Imaginez un village paisible, niché dans la campagne sarthoise, soudainement secoué par un crime d’une violence inouïe. C’était il y a trente ans, à Thorigné-sur-Dué, où une famille entière a été massacrée. Depuis, l’affaire Dany Leprince hante les esprits, divise les opinions et défie la justice. Condamné à la perpétuité pour le meurtre de son frère, de sa belle-sœur et de deux de ses nièces, Dany Leprince clame son innocence avec une obstination qui force le respect. Et si la vérité avait été enfouie sous des témoignages contradictoires et une enquête bâclée ? Aujourd’hui, une audience cruciale pourrait tout changer, en pointant du doigt une figure centrale : son ex-épouse.
Un Drame qui Défie le Temps
Le 4 septembre 1994, la petite commune de Thorigné-sur-Dué bascule dans l’horreur. Christian Leprince, sa femme Brigitte, et deux de leurs filles, Sandra (10 ans) et Audrey (6 ans), sont retrouvés morts, sauvagement assassinés à l’arme blanche. Seule la cadette, Solène, âgée de 2 ans, échappe au carnage, indemne dans son lit. La scène, macabre, témoigne d’une rage presque inhumaine : du sang sur les murs, des corps mutilés, une feuille de boucher comme arme présumée. Rapidement, l’enquête se tourne vers un proche, Dany Leprince, frère de Christian et voisin immédiat. Mais trente ans plus tard, l’affaire reste une énigme.
« Cette affaire, c’est un puzzle dont des pièces manquent encore. »
– Un observateur judiciaire
Pourquoi cette affaire continue-t-elle de fasciner ? Peut-être parce qu’elle incarne les failles d’un système judiciaire sous pression, ou parce que l’ombre du doute plane toujours. Moi, personnellement, je trouve que c’est l’entêtement de Dany Leprince à clamer son innocence qui rend cette histoire si captivante. Et maintenant, une nouvelle audience à Angers, prévue pour septembre 2025, pourrait enfin faire basculer la vérité.
Retour sur un Crime Hors Norme
Revenons à cette nuit fatidique de 1994. Dans une maison isolée, à quelques mètres seulement de celle de Dany Leprince, un massacre se déroule. Les victimes sont tuées avec une violence extrême : Christian subit treize coups à la nuque, Brigitte est mutilée dans la cuisine, et les fillettes ne sont pas épargnées. L’enquête, confiée à la gendarmerie d’Angers, s’oriente vite vers un différend familial. Dany, agriculteur endetté, devient le suspect idéal. Une reconnaissance de dettes de 10 000 francs envers son frère, retrouvée bien en évidence, est interprétée comme le mobile.
Mais les preuves matérielles manquent. Aucun ADN de Dany n’est retrouvé sur la scène de crime. Une empreinte de chaussure, incompatible avec sa pointure, intrigue. Pourtant, après 46 heures de garde à vue, Dany avoue le meurtre de son frère – et seulement de son frère – avant de se rétracter. Ses accusateurs ? Sa femme d’alors, Martine Compain, et leur fille aînée, Célia, dont les témoignages, pleins de contradictions, varient au fil des interrogatoires.
- Témoignages instables : Martine change de version à quatre reprises, passant de « je n’ai rien vu » à des accusations directes contre Dany.
- Absence de preuves : Aucun ADN ni empreinte reliant Dany au crime.
- Enquête rapide : Bouclée en cinq jours, elle est critiquée pour son manque de rigueur.
En 1997, malgré ces failles, Dany est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, avec 22 ans de sûreté. À l’époque, aucun procès en appel n’est possible – une aberration corrigée en 2000. Depuis, il n’a cessé de crier son innocence, soutenu par des proches et des avocats déterminés.
Martine Compain : L’Ombre du Soupçon
Au cœur de l’audience de septembre 2025 à Angers, une question brûle les lèvres : Martine Compain, l’ex-épouse de Dany, est-elle impliquée ? Depuis trois décennies, elle vit avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, comme elle l’a elle-même exprimé lors d’une audition en 2024. Ses déclarations, souvent floues, parfois troublantes, alimentent les doutes. Lors d’une expertise psychiatrique, elle aurait lâché : « J’ai peut-être tué, je ne sais pas, je ne m’en souviens pas. » Une phrase qui, pour Dany, sonne comme un aveu.
« Ses propos sont un électrochoc. Comment peut-on dire ça sans que la justice creuse davantage ? »
– Un proche de l’affaire
En avril 2024, Martine est placée sous le statut de témoin assisté, un entre-deux entre simple témoin et mise en examen. Le parquet du Mans, convaincu de la nécessité d’approfondir, requiert sa mise en examen pour complicité de meurtre. Mais la juge refuse, estimant les indices insuffisants. L’appel de cette décision, examiné à Angers, pourrait renverser la donne. Si Martine était mise en examen, ce serait un séisme judiciaire, suggérant une erreur colossale dans l’enquête initiale.
J’avoue, cette incertitude me laisse perplexe. Comment une enquête aussi médiatisée a-t-elle pu ignorer des contradictions si flagrantes ? Les témoignages de Martine et Célia, qui accusent Dany après avoir affirmé n’avoir rien vu, soulèvent plus de questions qu’ils n’apportent de réponses.
Un Couteau Jaune au Cœur du Mystère
Un nouvel élément, révélé en 2025, pourrait tout changer : un couteau jaune, appartenant à Martine Compain, retrouvé dans sa buanderie. Une expertise suisse, demandée par les avocats de Dany, conclut à une forte probabilité que l’ADN d’Audrey, l’une des victimes, soit mélangé à celui de Martine sur la lame. Cet objet, saisi dès 1995, n’avait pas été pleinement analysé à l’époque. Aujourd’hui, il devient un pivot dans la quête de vérité.
Les avocats de Martine, eux, contestent. Ils qualifient cette expertise de « privée » et « sans incidence », arguant que la présence de son ADN sur son propre couteau n’a rien d’anormal. Mais l’ADN d’Audrey ? Ça, c’est une autre histoire. Comment expliquer qu’une victime, tuée à dix mètres de là, laisse une trace sur cet objet ?
| Élément | Description | Impact |
| Couteau jaune | Objet saisi chez Martine Compain | ADN d’Audrey détecté, possible arme du crime |
| Témoignages | Déclarations de Martine et Célia | Contradictions majeures, crédibilité douteuse |
| Absence d’ADN | Aucune trace de Dany sur la scène | Renforce le doute sur sa culpabilité |
Ce couteau, c’est comme une pièce de puzzle qui ne trouve sa place que trente ans plus tard. Si l’audience d’Angers valide son importance, elle pourrait ouvrir la voie à une révision du procès de Dany, voire à une accusation contre Martine.
La Bataille pour la Révision
Depuis sa condamnation, Dany Leprince n’a jamais baissé les bras. Libéré sous conditions en 2012, il vit aujourd’hui à Marmande avec sa nouvelle épouse, Anie, tout en poursuivant son combat. Sa première demande de révision, en 2006, avait suscité l’espoir : la commission de révision, convaincue par de nouveaux éléments, ordonne sa libération provisoire en 2010. Mais en 2011, la Cour de révision rejette la demande, le renvoyant derrière les barreaux. Un coup dur.
En 2021, une nouvelle requête est déposée, portée par son avocat, Me Olivier Morice. En janvier 2025, la commission d’instruction juge cette requête recevable, s’appuyant sur deux éléments clés :
- Les déclarations de Célia : Les enquêteurs estiment désormais qu’elle n’a pas pu voir ce qu’elle prétend, rendant son témoignage « difficilement crédible ».
- Les propos de Solène : À l’époque, la fillette de 2 ans aurait été mal interprétée. Les experts psychiatres confirment qu’elle n’a subi aucun traumatisme, contredisant l’idée qu’elle aurait vu Dany commettre les meurtres.
Ces éléments, combinés au couteau jaune, renforcent l’idée d’une erreur judiciaire. Mais rien n’est gagné. La Cour de révision, qui examinera le dossier dans les mois à venir, pourrait encore rejeter la demande. Dany, prudent, le sait : « Le combat n’est pas terminé. »
Et Si la Justice s’Était Trompée ?
L’affaire Leprince, c’est l’histoire d’une justice qui a peut-être couru trop vite. Une enquête bouclée en cinq jours, des scellés détruits, des témoignages bancals, et un accusé sans preuves matérielles contre lui. À l’époque, la pression médiatique était énorme. Personne ne voulait d’une « nouvelle affaire Grégory », comme l’a souligné un protagoniste du dossier. Mais à quel prix ?
Pour moi, ce qui choque, c’est l’absence de remise en question pendant si longtemps. Comment a-t-on pu condamner un homme sur des bases aussi fragiles ? Les récents développements, comme l’expertise du couteau, montrent que la vérité est peut-être ailleurs. Et si Martine Compain, jamais inquiétée jusqu’à récemment, détenait des réponses ?
« La justice doit parfois admettre ses erreurs pour avancer. »
– Un avocat spécialisé en révisions
L’audience d’Angers, en septembre 2025, ne concerne pas directement Dany, mais elle pourrait avoir un impact colossal. Si Martine est mise en examen, cela renforcerait la thèse d’une erreur judiciaire. Sinon, Dany devra continuer à porter le poids d’une condamnation qu’il juge injuste.
Les Enjeux d’un Nouveau Procès
Un nouveau procès pour Dany Leprince serait historique. Ce serait la neuvième fois en France qu’une révision aboutit, un événement rare. Mais au-delà de l’aspect juridique, c’est une question de justice humaine. Dany, aujourd’hui âgé de 68 ans, ne cherche pas seulement à être blanchi, mais à ce que les vrais coupables soient identifiés. « Je veux qu’on retrouve l’assassin de ma famille », a-t-il déclaré récemment.
Pour Solène, la seule survivante, aujourd’hui adulte, l’enjeu est aussi personnel. Elle soutient Dany et espère un procès qui éclaircira ce qu’elle a vécu, enfant, dans cette maison ensanglantée. Les contradictions dans les témoignages de Martine et Célia, l’absence de preuves contre Dany, et les nouveaux indices pointant vers le couteau jaune pourraient enfin permettre de lever le voile.
Mais la justice, parfois, est lente. Trop lente, diront certains. Si la Cour de révision accepte un nouveau procès, il pourrait ne pas se tenir avant 2026. Et même alors, rien ne garantit une issue favorable pour Dany. L’histoire nous a appris à rester prudents.
Un Symbole d’Erreur Judiciaire ?
L’affaire Dany Leprince pourrait devenir un symbole. Comme l’affaire Seznec ou l’affaire Outreau, elle met en lumière les failles d’un système judiciaire sous pression. Les scellés détruits, comme ce bouton violet retrouvé près d’une victime, ou le couteau de boucher marqué « Leprince » égaré, sont des erreurs impardonnables. Elles rappellent que la justice n’est pas infaillible.
Ce qui me frappe, c’est la résilience de Dany. Dix-huit ans de prison, une condamnation à perpétuité, et pourtant, il continue. À Marmande, loin des projecteurs, il épluche son dossier, cherche des témoignages, refuse d’abandonner. Cette détermination, c’est presque un défi lancé à la justice : « Prouvez que vous pouvez corriger vos erreurs. »
L’audience d’Angers, en septembre 2025, n’est qu’une étape. Mais elle pourrait être décisive. Si Martine Compain est mise en examen, ou si la Cour de révision accepte un nouveau procès, l’affaire Leprince pourrait enfin révéler ses secrets. Sinon, le doute persistera, comme une blessure ouverte dans l’histoire judiciaire française.
Et Après ?
Alors, que nous réserve l’avenir ? L’audience d’Angers pourrait soit refermer ce chapitre, soit ouvrir une nouvelle page. Pour Dany, pour Solène, pour tous ceux qui suivent cette affaire, l’enjeu est clair : la vérité. Mais la vérité, dans une affaire aussi complexe, est-elle encore accessible ? Les scellés disparus, les témoignages altérés par le temps, les mémoires floues… Tout semble conspirer pour maintenir le mystère.
Pourtant, je veux croire qu’il reste une chance. Une chance que la justice, même tardivement, fasse son travail. Que ce couteau jaune, que ces contradictions, que cette ténacité de Dany mènent à quelque chose. Parce qu’au fond, au-delà des faits, c’est une histoire humaine. Une histoire de douleur, de doute, et d’espoir.
« La vérité finit toujours par se frayer un chemin, même après trente ans. »
– Un commentateur anonyme
Et vous, que pensez-vous ? Dany Leprince est-il victime d’une erreur judiciaire, ou la justice a-t-elle vu juste en 1997 ? L’audience d’Angers nous rapprochera-t-elle de la vérité ? Une chose est sûre : cette affaire n’a pas fini de faire parler.
