Il y a des soirs où tout bascule en quelques secondes. Un pas sur la chaussée, un regard distrait, un réflexe trop tardif… Et puis plus rien. À Pontault-Combault, en cette fin novembre, une femme de 32 ans a vécu le pire cauchemar qu’on puisse imaginer en traversant la rue. percutée de plein fouet, traînée sur le bitume, laissée pour morte alors que la voiture filait dans la nuit. Ce qui choque encore plus ? La conductrice savait où elle avait frappé… et elle est revenue sur place en bus, comme une simple curieuse.
Un accident qui laisse tout un quartier sous le choc
Jeudi 20 novembre, peu avant 19 heures. La nuit tombe déjà sur la Seine-et-Marne. Rue du Plateau, une artère fréquentée de Pontault-Combault, le trafic est dense comme souvent à cette heure-là. Une jeune femme de 32 ans s’engage sur le passage piéton. Les témoins sont formels : elle avait la priorité. Pourtant, une Citroën arrive, la percute violemment au niveau du pare-chocs avant. Le choc est si brutal que la victime est projetée puis traînée sur plusieurs mètres.
Autour, quelques passants hurlent. Certains croient même que la conductrice va s’arrêter. Elle ralentit, oui… pendant deux ou trois secondes. Le temps de réaliser ? Non. Elle réaccélère et disparaît au bout de la rue. Sur le bitume, la piétonne gît inerte. Très vite, les secours comprennent que c’est grave. Traumatisme crânien sévère, hémorragies internes. Son pronostic vital est engagé. Direction l’hôpital en urgence, opération dans la foulée, puis coma artificiel. Aujourd’hui encore, plus d’une semaine après, elle n’a toujours pas repris connaissance.
Une enquête rondement menée par les policiers de Torcy
Quand on parle de délit de fuite, on imagine parfois que l’auteur ne sera jamais retrouvé. Ici, c’est tout l’inverse. Les enquêteurs du commissariat de Torcy se sont littéralement démenés. Plusieurs groupes, entre la brigade accidents et le service judiciaire, ont bossé en parallèle. Vidéosurveillance de la ville, bornes téléphoniques, témoignages croisés… Rien n’a été laissé au hasard.
Et le travail a payé. Très vite, les soupçons se portent sur une habitante de Pontault-Combault même, une femme de 57 ans. Lundi soir, soit dix jours après les faits, elle est interpellée à la sortie de la gare d’Émerainville alors qu’elle rentre du travail. Le genre de moment où on se dit que la routine peut basculer d’un coup.
Elle a été placée en garde à vue immédiatement. Les éléments étaient trop accablants.
À l’issue des 48 heures, direction le parquet de Melun. L’information judiciaire est ouverte pour trois chefs graves : blessures involontaires avec une incapacité totale de travail supérieure à trois mois, délit de fuite, et surtout non-assistance à personne en danger. Des qualifications qui peuvent envoyer derrière les barreaux pour plusieurs années.
« Je n’avais pas compris que j’avais percuté une personne »
C’est la version défendue par la conductrice. Difficile à entendre quand on sait la violence du choc. Pourtant, l’enquête a révélé un détail glaçant : après l’accident, elle est revenue sur les lieux… en bus, avec son compagnon. Comme n’importe quel badaud. Elle a regardé les pompiers s’affairer autour de la victime, toujours au sol. Et elle est repartie chez elle.
Ce qui rend l’histoire encore plus surréaliste, c’est que la conductrice connaissait la mère de la victime. Pas des intimes, mais suffisamment pour que le quartier parle d’une « connaissance de vue ». Autrement dit, ce n’était pas une parfaite inconnue qui gisait sur la chaussée. Alors comment expliquer qu’on reparte sans même descendre de voiture ? La peur ? Le choc ? La version officielle parle d’un « défaut de compréhension » de la situation. Franchement, ça laisse perplexe.
Des sanctions lourdes qui pourraient tomber
Pour l’instant, la conductrice de 57 ans a été mise en examen et placée sous contrôle judiciaire. Pas de prison ferme immédiate, mais des obligations strictes en attendant le jugement. Cela dit, les chefs d’inculpation ne laissent guère de place au doute sur la sévérité à venir.
- Blessures involontaires aggravées : jusqu’à 5 ans de prison et 75 000 € d’amende
- Délit de fuite : jusqu’à 4 ans et 30 000 €
- Non-assistance à personne en danger : jusqu’à 5 ans et 75 000 €
Et si la victime reste dans le coma longtemps ou garde des séquelles définitives, les peines pourraient grimper encore. On parle alors de circonstances aggravantes qui font froid dans le dos.
Un fléau qui ne faiblit pas en Île-de-France
Ce drame n’est malheureusement pas isolé. En Seine-et-Marne comme ailleurs en banlieue parisienne, les accidents graves sur les passages piétons se multiplient. Trop de conducteurs roulent trop vite, regardent leur téléphone, ou tout simplement ne respectent plus les bases du code de la route.
J’ai moi-même failli me faire renverser il y a deux ans à Chelles, sur un passage clouté pourtant bien éclairé. Le mec a freiné à 2 mètres, m’a insulté parce que je « traversais trop lentement ». Ce sentiment d’impunité, on le ressent partout. Et quand ça tourne mal, certains préfèrent fuir plutôt que d’assumer.
Ce qui change peut-être aujourd’hui, c’est la performance des enquêtes. Avec la vidéosurveillance généralisée et les outils numériques dont disposent les policiers, fuir devient de plus en plus compliqué. Et tant mieux. Parce que laisser quelqu’un agonisant sur la chaussée, c’est tout simplement inacceptable.
Et maintenant ?
La victime est toujours dans le coma à l’heure où j’écris ces lignes. Sa famille vit l’enfer, suspendue aux bulletins médicaux. Dans le quartier, on parle beaucoup de cet accident. Certains connaissent la conductrice, d’autres la victime. Tout le monde se pose la même question : comment peut-on repartir comme ça ?
L’enquête, elle, continue. Les policiers cherchent à comprendre le déroulé précis des minutes qui ont suivi le choc. Pourquoi avoir repris la route ? Pourquoi être revenue ensuite en spectatrice ? Les réponses viendront au procès, sans doute dans plusieurs mois.
En attendant, ce fait divers nous rappelle brutalement une chose : derrière chaque statistique d’accident, il y a des vies brisées. Une mère, une fille, une sœur qui traversait simplement la rue pour rentrer chez elle. Et une conductrice qui, en quelques secondes d’inattention ou de panique, a peut-être changé deux existences à jamais.
On croise les doigts pour que la jeune femme de 32 ans se réveille. Et on espère que la justice fera son travail, sans complaisance. Parce que non, on ne peut plus accepter que des vies soient sacrifiées sur l’autel de la peur ou de l’égoïsme.
(Article mis à jour le 28 novembre 2025 – l’état de santé de la victime reste inchangé à ce jour)
