Vous êtes-vous déjà demandé à quel point on pouvait se sentir en sécurité en traversant la rue sur un passage piéton ? Ce matin-là, à Colombes, un homme ordinaire a probablement posé la même question… quelques secondes avant que tout bascule.
Il était un peu plus de 7 heures, ce 26 novembre 2025. L’heure où la ville se réveille doucement, où les travailleurs pressés filent vers le métro ou la gare. Boulevard Charles-de-Gaulle, un piéton engage son pas sur les bandes blanches. Rien d’anormal. Sauf qu’un scooter arrive à vive allure. Le choc est violent, inévitable. Et ce qui aurait pu n’être qu’un accident de circulation classique va rapidement prendre une tournée beaucoup plus sombre.
Un accident qui aurait pu arriver n’importe où… mais qui laisse des questions
Quand on habite en banlieue parisienne, on connaît ce genre de boulevard : large, fréquenté, avec des feux, des passages protégés. On se dit que c’est plutôt sécurisé. Et pourtant. En une fraction de seconde, un deux-roues motorisé a fauché un homme qui n’avait rien demandé à personne.
Le bilan est lourd, très lourd. Fracture ouverte du crâne, coma artificiel, transport en urgence absolue vers l’hôpital Beaujon. À l’heure où j’écris ces lignes, le pronostic vital reste engagé. On parle d’un homme entre la vie et la mort simplement parce qu’il traversait la rue au mauvais moment.
Le déroulement précis du drame
Reconstituons les faits tels qu’ils ont été rapportés par les premiers témoins et les forces de l’ordre.
- Vers 7h05, un scooter de grosse cylindrée (125 cm³) circule boulevard Charles-de-Gaulle direction sud.
- Un piéton s’engage sur le passage protégé, probablement au feu vert piéton.
- Pour une raison encore indéterminée – vitesse excessive ? inattention ? téléphone ? – le pilote ne freine pas à temps.
- Impact frontal. Les deux personnes sont projetées au sol.
- Le conducteur se relève, sonné, avec des douleurs à l’épaule et au coude.
- Le piéton, lui, reste inanimé.
Jusqu’ici, c’est un accident grave mais malheureusement banal dans une grande agglomération. Ce qui va suivre, en revanche, sort de l’ordinaire.
L’élément le plus troublant : la disparition du scooter
Imaginez la scène. Les témoins appellent les secours. Les pompiers et le Samu sont en route. Et là, avant même que la police n’arrive, plusieurs personnes se présentent sur les lieux. Elles disent être de la famille ou des proches du conducteur. Et devinez quoi ? Elles repartent avec le scooter.
Oui, vous avez bien lu. Le deux-roues, pièce maîtresse de l’enquête, n’est plus là quand les forces de l’ordre débarquent. Évanoui dans la nature. Ou plutôt dans le garage de quelqu’un, on imagine.
Ce genre de comportement complique terriblement le travail des enquêteurs. Sans le véhicule, impossible d’analyser les freins, la vitesse, l’état technique…
Un policier expérimenté en accidentologie routière
Heureusement – si l’on peut dire –, les caméras de vidéosurveillance de la ville ont tout filmé. Les images existent. Elles permettront sans doute d’éclaircir les circonstances exactes et, espérons-le, d’identifier précisément les personnes qui ont emporté le scooter.
Le conducteur interpellé, mais l’enquête ne fait que commencer
Le pilote, blessé mais conscient, a été transporté à l’hôpital militaire Percy. À la sortie des soins, il a été placé en garde à vue. À l’heure actuelle, on ignore s’il a reconnu les faits, s’il explique pourquoi le scooter a été enlevé, ou s’il conteste la version des témoins.
Ce que l’on sait, en revanche, c’est que l’enquête pour blessures involontaires avec ITT supérieure à 3 mois et potentiellement délit de fuite (même si le conducteur est resté sur place, le fait d’avoir fait disparaître la preuve principale peut être assimilé) est ouverte. Le parquet de Nanterre suit le dossier de près.
La sécurité des passages piétons, encore et toujours
Franchement, combien de fois va-t-on encore répéter que les passages piétons ne sont pas des options ? Combien de drames faudra-t-il pour que certains conducteurs de deux-roues (et pas que) comprennent que slalomer entre les voitures à 70 km/h en ville, c’est jouer à la roulette russe avec la vie des autres ?
J’habite moi-même en Île-de-France. Je traverse tous les jours. Et je peux vous dire que voir un scooter vous frôler à pleine vitesse alors que vous êtes en plein sur les clous, ça fait froid dans le dos. Ce n’est pas une impression. Les chiffres parlent : les piétons représentent près de 30 % des tués sur la route en zone urbaine.
Et quand on ajoute la disparition du véhicule, on touche à quelque chose de plus profond : une forme d’impunité perçue. Comme si certains pensaient que faire disparaître la preuve pouvait effacer la gravité des faits. C’est effrayant.
Que risque réellement le conducteur ?
Petit rappel juridique, parce que c’est important de savoir.
- Blessures involontaires avec incapacité supérieure à 3 mois : jusqu’à 3 ans de prison et 45 000 € d’amende.
- Si aggravation avec circonstances (vitesse, alcool, stupéfiants…) : jusqu’à 5 ans et 75 000 €.
- Délit de fuite ou soustraction de preuve : jusqu’à 3 ans supplémentaires.
- Suspension ou annulation du permis (même pour un deux-roues).
- Obligation de rembourser les soins de la victime via l’assurance… ou personnellement si non assuré.
Et surtout, il y a la dimension humaine. Une famille qui attend des nouvelles dans un couloir d’hôpital. Un pronostic qui reste incertain. Ça, aucune peine de prison ne pourra l’effacer.
Et maintenant ?
L’enquête va se poursuivre avec l’exploitation des vidéos, les auditions, les expertises médicales. On saura sans doute dans les prochains jours si le scooter a été retrouvé, s’il présentait des défaillances, si le conducteur était en infraction caractérisée.
En attendant, ce drame nous rappelle une chose simple et brutale : la route n’est pas un jeu. Ni pour les piétons, ni pour les conducteurs. Un moment d’inattention, une vitesse excessive, une priorité non respectée… et c’est la vie de quelqu’un qui bascule.
Prenez soin de vous sur la route. Ralentissez. Regardez. Respectez. Parce que derrière chaque passage clouté, il y a peut-être quelqu’un qui rentre juste chez lui après une garde de nuit, ou qui va chercher ses enfants à l’école.
Et parfois, il n’y a pas de deuxième chance.
(Article mis à jour en fonction des éléments disponibles au 26 novembre 2025 – l’enquête est en cours)
