Imaginez deux gamins bretons qui, dès leurs 11 ans, courent après un ballon ovale sur les terrains boueux de Vannes. L’un est petit, rapide comme l’éclair, l’autre grand, costaud, prêt à tout pour protéger son copain. Vingt ans plus tard, ils se retrouvent dans le même vestiaire, sous les couleurs du Stade Rochelais, prêts à défier l’élite du rugby français. C’est l’histoire vraie de Nolann Le Garrec et Matthias Haddad, une amitié qui traverse le temps et les blessures pour redonner un coup de fouet à un club en quête de renaissance.
Le rugby, c’est souvent une affaire de talents individuels, mais quand deux potes d’enfance se retrouvent sur le même terrain, ça change tout. Leur complicité n’est pas un bonus, c’est une force. Et cette saison, alors que La Rochelle traverse une période compliquée en Top 14, leur retour ensemble pourrait bien être le déclic tant attendu.
Une amitié forgée sur les terrains de Bretagne
À Vannes, tout a commencé au Rugby Club local. Nolann, le petit gabarit, jouait déjà ouvreur ou centre, tandis que Matthias, déjà immense pour son âge, assurait la défense comme un rempart. Les rôles ont bougé au fil des années – Nolann est passé à la mêlée, Matthias à la troisième ligne – mais leur connexion, elle, n’a jamais faibli.
J’ai toujours été fasciné par ces duos qui grandissent ensemble dans le rugby. Ils partagent des souvenirs que personne d’autre ne peut comprendre : les premières défaites qui font mal, les victoires qui font vibrer, et même ces anecdotes idiotes qui font rire des années plus tard. Comme cette fois où Nolann a ramené un service à raclette au pôle Espoirs pour calmer l’appétit insatiable de son pote – une bêtise qui leur a valu une exclusion de l’internat !
« Matthias était un peu le garde du corps de Nolann. Il avait toujours faim et un jour Nolann a trouvé la solution : il lui a ramené un service à raclette au pôle Espoir. Ça leur a valu une exclusion de plusieurs jours de l’internat ! »
Un ancien éducateur du duo
Cette anecdote résume parfaitement leur relation : une complicité totale, presque fraternelle. Ils ont grandi ensemble, affronté les mêmes obstacles, et même porté les couleurs de la Bretagne en sélection régionale. Leur chemin a divergé un temps – Nolann au Racing, Matthias directement à La Rochelle – mais le destin les a réunis cet été.
Des parcours différents, un même amour du jeu
Nolann Le Garrec, 23 ans, est un pur produit du rugby breton. Formé à Vannes, repéré très jeune, il a explosé au Racing 92 où il a accumulé les sélections en équipe de France. Sa vitesse, sa vision du jeu et son sang-froid en font l’un des demis de mêlée les plus prometteurs d’Europe. Mais après cinq saisons en Île-de-France, il a choisi de revenir plus près de ses racines, direction La Rochelle.
Matthias Haddad, 24 ans, est un pur Rochelais. Né dans la ville, formé au club, il a connu une ascension fulgurante : champion d’Europe dès sa deuxième saison pro, titulaire indiscutable en troisième ligne. Son physique impressionnant (1m93, 99 kg) et sa technique font de lui un joueur complet, capable de tout faire sur le terrain.
- Nolann : 175 cm, 75 kg – vitesse et précision
- Matthias : 193 cm, 99 kg – puissance et abattage
- Ensemble : une complémentarité naturelle
Leur réunion n’est pas un hasard. L’agent des deux joueurs a facilité les négociations, et Matthias a été le premier à parler de son club à Nolann. Pas de pression, juste des retours sincères sur l’ambiance, le projet, la vie à La Rochelle. Et quand Nolann a signé, ça a fait sourire tout le monde : deux Bretons chez les Maritimes, ça sent bon le renouveau.
Blessures et retour en force
Cette saison n’a pas été de tout repos. Nolann a été touché à la cuisse droite lors de la tournée d’automne avec les Bleus, Matthias aux côtes. Les deux ont manqué plusieurs matchs, laissant un vide dans l’équipe. Mais ce samedi face à Bayonne, ils reviennent ensemble, prêts à démarrer leur cinquième match commun sous le maillot rochelais.
Le timing est parfait. Le Stade Rochelais est 10e du Top 14, en quête de rebond après une phase compliquée. Face à un Aviron Bayonnais en forme (5e), il faudra du caractère. Et qui mieux que ces deux-là pour ramener de la fraîcheur et de la complicité ?
« On n’a pas forcément de codes entre nous mais je connais les qualités de Matthias et il connaît les miennes. Si on a besoin de se dire les choses, on se les dit. C’est la chance d’avoir grandi ensemble. »
Nolann Le Garrec
Leur amitié va au-delà du terrain. Quand Matthias a traversé des moments difficiles avec des blessures à répétition, Nolann était là, au téléphone, pour le pousser à s’accrocher. Et inversement, quand Nolann doutait, Matthias le rassurait. C’est beau, c’est rare, et ça fait du bien dans un monde du rugby souvent impitoyable.
Un tandem qui peut tout changer
Sur le terrain, leur entente est naturelle. Nolann organise le jeu, Matthias nettoie les rucks et porte le ballon. Ensemble, ils forment un duo complémentaire : le cerveau et les muscles, la finesse et la force. Et quand ils sont sur le même terrain, on sent une fluidité particulière.
Les supporters rochelais l’ont déjà vu : ces quelques matchs ensemble ont apporté une énergie nouvelle. Avec leur retour, le staff espère retrouver du liant, de la précision dans les phases de jeu, et surtout cette hargne qui fait la différence dans les gros matchs.
- Retrouver la confiance collective
- Imposer un rythme élevé dès les premières minutes
- Exploiter leur complicité pour créer des décalages
- Terminer la phase aller sur une note positive
- Préparer sereinement les matchs de fêtes
Ce n’est pas magique, mais c’est puissant. L’amitié, quand elle est sincère, peut soulever des montagnes – ou du moins, relancer une saison.
L’héritage breton au service des Maritimes
Le Stade Rochelais a toujours aimé les joueurs de caractère, ceux qui viennent avec une histoire. Nolann et Matthias apportent ça : une culture bretonne faite de travail, de solidarité et de passion. Ils rappellent que le rugby, au fond, c’est aussi une affaire d’hommes et de liens humains.
Je ne sais pas si leur duo va transformer La Rochelle en champion cette année, mais une chose est sûre : leur présence rend le club plus humain, plus attachant. Et dans un Top 14 ultra-compétitif, c’est déjà une victoire.
Alors que le coup d’envoi approche face à Bayonne, une question flotte : et si cette bromance bretonne était la clé pour relancer les Maritimes ? Les prochains matchs nous le diront. Mais une chose est certaine : avec Nolann et Matthias sur le terrain, le rugby redevient une belle histoire.
