Offrir à manger, c’est un geste ancestral. Et quand il s’agit de treize desserts différents, il y en a pour tous les goûts. Les amateurs de fruits secs, ceux qui préfèrent le sucré intense des pâtes de fruits, ou les inconditionnels du nougat.
| Dessert | Symbolique ou particularité |
| Les quatre mendiants | Représentent les ordres religieux |
| Pompe à huile | Doit être rompue, jamais coupée |
| Nougat noir et blanc | Équilibre des saveurs |
| Fruits frais (oranges, pommes) | Abondance de la nature |
| Dattes | Évoquent parfois le Christ |
Et puis, il y a cette règle amusante : il faut goûter à chacun des treize pour porter chance. Une excuse parfaite pour les gourmands, non ?
Une expérience pour toute la famille
Ce qui rend ce musée particulièrement attachant, c’est qu’il s’adresse à tous les âges. Les enfants adorent les petites figurines colorées et les décors détaillés. Les adultes, eux, apprécient le côté historique et culturel. Et pendant les fêtes, des jeux sont organisés avec des lots pour petits et grands.
L’aspect peut-être le plus intéressant reste cette transmission. Voir des familles normandes découvrir une tradition du sud de la France, c’est touchant. Ça rappelle que les coutumes voyagent, s’enrichissent au contact des autres, sans jamais perdre leur âme.
Infos pratiques pour ne rien manquer
Le musée se trouve en plein centre de Forges-les-Eaux, dans une rue calme à deux pas des commerces. Ouvert du mercredi au dimanche, en après-midi. L’entrée est tout à fait raisonnable, avec un tarif réduit pour les enfants.
Et surtout, n’oubliez pas : l’offre des treize desserts est valable seulement jusqu’au 5 janvier. Après, il faudra attendre l’année prochaine pour cette expérience gustative unique dans la région.
Si vous cherchez une sortie originale pendant les vacances de Noël, loin des centres commerciaux bondés, ce musée pourrait bien être la perle rare. Entre découverte culturelle, émerveillement visuel et petite dégustation gourmande, il coche toutes les cases d’une belle après-midi d’hiver.
Personnellement, je trouve que des initiatives comme celle-ci font du bien. Elles rappellent que la culture, c’est aussi du partage, de la curiosité, et parfois… une bonne raison de se régaler. Alors, pourquoi ne pas tenter l’expérience ? Vous pourriez bien être surpris par la magie qui opère quand le Nord rencontre le Sud autour d’une table de Noël.
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