Imaginez : vous roulez tranquillement, le compteur affiche 77 km/h, et soudain, un flash. Une infraction banale, pensez-vous. Sauf que, quelques semaines plus tard, une amende de 95 000 euros atterrit dans votre boîte aux lettres. C’est ce qui est arrivé à un Français résidant en Suisse, une histoire qui m’a fait écarquiller les yeux. Comment une simple entorse au code de la route peut-elle coûter aussi cher ? La réponse réside dans un système judiciaire unique, où votre portefeuille dicte la sanction autant que votre faute.
Quand la Fortune Dicte l’Amende
Dans certains pays, une amende pour excès de vitesse est une formalité : une somme fixe, quelques points en moins sur le permis, et on passe à autre chose. Mais en Suisse, c’est une tout autre affaire. Là-bas, les autorités ne plaisantent pas avec les infractions routières, surtout quand elles impliquent des conducteurs fortunés. Ce Français, flashé à 77 km/h dans une zone limitée à 50 km/h, a découvert à ses dépens un système où la justice pèse votre compte en banque avant de rendre son verdict.
Ce n’est pas une simple anecdote de radar. Ce cas, survenu à Lausanne en août 2024, illustre une particularité du système helvétique : les amendes sont calculées en fonction des revenus et de la fortune du contrevenant. Résultat ? Une infraction qui coûterait quelques centaines d’euros à un salarié lambda peut se transformer en une facture à six chiffres pour un multimillionnaire. Fascinant, non ? Mais aussi un peu déroutant.
Un Système d’Amendes Proportionnelles
En Suisse, tout repose sur le concept du jour-amende. Ce mécanisme, inscrit dans l’article 34 du Code pénal suisse, ajuste le montant des sanctions en fonction de la situation financière du contrevenant. Concrètement, un juge évalue vos revenus, votre fortune, votre train de vie, et même vos obligations familiales pour déterminer combien vous devrez payer par jour d’amende. Ensuite, il multiplie ce montant par un nombre de jours correspondant à la gravité de l’infraction.
Le montant du jour-amende est fixé selon la situation personnelle et économique de l’auteur au moment du jugement.
– Extrait du Code pénal suisse
Dans le cas de notre conducteur, les autorités ont estimé que son jour-amende s’élevait à environ 2 100 euros. Multiplié par 40 jours, cela donne une somme colossale de 84 000 euros, à laquelle s’ajoute une sanction immédiate de 10 600 euros. Total : 95 000 euros. Ce n’est pas une faute de frappe, c’est la réalité d’un système qui ne fait pas de cadeaux aux plus aisés.
J’avoue, en découvrant ce montant, j’ai dû relire plusieurs fois pour y croire. Cela soulève une question : est-ce juste de punir plus sévèrement ceux qui ont plus ? D’un côté, ça semble logique : une amende de 200 euros n’a pas le même impact sur un millionnaire que sur une personne au salaire modeste. De l’autre, ça peut donner l’impression que la justice a deux poids, deux mesures.
Un Récidiviste dans le Viseur
Ce qui rend cette affaire encore plus croustillante, c’est que notre automobiliste n’en était pas à son premier rodéo. Il y a huit ans, il avait déjà été épinglé pour un excès de vitesse jugé grave. À l’époque, il avait écopé d’une amende de 60 000 euros, assortie d’un sursis de deux ans, plus une pénalité immédiate de 10 000 euros. Visiblement, la leçon n’a pas suffi, car le voilà de nouveau flashé, et la facture est encore plus salée.
La récidive joue un rôle clé dans cette affaire. En Suisse, les antécédents judiciaires aggravent la sanction, surtout si l’infraction précédente est similaire. Les autorités ont donc décidé de frapper fort, avec un sursis de trois ans cette fois-ci. Si le conducteur recommence, il risque de payer bien plus que de l’argent : une suspension de permis ou même une peine de prison pourraient être envisagées.
- Récidive : Un facteur aggravant qui alourdit la sanction.
- Sursis : Une période de trois ans pour se tenir à carreau.
- Fortune : Une richesse qui transforme une amende en jackpot pour l’État.
Ce système peut sembler impitoyable, mais il a une logique implacable. En adaptant les sanctions à la capacité financière, la Suisse s’assure que l’amende fasse mal, peu importe votre compte en banque. Mais je me demande : est-ce que ça dissuade vraiment les comportements dangereux, ou est-ce juste une manne financière pour l’État ?
Comparaison avec la France : Un Monde d’Écart
Pour mettre les choses en perspective, jetons un œil à la France. Chez nous, un excès de vitesse de 27 km/h dans une zone à 50 km/h vous coûterait une amende forfaitaire de 135 euros, avec une possible perte de points sur le permis. Même pour un grand excès de vitesse (plus de 50 km/h), le maximum est de 1 500 euros, et 3 750 euros en cas de récidive. La différence avec la Suisse est abyssale.
| Pays | Excès de vitesse (27 km/h) | Amende maximale |
| France | Excès de moins de 30 km/h | 135 € |
| Suisse | Excès de moins de 30 km/h | Jusqu’à 95 000 € (selon revenus) |
Ce tableau parle de lui-même. En France, les amendes sont fixes, standardisées, et ne tiennent pas compte de votre situation financière. C’est simple, mais est-ce équitable ? Si une amende représente une goutte d’eau pour un millionnaire, quel effet dissuasif peut-elle avoir ? À l’inverse, le système suisse semble taillé pour faire réfléchir même les plus fortunés.
Personnellement, je trouve l’approche suisse intrigante, mais elle soulève des questions éthiques. Pourquoi punir plus lourdement quelqu’un qui a réussi financièrement ? Cela ne donne-t-il pas l’impression que la justice est plus clémente avec les moins riches ? C’est un débat qui mérite d’être creusé.
Un Système Qui Fait Débat
Le système des jours-amendes n’est pas propre à la Suisse, mais son application y est particulièrement rigoureuse. D’autres pays, comme la Finlande, utilisent des mécanismes similaires, avec des résultats parfois tout aussi spectaculaires. Par exemple, en 2002, un cadre d’une grande entreprise finlandaise avait écopé d’une amende de 116 000 euros pour un excès de vitesse. Ces cas font les gros titres, mais ils interrogent aussi sur l’équité de la justice.
Une amende doit être dissuasive, pas punitive. Mais où est la limite ?
– Expert en droit pénal
Certains estiment que ce système est un modèle d’équité : pourquoi une sanction devrait-elle être indolore pour les plus riches ? D’autres y voient une forme de discrimination, où la fortune devient un facteur aggravant. Et vous, qu’en pensez-vous ? Si vous deviez choisir, préféreriez-vous un système fixe comme en France, ou un modèle proportionnel comme en Suisse ?
Ce qui me frappe, c’est la transparence du processus suisse. Les juges doivent justifier leurs calculs, en tenant compte de critères précis comme le revenu, la fortune, et même le minimum vital (ce qu’il faut pour vivre décemment). Cela évite les abus, mais ça n’empêche pas les montants de faire tourner la tête.
Les Limites du Système Suisse
Malgré ses mérites, le système suisse n’est pas sans failles. D’abord, il repose sur une évaluation parfois subjective de la situation financière. Comment estimer précisément la fortune d’un multimillionnaire, surtout s’il possède des actifs à l’étranger ? Ensuite, il y a la question de la dissuasion. Une amende de 95 000 euros est certes impressionnante, mais pour quelqu’un figurant parmi les 300 personnes les plus riches de Suisse, est-ce vraiment un frein ?
Autre point : la récidive. Si ce conducteur a récidivé malgré une première amende de 60 000 euros, peut-on vraiment dire que le système fonctionne ? Peut-être que la solution ne réside pas seulement dans des sanctions financières, mais dans des mesures plus coercitives, comme la suspension du permis ou des campagnes de sensibilisation plus efficaces.
- Évaluation financière : Déterminer la fortune exacte peut être complexe.
- Dissuasion : Les amendes, même élevées, ne suffisent pas toujours.
- Alternatives : Faut-il envisager d’autres sanctions pour les récidivistes ?
Je me demande si ce système ne pourrait pas être affiné. Par exemple, pourquoi ne pas combiner des amendes proportionnelles avec des peines complémentaires, comme des travaux d’intérêt général pour les récidivistes ? Cela pourrait renforcer l’impact dissuasif tout en envoyant un message clair : personne n’échappe à la loi, peu importe son compte en banque.
Et Si la France Adoptait Ce Système ?
Imaginons un instant que la France décide d’adopter le modèle suisse. Que se passerait-il ? D’un côté, les amendes deviendraient plus équitables, dans le sens où elles auraient un impact réel sur tout le monde, riches comme moins riches. D’un autre côté, cela pourrait créer des tensions. Les plus fortunés crieraient à l’injustice, tandis que d’autres applaudiraient une justice plus égalitaire.
Ce qui est sûr, c’est que les caisses de l’État se frotteraient les mains. Imaginez une star du football ou un PDG flashé à 77 km/h, contraint de payer des dizaines de milliers d’euros. Les recettes des radars pourraient grimper en flèche ! Mais à quel prix ? Le risque serait de transformer la justice en une machine à cash, au détriment de son rôle premier : protéger et éduquer.
La justice doit être juste, pas vénale.
– Observateur du système judiciaire
En France, le débat sur les amendes proportionnelles refait surface de temps à autre, mais il se heurte à une réalité : notre système est ancré dans l’idée d’une sanction universelle. Changer cela demanderait une réforme profonde, et probablement des années de débats. En attendant, les radars continuent de flasher, et les amendes restent les mêmes pour tous. Est-ce une force ou une faiblesse ? À vous de juger.
Une Leçon à Retenir
Cette histoire d’amende à 95 000 euros est bien plus qu’un fait divers. Elle nous pousse à réfléchir sur la nature de la justice, l’équité des sanctions, et la manière dont nos sociétés punissent les infractions. En Suisse, la richesse ne vous protège pas des radars, bien au contraire. Elle vous expose à des sanctions qui font mal, même quand on a des millions en banque.
Pour notre automobiliste, cette mésaventure est un rappel coûteux : respecter les limites de vitesse, c’est non seulement une question de sécurité, mais aussi de portefeuille. Et pour nous, c’est une occasion de s’interroger : un système qui adapte les amendes à la fortune est-il la clé d’une justice plus juste, ou une porte ouverte à des dérives ?
En attendant, une chose est sûre : la prochaine fois que je roulerai en Suisse, je vérifierai deux fois mon compteur. Et vous, ça vous inspire quoi ?
