Il y a des soirs où la route semble avaler les vies sans prévenir. Lundi 24 novembre, peu après 21 h 30, sur l’autoroute A15 en direction de Rouen, deux jeunes hommes ont trouvé la mort dans des circonstances qui laissent tout le monde sonné. Leur voiture s’est littéralement désintégrée en percutant l’arrière d’un poids lourd garé sur une aire de repos. Et si, quelques minutes plus tôt, cette même voiture avait semé un équipage de police lancé à ses trousses ?
J’ai lu les premiers témoignages et, franchement, ça glace le sang. Un automobiliste qui passait par là juste après l’impact raconte que la voiture « était réduite de moitié ». Le choc a été si violent que les secours ont mis plus de quatre heures à désincarcérer les corps. Deux vies fauchées en quelques secondes. Deux familles détruites avant même Noël.
Une soirée qui bascule en quelques minutes
Tout commence un peu plus tôt dans la soirée, du côté de la Patte-d’Oie d’Herblay. Un équipage de police remarque une Citroën DS3 qui roule tous feux éteints en pleine nuit. Rien d’anormal à vouloir contrôler un véhicule dans ces conditions, surtout sur une zone connue pour ses sorties un peu chaudes le soir.
Les agents allument le gyrophare, font signe de se ranger. Réaction immédiate : la petite voiture accélère, zigzague entre les voies et s’engage sur l’A15 à une vitesse folle. Les policiers, conscients du danger, décident très vite de ne pas engager une poursuite à haut risque. Pluie fine, visibilité réduite, trafic encore dense : ils laissent filer.
« On préfère abandonner plutôt que de provoquer un drame plus grand », expliquera plus tard un fonctionnaire habitué de ce genre de situation.
Ils font demi-tour, reprennent leur patrouille. Et puis, quelques kilomètres plus loin, le message radio tombe : accident grave sur l’aire Esso de Pierrelaye. Quand ils arrivent sur place, la scène est apocalyptique.
Un choc d’une rare violence
Le poids lourd était pourtant bien visible, stationné à l’entrée de l’aire, feux de position allumés. Mais la DS3, lancée à une allure que l’enquête tentera de déterminer précisément, n’a jamais freiné. Elle a percuté l’angle arrière gauche de la remorque, côté conducteur, avec une force telle que l’avant du véhicule a été littéralement raboté.
Abdel, un routier qui s’était arrêté pour prendre un café, a tout vu de loin. Il tremblait encore en racontant la scène le lendemain :
« J’ai entendu un bruit énorme, comme une explosion. Quand je suis sorti, j’ai vu la voiture… enfin, ce qu’il en restait. C’était plié comme une canette écrasée. J’ai tout de suite compris que c’était fini pour eux. »
Abdel, témoin direct
Les pompiers ont déployé des moyens considérables : quatre engins, une douzaine d’hommes, des heures de désincarcération. Les deux occupants étaient déjà en arrêt cardio-respiratoire à l’arrivée des premiers secours. Le médecin du Smur n’a pu que constater le décès.
La même voiture ? L’enquête en cours
Officiellement, rien n’est encore confirmé. Mais les similitudes sont troublantes : même modèle de véhicule, même couleur sombre, même secteur, même créneau horaire. Les enquêteurs de la CRS autoroutière passent actuellement les images de vidéosurveillance au peigne fin et analysent les débris pour lever le doute.
Ce qui est sûr, c’est que la décision des policiers d’abandonner la poursuite a probablement évité un accident encore plus grave sur l’autoroute elle-même. Paradoxalement, c’est en arrêtant de courir que le drame a eu lieu.
L’A15, une autoroute sous tension permanente
Ce n’est pas la première fois que cette portion d’autoroute fait parler d’elle. Entre les bouchons monstres à la Patte-d’Oie d’Herblay, l’éclairage souvent défaillant et les nombreuses aires de repos mal agencées, les élus locaux tirent la sonnette d’alarme depuis des années.
- Des tronçons encore plongés dans le noir complet la nuit
- Des entrées et sorties d’aires de repos mal signalées
- Une vitesse souvent excessive malgré les 110 km/h réglementaires
- Des camions garés parfois trop près des voies de circulation
Et pourtant, les projets d’éclairage ou de réaménagement traînent. Comme si, tant qu’il n’y a pas de morts, rien ne presse. Sauf que là, il y en a deux. Deux de trop.
Fuir la police : jusqu’où ça peut mener ?
Je ne vais pas jouer les moralistes à deux balles, mais quand même. Refuser un contrôle, OK, ça arrive. Prendre la fuite à 200 km/h de nuit tous feux éteints, là on passe dans une autre dimension. Peur du retrait de permis ? Marchandise interdite ? Alcool ou stupéfiants ? On ne saura peut-être jamais ce qui a poussé ces jeunes à appuyer comme des fous sur l’accélérateur.
Ce qui est certain, c’est que la fuite se termine rarement bien. Les statistiques sont implacables : en France, plusieurs dizaines de personnes meurent chaque année en tentant d’échapper aux forces de l’ordre. Conducteurs, passagers, parfois même des innocents percutés sur le trajet.
« On voit ça presque toutes les semaines. Et à chaque fois, c’est la même chose : ils pensent qu’ils vont s’en sortir, et puis… » Un policier expérimenté, sous couvert d’anonymat.
Et maintenant ?
L’enquête va durer plusieurs mois. Analyses toxicologiques, reconstitution, expertise mécanique… Tout sera passé au crible. Mais au-delà des responsabilités pénales éventuelles (homicide involontaire ? mise en danger ?), il y a surtout deux familles qui doivent organiser des obsèques. Deux cercueils blancs, probablement. Deux vies qui s’arrêtent à peine commencées.
Sur les réseaux, les commentaires pleuvent déjà : « Ils l’ont cherché », « La police aurait dû les poursuivre », « C’est la faute à l’autoroute mal éclairée »… Comme toujours, chacun y va de son avis tranché. Moi, je n’ai pas de réponse toute faite. Juste une immense tristesse et cette question qui tourne en boucle : à quel moment a-t-on oublié que la route ne pardonne rien ?
Reposez en paix, les gars. Et que ce drame, au moins, serve à quelque chose. Peut-être à faire réfléchir le prochain qui sera tenté de jouer sa vie sur un coup de panique.
(Article mis à jour le 26 novembre 2025 – l’enquête est toujours en cours)
