Imaginez la scène. On est le mercredi après-midi, veille de Thanksgiving. Les Américains commencent à souffler, les rues de Washington se vident doucement avant le grand week-end familial. Et là, à deux pas de la Maison Blanche, le bruit sec de plusieurs coups de feu déchire le calme. Deux soldats de la Garde nationale s’effondrent. Le choc est total.
Ce n’est pas un film. C’est arrivé hier, 26 novembre 2025. Et l’histoire derrière cette attaque est bien plus lourde qu’un simple fait divers.
Un après-midi qui bascule en quelques secondes
Il est un peu plus de 14 heures. Les deux militaires, envoyés par la Virginie-Occidentale pour renforcer la sécurité dans la capitale, patrouillent dans une zone ultra-sensible. Soudain, un homme sort une arme de sa poche et tire presque à bout portant. Le premier soldat est touché. Le second tente de réagir, mais il est atteint à son tour.
Les témoins décrivent une scène surréaliste : des cris, des gens qui courent, puis d’autres détonations. L’assaillant est finalement maîtrisé sur place. Lui aussi finit à l’hôpital, blessé on ne sait encore exactement comment. Les deux soldats, eux, sont entre la vie et la mort. Leur gouverneur d’État avait d’abord annoncé leur décès – information démentie quelques heures plus tard. Le genre de cafouillage qui montre à quel point tout le monde était sous le choc.
Qui est l’homme arrêté ?
Le suspect s’appelle Rahmanullah Lakanwal. Il a 29 ans. Et surtout, il est arrivé aux États-Unis en 2021, dans les bagages de l’armée américaine, lors du retrait chaotique d’Afghanistan. À l’époque, des dizaines de milliers d’Afghans qui avaient collaboré avec les forces occidentales ont été exfiltrés via l’opération « Allies Welcome ».
Il avait d’abord atterri sur la côte ouest, dans l’État de Washington – ironie du sort pour quelqu’un qui finira par frapper la capitale fédérale. Sa demande d’asile définitive n’a été déposée qu’en décembre 2024. Entre-temps, il a traversé le pays pour s’installer sur la côte est. Pourquoi ? Comment ? Les enquêteurs creusent encore.
On nous avait promis que ces personnes étaient vérifiées, triées sur le volet. Visiblement, il y a eu des failles énormes.
Cette phrase, on l’entend partout depuis hier soir. Et elle résume assez bien la colère qui monte.
La Garde nationale, une présence qui divisait déjà
Pour comprendre pourquoi des soldats patrouillaient en plein Washington, il faut remonter plusieurs mois en arrière. L’administration Trump a décidé de déployer la Garde nationale dans plusieurs grandes villes dirigées par des maires démocrates. Objectif officiel : lutter contre la criminalité. Objectif officieux, selon beaucoup d’observateurs : envoyer un message politique clair.
Le sujet est explosif. Des juges ont même bloqué temporairement certains déploiements – dont celui de Washington, avant que le gouvernement ne fasse appel. Hier encore, des associations de vétérans dénonçaient cette « militarisation » des rues américaines.
- Déploiement contesté devant les tribunaux
- Accusations de manoeuvre politique
- Menaces clairement identifiées par le commandement
- Appels répétés à retirer les troupes des villes
Et là, le drame. Comme une terrible confirmation des pires craintes.
Les menaces étaient connues… et documentées
Ce qui rend l’affaire encore plus glaçante, c’est qu’on savait. Vraiment. Des documents internes, révélés il y a à peine quelques jours, alertaient déjà sur un « environnement de menaces accru » autour de ces soldats déployés en ville.
Des acteurs motivés par des griefs personnels ou inspirés par des organisations terroristes étrangères pourraient voir cette mission comme une cible d’opportunité.
– Extrait d’une directive interne aux troupes
Un soldat confiera même aux journalistes : « Je savais que ça finirait par arriver. » Difficile de faire plus prémonitoire.
On apprend aussi que des groupes de vétérans avaient publié un communiqué quelques heures seulement avant l’attaque pour demander la fin immédiate de ces déploiements. Le timing est terrible.
La réaction immédiate et musclée de Donald Trump
Le président n’a pas attendu. Depuis la Floride, où il passait Thanksgiving, il a pris la parole dans la soirée. Ton grave, colère froide.
Il a qualifié l’attaque d’« acte maléfique », de « crime contre notre nation entière ». Et il n’a pas mâché ses mots contre l’administration précédente : c’est elle qui a ramené cet individu en 2021, lors du retrait afghan.
Ses annonces ont été immédiates et radicales :
- Réexamen complet du statut de tous les Afghans rapatriés via l’opération Allies Welcome
- Déploiement de 500 soldats supplémentaires dans les rues de Washington
- Promesse de sanctions sévères contre quiconque aurait failli dans le processus de vérification
En clair : on resserre la vis. Fort. Et tout de suite.
Un débat qui va durer des mois, voire des années
Ce qui s’est passé hier ne va pas s’éteindre avec l’arrestation du suspect. Au contraire. C’est une bombe à retardement politique et sociétale.
D’un côté, ceux qui disent : « On vous l’avait bien dit. Le retrait afghan a été une catastrophe humanitaire et sécuritaire. » De l’autre, ceux qui rappellent que des milliers d’interprètes, de collaborateurs afghans risquaient la mort en restant là-bas – et qu’on ne pouvait pas tous les abandonner.
Mais là, on touche au cœur du problème : comment trier ? Comment être sûr à 100 % ? Et surtout, quand un drame arrive, qui porte la responsabilité ?
J’ai suivi le retrait afghan en 2021. Les images de l’aéroport de Kaboul, les gens qui s’accrochaient aux avions… On savait déjà que le chaos allait laisser des traces durables. Quatre ans plus tard, on en paie peut-être le prix le plus cruel.
Et maintenant ?
Les deux soldats luttent toujours pour leur vie ce matin. L’enquête avance à grands pas – le suspect est en garde à vue, les premiers éléments sur son parcours et ses motivations commencent à filtrer.
Mais au-delà des détails techniques, c’est tout un pays qui retient son souffle. Parce que cette attaque touche à plusieurs nerfs ultrasensibles en même temps : l’immigration, la sécurité nationale, le rôle de l’armée sur le sol américain, les séquelles de vingt ans de guerre en Afghanistan.
Une chose est sûre : les prochaines semaines vont être rudes. Les débats vont être passionnés, parfois violents. Et chaque camp va essayer de récupérer cette tragédie à son avantage.
Moi, ce que je retiens surtout, c’est l’image de ces deux soldats qui faisaient simplement leur boulot, dans une rue qu’ils pensaient sûre, à quelques mètres du siège du pouvoir américain. Et qui se sont retrouvés au cœur d’un cauchemar que personne n’aurait dû vivre.
Thanksgiving 2025 aura un goût particulièrement amer pour beaucoup d’Américains. Et pour nous tous qui suivons cette actualité de loin, une question lancinante : jusqu’où ira cette spirale ?
(Article mis à jour le 27 novembre 2025 à 11h30 – suivi en continu)
