Imaginez la scène : il pleut dru sur Washington, les rues sont presque désertes en cette fin novembre 2025. À deux pas de la Maison Blanche, deux militaires de la Garde nationale discutent tranquillement. Et puis, sans crier gare, des coups de feu. Deux soldats à terre, grièvement blessés. Le tireur ? Un homme de 29 ans, père de cinq enfants, qui a autrefois risqué sa vie aux côtés des Américains en Afghanistan. L’histoire semble sortie d’un thriller, et pourtant elle est bien réelle. Elle nous renvoie en pleine figure la complexité du monde dans lequel on vit.
Une attaque qui glace le sang au cœur du pouvoir américain
Mercredi soir, vers 20 h 30, le calme habituel du quartier présidentiel est brisé net. Plusieurs détonations retentissent. Deux membres de la Garde nationale, en mission de routine près du périmètre de sécurité, s’effondrent. Touchés à la poitrine et aux jambes, leur pronostic vital est engagé dans un premier temps. Les forces de l’ordre bouclent le secteur en quelques minutes. Le suspect, lui, est rapidement maîtrisé – blessé par les tirs de riposte, il est évacué sous bonne garde vers un hôpital.
Très vite, les autorités parlent d’un tireur solitaire. Pas de complices repérés, pas de revendication immédiate. Juste un homme seul avec une arme et, apparemment, une colère froide.
Qui est vraiment Rahmanullah Lakanwal ?
Né dans la province de Khost, à l’est de l’Afghanistan – une région où les talibans ont toujours eu une forte influence –, il a grandi dans un contexte de guerre permanente. À l’adolescence déjà, il choisit son camp : celui des forces gouvernementales afghanes, puis celui des Américains quand les forces spéciales débarquent.
Pendant plusieurs années, il travaille comme interprète et auxiliaire auprès des unités US. Certains parlent même d’une collaboration étroite avec des agences de renseignement. Il risque sa vie quotidiennement. Quand Kaboul tombe en août 2021, il fait partie de ces milliers d’Afghans que Washington promet de protéger.
« Je n’arrive toujours pas à y croire. Il a servi avec nous, il a sauvé des vies de soldats américains. »
Un proche cité par les médias américains
En septembre 2021, il pose le pied sur le sol américain dans le cadre de l’opération Allies Welcome, ce vaste pont aérien organisé dans l’urgence. Direction l’État de Washington, la ville de Bellingham, où il s’installe avec sa femme et ses cinq enfants. Il trouve un emploi – on parle d’Amazon, sans confirmation officielle – et dépose une demande d’asile en décembre 2024. Celle-ci est acceptée en avril 2025, quelques mois seulement après le retour de Donald Trump au pouvoir.
Son casier judiciaire est vierge. Aucun signalement connu. Aux yeux de l’administration, c’est un dossier classique parmi des dizaines de milliers d’autres.
Le traumatisme invisible des anciens alliés afghans
Et c’est là que l’histoire devient troublante. Car Rahmanullah Lakanwal n’est pas un cas isolé. Des milliers d’interprètes et collaborateurs afghans souffrent de stress post-traumatique sévère depuis leur arrivée. Certains ont tout perdu : famille restée au pays, statut social, repères. Aux États-Unis, beaucoup galèrent avec la barrière de la langue, les emplois précaires, le regard parfois méfiant des voisins.
J’ai lu des témoignages déchirants d’anciens interprètes qui disent se sentir abandonnés. Promis à une vie meilleure, ils se retrouvent parfois à enchaîner les petits boulots, loin de l’image héroïque qu’on leur avait vendue. Le choc culturel est brutal. Et pour certains, la santé mentale craque sans que personne ne le voie venir.
- Syndrome de stress post-traumatique non diagnostiqué
- Difficultés d’intégration économique et sociale
- Sentiment d’abandon par les autorités américaines
- Pression familiale (souvent très nombreuses)
- Regard suspicieux d’une partie de la population
Est-ce que c’est ce qui s’est passé ici ? On n’en sait rien encore. Mais la question mérite d’être posée, sans angélisme ni caricature.
La réaction immédiate de l’administration Trump
Moins de deux heures après les faits, Donald Trump prend la parole. Le ton est martial :
« Nous allons expulser tout étranger qui n’a pas sa place ici. Point final. »
La secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, enfonce le clou sur les réseaux : elle rappelle que le suspect est arrivé sous l’administration précédente et promet un réexamen systématique des dossiers Allies Welcome.
En quelques heures, le drame devient un argument politique massif. Les républicains les plus durs parlent déjà de « trahison » et de « vetting défaillant ». Les démocrates, eux, appellent à la prudence et pointent le risque de stigmatisation de toute une communauté.
Franchement, on sent que ce fait divers va peser lourd dans les mois à venir. On parle déjà d’un possible durcissement législatif sur l’immigration afghane et les visas humanitaires.
Et maintenant ? Les questions qui restent en suspens
À l’heure où j’écris ces lignes, l’enquête est encore en cours. Les autorités cherchent à comprendre le mobile. S’agit-il :
- D’un geste terroriste planifié ? (aucun élément pour l’instant)
- D’un coup de folie lié à un trauma ?
- D’un règlement de comptes personnel ?
- D’une radicalisation tardive ?
Rien ne filtre. Le suspect, toujours hospitalisé et sous surveillance, n’a pas encore été longuement interrogé.
Ce qui est sûr, c’est que cet événement rouvre en grand le débat sur la gestion du retrait afghan de 2021 et sur l’accueil des anciens collaborateurs. Des milliers de vies sauvées, oui. Mais à quel prix psychologique ? Et avec quelle prise en charge réelle une fois sur le sol américain ?
Je ne vais pas vous vendre une conclusion toute faite. Ce genre d’histoire est toujours plus nuancée que les titres choc. Un homme a tiré. Deux soldats luttent pour leur vie. Une famille est brisée. Et un pays tout entier se regarde dans le miroir, mal à l’aise.
Une chose est certaine : on n’a pas fini d’en parler.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Cet événement va-t-il changer la politique d’immigration américaine ? Ou est-ce un drame isolé qu’on va vite oublier ? Je suis curieux de lire vos avis en commentaire (dans le respect, bien sûr).
