Vous est-il déjà arrivé de flâner dans un marché de Noël, verre de vin chaud à la main, et de vous dire que, malgré les sourires et les guirlandes, quelque chose de sombre pourrait se cacher juste à côté ? À Strasbourg, cette impression a brutalement pris corps il y a quelques jours.
Des agents qui taillaient tranquillement les buissons ont fait une découverte qui glace le sang : un pistolet en parfait état de fonctionnement et plusieurs munitions, dissimulés à peine à une centaine de mètres du très fréquenté « village de l’Avent », dans le quartier de la Petite France. Difficile de faire plus proche du cœur battant des fêtes.
Une trouvaille qui tombe au pire moment
Le marché de Noël de Strasbourg, c’est un peu le Saint-Graal des marchés alsaciens. L’année dernière, il a battu tous les records avec plus de 3,4 millions de visiteurs. Allemands, Américains, Espagnols, Japonais… tout le monde veut sa photo devant la grande sapin de la place Kléber. Et cette année, l’affluence s’annonce encore plus folle.
Alors forcément, quand on apprend qu’une arme chargée traînait dans un buisson à deux pas des chalets, on se pose des questions. Beaucoup de questions.
Que sait-on précisément de cette arme ?
L’arme n’est pas sortie de nulle part. Les premiers éléments de l’enquête permettent de remonter jusqu’à un vol commis en 2022 chez un particulier passionné de tir sportif. Un pistolet déclaré, enregistré, qui avait disparu il y a trois ans. Et le voilà qui resurgit maintenant, comme par hasard, au moment où la ville entière est en effervescence.
Le plus troublant ? Il était opérationnel. Chargeur garni, prêt à l’emploi. On ne parle pas d’un vieux jouet rouillé, mais d’une arme qui aurait pu faire très mal si elle était tombée entre de mauvaises mains – ou si elle y était déjà.
Quand on trouve une arme comme ça, en plein cœur d’une zone ultra-fréquentée, on ne peut pas se contenter de hausser les épaules. Il y a forcément une intention derrière.
Un observateur habitué des questions de sécurité intérieure
Un lieu symbolique, une période sous tension
Il y a des dates qu’on n’oublie pas. Le 11 décembre 2018 en fait partie. Ce soir-là, un individu armé avait semé la terreur dans les rues de Strasbourg, tuant cinq personnes et en blessant grièvement onze autres avant d’être neutralisé deux jours plus tard. Depuis, chaque ouverture du marché de Noël est un exercice d’équilibriste entre magie des fêtes et vigilance maximale.
Des milliers de militaires, de policiers, de vigiles. Des barrages filtrants, des sacs fouillés, des patrouilles à cheval, des tireurs d’élite sur les toits. Tout ça, on le sait. Mais une arme qui passe entre les mailles du filet et finit dans un buisson à quelques mètres des visiteurs, ça fait froid dans le dos.
Est-ce un oubli ? Un message ? Une tentative avortée ? Pour l’instant, personne n’a de réponse définitive. L’enquête, confiée à la police judiciaire, avance à grands pas, mais le silence reste de mise.
Les scénarios possibles (et ceux qu’on préfère éviter)
On peut toujours spéculer – avec prudence. Voici les hypothèses qui reviennent le plus souvent dans les couloirs des services de renseignement :
- Un règlement de comptes local qui aurait mal tourné et laissé l’arme sur place dans la panique.
- Une personne qui projetait quelque chose et qui, face au dispositif sécuritaire, a préféré abandonner son matériel.
- Un « dépôt » temporaire en attendant un passage de main à main, interrompu par l’arrivée inopinée des agents d’entretien.
- Ou plus simplement… une coïncidence malheureuse. Mais franchement, qui y croit vraiment ?
Ce qui est sûr, c’est que la découverte a immédiatement déclenché un renforcement discret mais visible des effectifs. Les patrouilles à pied sont plus nombreuses dans la Petite France, les contrôles aléatoires se multiplient, et les drones surveillent le ciel nocturne un peu plus longtemps.
Comment la ville vit-elle ça, en coulisses ?
Officiellement, on rassure. « Il n’y a pas de menace caractérisée », répète-t-on en boucle. Les élus locaux insistent : le marché reste un lieu sûr, familial, joyeux. Et c’est vrai que l’ambiance, sur place, reste incroyablement chaleureuse. Les enfants courent entre les chalets, les touristes mitraillent le grand sapin, les odeurs de cannelle et de pain d’épices emplissent l’air.
Mais dans les conversations à voix basse, entre deux verres de vin chaud, on sent la crispation. Les Strasbourgeoises et les Strasbourgeois ont encore en mémoire les images de 2018. Personne n’a envie de revivre ça. Jamais.
Certains commerçants, eux, avouent serrer un peu plus fort leurs enfants le soir en rentrant. D’autres disent qu’ils ont renforcé leurs propres caméras de surveillance. La peur est là, tapie, même si on fait bonne figure.
Et nous, visiteurs, que doit-on en penser ?
J’ai passé plusieurs soirées sur le marché ces derniers jours. Franchement ? L’ambiance est toujours aussi magique. Les lumières, les chants, les rires… tout y est. Mais il y a ce petit quelque chose en plus maintenant. Une vigilance accrue. On regarde un peu plus autour de soi. On se surprend à observer les sacs abandonnés deux secondes de trop.
Est-ce que ça doit nous empêcher d’y aller ? Clairement non. Le risque zéro n’existe nulle part, et Strasbourg fait déjà partie des villes les mieux protégées d’Europe pendant cette période. Mais cette découverte rappelle une chose simple : derrière la féérie, il y a des femmes et des hommes qui veillent, parfois dans l’ombre, pour que tout reste sous contrôle.
Alors oui, on continuera à venir. On continuera à acheter des bredalas, à écouter les chorales, à prendre des selfies devant la cathédrale illuminée. Parce que céder à la peur, ce serait déjà un peu perdre.
Mais on gardera aussi en tête que, parfois, à quelques mètres seulement de la magie de Noël, la réalité peut reprendre ses droits. Brutalement.
L’enquête nous dira sans doute bientôt si cette arme était un épiphénomène ou le signe d’autre chose. En attendant, le marché continue. Les lumières brillent. Et Strasbourg, plus que jamais, montre qu’elle sait allier féérie et vigilance.
Prenez soin de vous là-bas. Et gardez un peu les yeux ouverts. Juste ce qu’il faut.
